«À Florence, j’appris à faire la différence entre l’art des artisans, qui était d’un grand raffinement et l’art des artistes, dans lequel se reflétait autre chose : le génie, l’exception, la nouveauté. » Jean-Christophe Rufin

Florence est le berceau incontesté de la Renaissance italienne et attire chaque année une foule de touristes venus du monde entier pour admirer ses merveilleuses églises, ses somptueux palais et ses musées, qui la rendent unique au monde.

La fondation de Florence date de l’époque romaine, mais elle était déjà occupée à l’époque préhistorique comme le prouve certaines découvertes. Dans la partie la plus ancienne de la ville, on peut voir les traces de cette occupation romaine, lorsque le site était une colonie de César. Pour se défendre, la ville fut bâtie à l’intérieur de la confluence de deux fleuves: l’Arno et le Mugnone, où s’étaient établies les premières populations.

De plan rectangulaire, elle était enfermée à l’intérieur de murs, d’une longueur de 1800 mètres. L’espace délimité, comme toutes les villes fondées par les romains, se caractérise par des rues droites qui se croisent à angle droit. Les deux routes principales conduisent à 4 portes et se rejoignent sur une place centrale, l’Urbis del Forum, aujourd’hui Piazza della Reppublica. À cette époque, l’Arno ne se trouvait pas à l’intérieur des murs de la ville; c’était un port fluvial, qui représentait une infrastructure très importante pour la ville car à l’époque romaine le fleuve était navigable depuis son embouchure jusqu’à son confluent l’Affrico, en amont de Florence. Le premier pont de l’histoire de Florence a été construit près du Ponte Vecchio, vers le premier siècle après J.C.
Les premiers indices de la naissance de la religion chrétienne parlent du culte du doyen Lorenzo et de la Sainte palestinienne, Félicita. Toutefois, les florentins ne semblaient pas avoir d’évêque avant la fin du IIIe siècle.

Le Baptistère et le Duomo

Vers la fin du XVIIIe siècle, Florence, comme les autres villes de Toscane et d’Ombrie, décida. Le baptistère saint Jean-Baptiste, le saint patron de la ville depuis le haut Moyen Age. Cet édifice de la fin du XIe siècle et du début du XIIe siècle, contemporain de San Miniato, partage avec cette église un plan géométrique et un décor vert et blanc similaires. Bien qu’il fût construit par-dessus un baptistère chrétien plus ancien, les premiers Florentins y voyaient un édifice romain, le temple de Mars. Dès le XIIe siècle, l’entretien de l’édifice fut confié à l’Arte di Calimala, la corporation composée de laïcs, et non de prêtres ou de moines, fut chargée du financement et de l’entretien d’édifices religieux de la ville. Les monuments religieux étaient alors une responsabilité civique.

Alors que Florence comptait plus de cinquante églises paroissiales, tous les enfants étaient conduits au baptistère pour ce qui était, en fait, un double baptême, celui de chrétien et de Florentin. À partir de 1336, les familles pénétraient dans l’édifice, face à la cathédrale, par les magnifiques nouvelles portes en bronze d’Andrea Pisano, dont les panneaux en relief représentaient la vie de saint Jean Baptiste. Les parents savaient que leur enfant pouvait compter parmi les cinquante pour cent d’enfants qui mouraient dans l’enfance, et la grande mosaïque de la coupole représentant le Jugement dernier exécutée au XIIIe siècle et au début du XIVe, rappelait à la fois le don et la fragilité de la vie humaine.

Le Baptistère et le Doumo

La cathédrale, ou Duomo élevé en face du baptistère était le théâtre des cérémonies religieuses les plus importantes de la ville. Commencée en 1296, elle fut conçue comme la plus belle et plus honorable église de Toscane, défi à peine voilé lancé aux cathédrales des villes voisines de Sienne et de Pise. Censée pouvoir contenir toute la population de la ville, Santa Maria del Fiore, se dresse sur le site d’une église plus ancienne, beaucoup plus petite, Santa Réparât. L’immense espace de la nouvelle cathédrale abritait, au-delà du culte, toutes sortes de transactions et des conversations. Arnolfo di Cambio fut le premier d’une série d’architectes chargés des travaux de construction, qui s’étendirent sur près de cent quarante ans. Les disputes et les coopérations ponctuèrent son histoire. En 1366-1367 fut prise la plus importante de toutes les décisions: intégrer une quatrième travée dans la nef et chœur octogonal, qui nécessitait un dôme d’environ quarante-deux mètres de diamètre, soit la largeur du dôme du Panthéon à Rome, mais qui se situait à une hauteur bien plus importante que ce projet ait pu se prolonger dans la seconde moitié du XIVe siècle est le premier fait remarquable, étant donne la crise financière que traversait Florence.

