Je suis partie à la découverte de nord de la France, et plus particulièrement de Lille et ses environs. En visite chez une amie qui habite la ville depuis 3 ans, j’ai posé mes valises chez elle pour une durée de 4 jours.

Lille surnommé la « Capital des Flandres »  est la plus grande ville du nord de la France, et également une des plus grandes villes de France en terme de population et de superficie. En 2004, elle prend un virage et devient la capitale européenne de la culture. Cependant, j’ai rapidement pu constater qu’elle dépendait des villes péri-métropolitaines telles que Villeneuve d’Ascq ou Roubaix. En effet, arrivée par train, j’ai d’abord découvert Lille à travers mon wagon pour être ensuite déposée à Tourcoing, qui est directement relié à la grande ville par le métro. On peut donc se poser la question de l’étendue de Lille sans la multitude des communes qui l’entourent.

Une des premières choses à faire lorsque l’on va à Lille est de visiter son cœur historique. La ville possède un patrimoine très riche, que ce soit architecturalement, culturellement, culinairement. Le vieux Lille est la partie la plus ancienne de la ville. En arrivant, on est immédiatement frappé par la présence de la brique rouge. On se sent confus, on pense avoir traversé la Manche et débarqué en Angleterre, mais non. On est bel et bien dans le nord de la France. La brique remplace la pierre progressivement en arrivant dans la Nord et des villes telles que Lille, Tourcoing, en sont la preuve. J’ai toujours trouvé la présence de briques rouges en ville très froide. Comme si l’on comprenait directement que l’on se trouvait dans une ville où le soleil ne se pointerait pas plus de 2h par jour et où il serait bon de mettre son k-way même en été. Mais ici, la sensation est différente. La brique est joliment mise en valeur, n’est jamais de trop. Peut-être parce que la ville n’est pas complètement de brique et que celle-ci possède un jeu de couleur sur les différents bâtiments qui la composent. En effet, en se baladant dans ce centre historique, parmi les petites rues étroites où les façades flamandes s’alignent, on retrouve des nuances de couleur de briques qui permettent une diversité et évite de donner un côté trop monotone et répétitif à l’architecture. La brique vient également révéler le passé industriel de la ville. Après m’être baladée sur la grand’place, et la vieille bourse, je me suis arrêtée pour déguster un welche, plat typique de la région des chtis.

 

Parfois, dans ce décor historique vient se glisser une composition plus récente. Mais ces bâtiments contemporains qui se trouvent dans le quartier, sont toujours construis avec l’idée de jouer avec l’ancien. Plusieurs exemples architecturaux en sont la preuve.

Notre Dame de La Treille

Façade extérieure

Façade extérieure

Cette cathédrale est une construction qui lie l’ancien au nouveau. Construite en plusieurs fois, elle s’élève d’abord en 1854 avec la pose de la première pierre. Les différentes parties de la cathédrale se sont montées au fur et à mesure. Tout d’abord la chapelle absidiale, puis le cœur et le transept. L’ensemble néo-gothique ne sera finalement pas achevé suivant les plans primitifs. La partie intéressante de la construction date de 1999. Il s’agit de la façade de l’église construite par l’ingénieur de l’Opéra de Sydney, Peter Rice et l’architecte Pierre Louis Carlier. De l’intérieur, c’est un arc d’ogive de 30m de haut en marbre translucide qui s’érige, alors qu’à l’extérieur, on a une composition de la façade dans un béton qui vient interroger la typologie classique d’une église. Pour accompagner ce parti pris, une collection d’art sacré contemporain situé dans la crypte décore la cathédrale.

 

 

Intérieur de la cathédrale

Intérieur de la cathédrale

Lille est une métropole qui connait un certain dynamisme grâce à la présence importante de la culture dans sa ville. De nombreux musées viennent donner un poids culturel à la ville. Cependant, bien que la culture soit très présente dans le nord de la France, elle n’est que très rarement présente dans Lille même. Je me suis rendu au LAM, le musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, situé à Villeneuve d’Asque. L’objectif était de construire un musée qui se voudrait dans le tissu urbain qu’était la ville nouvelle de Villeneuve d’Ascq en expansion à l’époque. L’urbanisme de la métropole de Lille se montre clairement par un parti pris d’aller dans le diffus et de ne pas tout concentrer dans un seul noyau central.

