Arrivée à Nantes pour des études à l’école d’architecture après un court séjour à Paris qui est une ville magnifique, j’ai décidé de visiter certaines villes de la région pas trop loin de Nantes, notamment Saint-Nazaire. Ce beau matin du 14 avril 2012 avec une amie, on a décidé d’aller se promener. Très enthousiasmées on a pris un covoiturage de la gare de Nantes pour le centre-ville de Saint-Nazaire. Arrivée dans cette ville que j’avais hâte de voir, j’étais vraiment déçue, car elle m’a semblé déserte, vide, contrairement à Nantes, on n’y rencontre pas grand monde dans la rue ni même au centre-ville. La ville me paraissait banale, sans potentiel. La première question qui m’a traversé l’esprit était de savoir s’il y avait des choses à voir, à visiter ou à faire dans cet endroit qui semblait désert.

Centre ville de Saint-Nazaire,  photographie personnelle

Deux années plus tard, en 2014, dans le cadre de l’option de projet paysage, à la recherche d’un site de projet. On a décidé, d’arpenter la commune de Saint-Nazaire à la recherche de lieux remarquables et singulier pouvant servir de site de projet. C’est ainsi que j’ai découvert la base sous-marine, et tout le site portuaire d’origine. La découverte de ces différentes entités construites ou réhabilitées pour dynamiser la ville  mon permis de porter un regard différent sur Saint-Nazaire.

Historique

Avant la guerre, Saint-Nazaire possédait l’un des principaux ports d’embarquement et l’un des plus vastes de la côte atlantique et , la ville connaît de florissantes activités de chantier naval.
Pendant la seconde guerre mondiale, les nazis s’accaparent du port et l’intègrent dans un système de surveillance de l’Atlantique en y construisant une base protégeant leurs sous-marins des bombardements.

L’emplacement de la base sous-marine le long du front de mer urbanisé coupant ainsi la ville de la mer devient un réel problème. C’est ainsi que dans le cadre de la dynamisation de Saint-Nazaire, va naître la volonté de  relier la ville au port mais aussi de faire renouer les liens entre la population et la mer en accordant une place primordiale à la base sous-marine. Dans les années 80 la ville va relancer son développement concentré autour de la zone portuaire à côté de la base sous-marine qui était une vaste friche, les différentes opérations urbaines entreprises ont permis de caractériser un important projet culturel et touristique.

La base sous-marine

Notre parcours a débuté à l’entrée de cette base, j’étais impressionnée par cette gigantesque masse en béton ouvert sur la ville à l’origine construite  par les allemands au bord d’un bassin relié à la mer par une écluse, qui domine le port.

Avec une longueur de  300 m. sur une largeur de 150 m. et une hauteur de 18 m., la base était conçue pour accueillir 20 sous-marins. Près de 450 000 m3 de béton ont servi à construire 14 alvéoles dont 8 permettaient des réparations et 6 plus grandes permettaient aux sous-marins de flotter. Le projet s’est réalisé en plusieurs étapes : de mars à juin 1941, trois alvéoles de 100 m sur 14 m sont construites et couvertes d’un toit d’une épaisseur de 3,5 m. De juillet 1941 à janvier 1942, la deuxième phase va greffer six alvéoles au sud. La troisième phase consistera à l’ajout de 5 alvéoles au nord de février à juin 1942. De juin à décembre 1943, des logements sont rajoutés au nord.
Chaque alvéole possédait un système de volet blindé permettant d’ouvrir et de fermer l’espace au-dessus de l’eau. Il y avait aussi des ponts roulant et des grues qui permettaient le ravitaillement des sous-marins.

Le toit de 8,75 m. d’épaisseur est composé d’une première couche de 3,50 m. constituée de tôle en acier recouvert de béton armé, la deuxième de 35 cm. est en béton et couvre la première, la troisième couche de 1,70 m. a été rajoutée en 1943, ensuite une dernière couche composée d’une maille de poutres en béton. Le toit a été conçu de cette manière pour permettre aux bombes d’exploser au niveau de ce réseau de poutres  et protégeant ainsi la toiture proprement dite.

Vue côté bassin de la base sous-marine,  photographie personnelle

Vue intérieure d’une alvéole,  photographie personnelle

Actuellement, depuis l’extérieur, on a une rampe qui nous permet d’accéder au toit sur lequel est aménagé un belvédère qui nous donne une vue magnifique sur le port et sur la ville.

Il s’agit là de l’une des interventions de Sola-Morales qui a aussi permis l’ouverture de la façade opaque sur la ville en reconvertissant quatre alvéoles pour créer le musée de l’«escale atlantique» d’une surface de 3 500 m².

Façade côté rampe, photographie personnelle

L’intérieur de la base, l’alvéole 13 a été aménagée pour recevoir le VIP qui est une salle de concert de 600 places et l’alvéole 14 pour recevoir le LiFE qui est un lieu de création qui peut s’ouvrir vers le bassin. Il y a aussi le long de la circulation interne nous conduisant au bassin des éléments suspendus au plafond qui nous dictent le chemin.

Vue intérieur de la base sous-marine,  photographie personnelle

Pour continuer la découverte de cette zone, on s’est rendu sur la terrasse panoramique de la base sous-marine qui nous offrait une vue exceptionnelle sur la zone portuaire avec la possibilité de voir la suite de triangles de Felice Varini, le monument de l’abolition de l’esclavage avec l’aménagement paysagé autour.

Le monument de l’abolition de l’esclavage

Réalisé par le sculpteur Jean-Claude Mayo en 1989 en hommage à l’abolition de l’esclavage, le mémorial est situé à l’emplacement de l’ancien embarcadère du bac qui traversait l’estuaire. L’artiste a matérialisé des entrailles de bateaux par douze grand bras de bois sur lesquels trois personnages à travers leur représentation, marquent le passage de l’esclavage à la liberté. L’œuvre est assez fine et s’insère bien dans le paysage. A côté du monument de l’abolition de l’esclavage, on a un bel aménagement paysagé.

Monument de l’abolition de l’esclavage,  photographie personnelle

Vue sur le paysage, photographie personnelle

La suite de triangles de Felice Varini

En voyant cette œuvre on a l’impression que tout le paysage constitue le cadre du tableau ou que la peinture ressort du tableau. Elle est réalisée sur 2 km, c’est une énorme anamorphose. Elle apparait comme un aplat de couleur rouge déstructuré sur les bâtiments et au sol.  En se plaçant à un point sur le toit panoramique qu’il a prédéfini en faisant son œuvre, on arrive à reconstituer les triangles successifs.

La suite de triangles, crédit photo Radio France- Edouard Marguier

Après cette découverte de la ville vue du haut, on a poursuivi notre promenade du côté des chantiers navales, puis de la plage on est revenu au centre-ville. J’étais vraiment surprise et ravi de cette redécouverte de la ville. J’ai trouvé que Saint-Nazaire a du potentiel et il y a de belles choses à y voir même si la beaucoup de gens considère qu’il n’y rien à part la plage l’été.

Diaka Touré

Voyage effectué le 27 février et le 06 mars 2014

 

Sitographie

https://www.lieux-insolites.fr/cicatrice/mur/nazaire/nazaire.htm

https://www.uboat-bases.com/fr/st-nazaire/description.html

https://insitu.revues.org/779

http://lefildeculture.eklablog.com/suite-de-triangles-felice-varini-a-saint-nazaire-a112441698

http://www.mairie-saintnazaire.fr/connaitre-la-ville/histoire/les-monuments-commemoratifs