La façade du Duomo ne fut jamais achevée; les quelques sculptures faites par Arnolfo, Donatello et d’autres, un siècle plus tard, n’étaient qu’un commencement. La première tâche était manifestement de couvrir l’espace abritant les objets saints, et d’ériger un campanile. Ce dernier pourrait avoir été conçu au départ par Giotto, à l’imitation du campanile de Pise.

Le baptistère, le Duomo et le campanile, avec l’espace environnant règlementé constituait le centre religieux de Florence, C’est espace avait pu voir le jour grâce aux impôts municipaux, dont la source ultime était les banques et le commerce.

Ponte Vecchio

Ponte Vecchio

Le ponte Vecchio, le plus ancien de la ville, existait déjà avant le Xe siècle. Reconstruit en 1345, il fut enrichi de boutiques et de maisonnettes louées par l’Etat. Les bijoutiers qui occupent les lieux aujourd’hui ont pris la place des bouchers et des poissonniers, dont la présence sur le ponte Vecchio était indésirable aux Médicis. Le couloir au-dessus des maisons remonte en revanche au XVIe siècle.

Les crues du fleuve détruisaient régulièrement les ouvrages d’art jusqu’à la construction en 1345 d’un pont entièrement en pierre ce qui permit l’installation d’échoppes.

En 1593, incommodé par les odeurs qui montaient des boutiques (bouchers – poissonniers – tanneurs) lorsqu’il empruntait le corridor de Vasari (il s’agit du passage protégé que les Médicis empruntaient pour rejoindre le palais Pitti depuis le palazzo Vecchio), Ferdinand Ier n’y autorisa plus que les arts nobles – (bijoutiers – orfèvres) – toujours en activité actuellement. Au milieu du pont une placette offre une vue magnifique sur l’Arno et les ponts qui le traversent.

Le palais de la Seigneurie

Vers la fin du XVIIIe siècle, Florence, comme les autres villes de Toscane et d’Ombrie, décida de construire un nouvel hôtel de la ville, pour surpasser celui Sienne. Ce nouveau palais de la Seigneurie, Palazzo della Signoria, alliait les fonctions de bureaux administratifs, de salle des fêtes municipale, d’armurerie, et de résidence des huit prieurs qui constituaient la Signoria, principale instance gouvernementale de la ville, pendant leurs deux mois de fonction. Le bâtiment ressemble à une forteresse, de laquelle s’élève une tour de plus de quatre-vingt-dix mètres de haut, symbole de la suprématie de la ville, d’où retentissaient les cloches convoquant le peuple aux réunions publiques.

Torre d’Arnolfo

À certains égards, l’extérieur de l’édifice était aussi important que l’intérieur. Pour créer la piazza, il fallut raser les maisons de la famille Uberti, qui avait été chassée de la ville. Peu de temps près l’achèvement de la dernière partie de l’édifice, on construisit sur le devant la tribune, ou l’on recevait les délégations diplomatiques et les visiteurs de marque, en scrutant chacun de leur geste pour voir s’ils respectaient le protocole. De 1376 à 1382, une immense loggia, a trois arches, fut érigée pour offrir une scène couverte encore plus magnifique aux cérémonies et aux débats, sous le regard lointain des sept Vertus sculptées. Ce grandiose édifice s’inspirait des ruines de la basilique de Constantin à Rome, qu’on considérait à l’époque comme un temple de paix.

La Loggia della Signoria

La Loggia della Signoria, appelée plus tard la Loggia dei Lanzi, également due à la garde des mercenaires allemands (lanzichenecchi) qui était en poste ici au XVIe siècle, fut construit au XIVe siècle par l’œuvre de Simone di Francesco Talenti, Lorenzo di Filippo et Benci di Cione. La Loggia a été utilisé à l’origine pour loger à l’intérieur des réunions publiques populaires et les cérémonies officielles de la République florentine, en présence de peuple, tels que la prise de possession de la Seigneurie. La Loggia est située sur la Piazza della Signoria.

Au XIVe siècle remot  les quatre tables avec des figures allégoriques des vertus théologales et cardinales (1383-1386), œuvre d’Agnolo Gaddi et placées en correspondance dans les colonnes des arcades. À partir de XVIe siècle, sous l’impulsion des Médicis, la Loggia était destinée à accueillir des chefs-d’œuvre de sculpture, devenant l’un des premiers lieux d’exposition dans le monde.