LAM

Façade principale

Façade principale

 

Passage obligatoire lorsque l’on va à Lille, le musée est à visiter autant pour sa collection permanente qu’éphémère, mais également pour son architecture et le jardin qui l’accompagne. On retrouve donc un grand bâtiment constitué de plusieurs volumes de briques rouges, en symbiose avec les reliefs du parc. La brique est clairement là pour rappeler un passé industriel, les volumes évoquent également l’influence de la construction industrielle sur l’architecture moderne. Le bâtiment construit par Roland Simounet date de 1983. Une extension a ensuite été faite dans les années 2000 par Manuelle Gautrand. Telle une pieuvre qui vient s’accrocher sur son rocher, l’extension est constituée de plusieurs volumes de béton blanc moins rigides et aux formes plus souples que la première partie du bâtiment. Cette extension se veut volontairement expérimentale dans sa conception.

le musée et son extension

le musée et son extension

Le raccordement entre les différents volumes se constate lorsque l’on visite l’intérieur du bâtiment, en jonglant d’un mur de brique à un espace plus neuf fait de mur blanc. Le LAM proposait en printemps 2016 pour son exposition temporaire une rétrospective exceptionnelle consacrée à l’œuvre d’Amadeo Modigliani. J’ai commencé ma visite du musée par cette partie après avoir fait la queue pendant une bonne heure à l’extérieur du musée. (je déconseille très fortement aux étudiants d’aller visiter un musée le premier dimanche de chaque mois). En me baladant lors de cette rétrospective très intéressante du peintre, je n’ai pas vraiment pu me rendre compte de l’architecture du bâtiment. Les cloisons rouges nous enferment dans un parcours qu’il faut suivre du début jusqu’à la fin, sans possibilité de détournement.

C’est en allant ensuite visiter l’exposition permanente que l’on prend conscience du bâtiment, par la succession de murs blancs et de murs de briques rouges ainsi que les ouvertures qui permettent d’apercevoir le grand parc qui encercle le bâtiment. La visite a pu se continuer à l’extérieur lorsque l’on se promène dans le jardin parmi les sculptures contemporaines dont une œuvre de Picasso. C’était la volonté des donateurs d’implanter le musée au cœur d’un parc accessible au public. Le musée devient alors plus qu’un simple bâtiment. C’est une véritable symbiose entre une architecture et une nature environnante. On a donc ici un musée qui souhaite se renouveler, qui révèle l’art contemporain grâce à son architecture et ne cache pas cette envie d’exposer la culture à tout le monde. Le bâtiment est une véritable prouesse architecturale qui vaut le détour, mêlant culture, art contemporain, et mémoire d’un passé.

 

La Piscine de Roubaix

 

Toujours dans la catégorie des musées, j’ai par la suite visité la Piscine de Roubaix. C’est également un incontournable lorsque l’on se trouve à Lille. Encore une fois, le musée ne se trouve pas à Lille même mais à Roubaix. A chaque fois, les musées sont directement reliés par le métro ou les bus, permettant un accès facile depuis Lille. On comprend que ces visites culturelles sont directement en lien avec la ville de Lille et son tourisme.

Grand bassin de la piscine

Grand bassin de la piscine

La piscine de Roubaix est une ancienne piscine qui date de 1930 convertie en musée d’art déco en 2001. En arrivant sur place, la première chose que l’on remarque est la présence de la brique rouge encore une fois. On ne peut jamais oublier avec ces visites où l’on se trouve. En rentrant dans ce musée, on est directement frappé par l’architecture du lieu plutôt que par l’exposition elle-même. La conversion en musée a permis de garder l’essence et l’esprit de la piscine. On retrouve un coté mystique avec cette composition architecturale. On ne sait plus si le bâtiment est consacré au culte du corps ou à celui de l’esprit. Les différents lieux, bassins, salles de sudation, bains, sont insérés dans une composition architecturale jouant sur la lumière, et des articulations d’espaces qui évoquent ceux d’un couvent.

Le musée se veut comportemental et non monumental. Roubaix est une figure emblématique de la ville industrielle du XIXème siècle et le bâtiment réussit parfaitement à montrer la beauté de ce passé. L’eau est toujours présente, les ambiances de piscine se font ressentir et sont les parties les plus intéressantes du musée. Si l’on est un adepte de l’art déco, on peut alors se pencher un peu plus sur la collection mais l’essentiel du musée reste la visite de la piscine. L’espace du plus impressionnant est évidemment l’endroit où se trouve la salle du grand bassin de piscine. Les statues se succèdent et défilent autour du point d’eau, venant révéler et magnifier la piscine, et se refléter dans l’eau du bassin, donnant à l’espace une espèce d’aura mystique. Un petit plus également est donné à l’entrée de la piscine. Ici encore, des sculptures contemporaines viennent alimenter le jardin de la piscine mais l’œuvre la plus intéressante reste la porte d’entrée de la piscine, véritable œuvre participative, remplie des gommettes des visiteurs qui viennent en partant les coller sur la porte. Comme une trace du passage de chaque personne dans le musée.  On est avec ce musée dans un recyclage de l’architecture qui est un mode d’adaptation de l’homme à son environnement.