La Loggia della Signoria

Au XVIe siècle, la Loggia a été utilisée par les grands-ducs pour la fête des « Omaggi » des villes soumises à Florence et abritaient les statues de Judith et Holopherne (1455-1460) par Donatello (aujourd’hui au Palazzo Vecchio), le Persée (1545-1554) par Benvenuto Cellini, et l’Enlèvement des Sabines (1581-1583) par Jean de Bologne (Giambologna). En 1583, Bernardo Buontalenti créée le haut de la Loggia, une terrasse-jardin à l’usage des grands-ducs, terrasse, qui aujourd’hui fait partie du bar du musée des Offices.

Le David de Michel- Ange

Le David

C’est une œuvre unique, marquant le passage de l’ancien au nouveau. Une fois sa Pietà achevée en 1499, Michel-Ange retourna bientôt à Florence où il reçut en 1501 la commande qui confirma suprématie artistique. Le gigantesque David fut rapidement achevé en 1504 et installé à l’extérieur de l’entrée du palais de la Seigneurie, où il devait rester jusqu’à ce qu’il fut remplacé par une copie en 1873. Quelque quarante ans plus tard, Giorgio Vasari n’avait aucun doute sur l’importance artistique de la statue ni sur sa signification politique lorsqu’il écrivait que David: « avait défendu son peuple et gouverne avec justice » et que « les gens au pouvoir devraient de même défendre la cité et la gouverner dans la justice ». Il estimait également que cette statue était devenue « plus célèbre en vérité que toutes les statues anciennes ou modernes, grecques ou romaines ». Il faut un effort de volonté pour aborder le David et le replacer dans son contexte historique, pour se souvenir que la place où il se tient n’est pas celle qu’il a occupée pendant quatre siècles, qui n’était pas elle-même non plus sa destination première. Lorsque Michel-Ange entreprit le David, il avait sans doute plusieurs choses en tête. L’une était peut-être le genre de message politique que Vasari attacha par la suite à la sculpture. Une autre était la tradition des statues représentant David, notamment celles de Donatello et de Verrocchio.

Place de la République

Elle fut créée à la fin du XIXe siècle dans le cadre d’un projet ambitieux visant à redévelopper le centre historique de Florence. L’Arcone, un arc de triomphe, en constitue le monument le plus impressionnant.

Durant l’ère romaine, du temps où la ville était connue sous le nom de Florentia, le forum romain, cœur politique et économique de la ville, était situé sur cette place par la suite, au moyen-âge, cette zone accueillit le marché alimentaire de la ville. Une halle marchande, le Mercato Vecchio, y fut construite au XIVe siècle.

En 1865, Florence devint la capitale du royaume d’Italie, fondé seulement quatre ans auparavant. De grands projets virent le jour afin de rebâtir la ville historique pour en faire une ville nouvelle, digne d’une Italie unifiée et moderne. Ces projets incluaient des places publiques, de grands boulevards ainsi que des bâtiments monumentaux. Les anciennes bâtisses historiques, considérées comme des symboles d’une Italie vétuste et divisée, furent démolies en 1871, Rome devint la nouvelle capitale de l’Italie, ce qui n’empêcha pas Florence de poursuivre ses plans malgré tout. La démolition du centre historique, l’une des zones les plus densément peuplées de la ville, débuta en 1885.

Peu de temps après, une campagne internationale fut lancée afin de protester contre ce projet qui la destruction de la plupart des bâtiments historiques de la ville. Cible de l’indignation de l’opinion publique à travers l’Europe, la ville commença à manquer de financements, ce qui mit un frein au projet de redéveloppement. Entretemps, l’ancien ghetto et le Mercato Vecchio avaient déjà été rasés et remplacés par une grande place, la Piazza della Repubblica.

Elle crée un contraste intéressant avec l’environnement historique qu’elle côtoie, entre les allées étroites et les bâtiments vieux de plusieurs siècles.

La Colonna dell’Abbondanza (la colonne d’abondance) constitue le dernier vestige du passé de cette place. La statue au sommet de la colonne symbolise l’abondance. Il s’agit d’une réplique du XXe siècle de la statue originale de Giovanni Battista Foggini, qui elle remonte au XVIIIe siècle.

L’arc de triomphe est la structure la plus proéminente que l’on peut observer sur la place. Connue sous le nom de l’Arcone, elle fut érigée en 1895 dans le cadre du plan de redéveloppement. Une inscription sur l’arche fait allusion à la démolition des bâtiments historiques.

Adriana Bravo

Voyage effectué du  15  au 18 avril 2017

 

Bibliographie

Richard Turner,  La renaissance à Florence, Paris, Flammarion, 2008