Porte d'entrée de la piscine

Porte d’entrée de la piscine

 

Le Palais des Beaux Arts de Lille

Enfin, troisième exemple de musée qui propose une partie contemporaine est le palais des beaux-arts de Lille. Celui-ci se trouve donc en plein cœur de Lille et non en périphérie. Il est situé dans un ancien bâtiment construit en 1792 par le peintre Louis Joseph Watteau. La construction date du 18ème siècle, soit bien avant l’âge industriel. Elle est composée de pierre blanche. Le Palais abrite de grandes collections qui le place parmi les plus importants musées en Europe. Après avoir flâné parmi les expositions dans le musée, je suis sortie pour apercevoir la partie la plus intéressante du musée. Lorsque l’on se dirige à l’extérieur, derrière le musée, on retrouve comme un grande voile de glace qui fait face au vieux bâtiment. C’est en fait l’extension réalisée en 1997. Il s’agit d’une construction de verre, très fine qui donne une impression de mur de verre. L’ancien bâtiment vient alors se refléter sur la façade du bâtiment de verre. La composition est intéressante et donne une sensation étrange lorsque l’on se retrouve entre les deux bâtiments. Le bâtiment abrite les services administratifs. L’intégration d’un bâtiment contemporain est plutôt bien réussie.

Reflet du Palais sur la façade du nouveau bâtiment

Reflet du Palais sur la façade du nouveau bâtiment

EuraLille

Tout au long de ce séjour, j’ai pu découvrir les différents quartiers de Lille et m’imprégner de l’identité culturelle qui fait la ville. De manière générale, l’architecture est assez ancienne, mêlant des constructions révélant l’âge industriel de la ville et des bâtiments plus récents en adéquation avec ce passé. Cependant, en se baladant parmi ses quartiers, on ne peut pas louper le quartier des affaires de Lille si connu dans la ville : EuraLille. Il s’agit d’un quartier tourné vers le tertiaire, né sous l’impulsion du maire de l’époque dans les années 1980. J’ai déjà eu l’occasion de découvrir ce quartier par le biais de cours à l’école d’architecture et ma vision en était quelque chose d’assez imposant dans sa composition. Je dois dire que je n’ai pas été déçue. EuraLille est composé d’une demi-douzaine de bâtiments massifs, tous construit par des grands noms de l’architecture. L’objectif était de proposer un projet de valorisation et de reconversion pour Lille avec une envie urbanistique très forte. Finalement, j’ai eu la sensation que le quartier se trouvait coincé dans l’ancienne ville, pas vraiment à sa place. Les bâtiments et les places qui composent EuraLille semblent complètement disproportionnés par rapport au reste de la ville. On ressent bien l’univers urbanistique et architectural des années 80 tourné vers une recherche monumentale pas toujours justifiée. On passe d’un univers à un autre et bien que l’architecture soit très imposante et impressionnante, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. On a l’impression de se retrouver à La Défense de Paris mais en plein cœur de Lille. Contrairement aux autres exemples de bâtiments Lillois qui gardent toujours une trace du passé et révèle l’ancien pour l’embellir, ici, on est sur une rupture totale avec l’ancienne architecture.

 

Malgré l’urbanisme de ce quartier qui encourage une concentration des activités, la ville de Lille est intéressante dans sa composition pour son caractère diffus. La ville ne serait pas la même sans les péri-métropoles qui gravitent autour d’elle et la connexion entre tous ces points se fait parfaitement bien. La ville a su insérer l’art et la culture tout en jouissant d’un patrimoine très fort qu’elle a su mettre en valeur.

Alice Paul

Voyage du 05/03/16 au 09/03/16

Bibliographie :

Cartoville Lille et l’Eurométropole, Editions Guides Gallimard, 2014

PHILIPPON Jean-Paul, La Piscine à Roubaix – Musée d’Art et d’Industrie, Editions d’Art SOMOGY, 2006

Sites internet :

http://www.lilletourism.com/site-et-monument-historiques-lille/cathedrale-notre-dame-de-la-treille.html

http://www.musee-lam.fr/?parent=1

https://fr.wikipedia.org/wiki/Euralille

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Notre-Dame-de-la-Treille