Des étalages à perte de vue, des odeurs de nourriture épicée, de la musique, des œuvres artistiques, dans un endroit qui grouille de touristes et de Thaïlandais, nous sommes à Chatuchak market, le plus grand marché de Thaïlande.
En plein cœur de Bangkok, à deux pas d’une station de métro aérien, se trouve un grand parc, peuplé de varans et cours d’eau, en bordure du marché surpeuplé. Nature, calme et repos du parc contrastent avec l’activité incessante, et le bruit constant du marché.
Il y a deux options pour visiter le marché, la première est de s’y perdre, au risque de repasser aux mêmes endroits plusieurs fois et de tourner en rond, mais aussi d’être agréablement surpris par les découvertes possibles. La deuxième est de se référer au plan du marché, qui, malgré une impression de fouillis, est en fait très bien organisé avec les stands de ventes répertoriés selon leurs offres. Plus de 15000 stands, divisés en 27 sections proposant des produits variés, tels que des plantes, des vêtements, de la nourriture, des bijoux, des antiquités, des tableaux, des animaux domestiques, des cosmétiques, de la céramique, des livres, de la décoration, de la soie… Chatuchak market est considéré comme le plus grand et varié des marchés au monde. Une tour arborant une horloge se distingue parmi les stands, son emplacement étant considéré comme le centre du marché. L’horloge fut construite en 1987 pour l’anniversaire du roi à cette époque, et est maintenant un emblème du marché. C’est d’ailleurs un des rares endroits du marché où il n’y a pas que du passage, où certaines personnes s’arrêtent et ralentissent le rythme. Le marché ne possède pas qu’une entrée, mais de multiples entrées afin de faciliter les flux, et d’accéder aux stands souhaités plus rapidement, l’horloge devient alors un point central de repère.
Le marché a ouvert en 1942, tandis qu’en 1948 une loi fut instaurée par le premier ministre de Thaïlande, exigeant l’installation d’un marché dans chaque province. Le marché fut déplacé plusieurs fois avant de s’installer à Phanonyothin, en 1978. Il s’appellera d’ailleurs « Phahonyothin Market » jusqu’en 1987, avant de prendre le nom du parc situé à côté.
De nos jours, le marché n’a pas qu’une bonne réputation, étant aussi connu pour être le centre du commerce illégal de faune sauvage. On y croise des animaux vivants, à vendre, mais aussi de la décoration et des vêtements produits à partir de peaux d’animaux tels que les crocodiles, certains stands étant dédiés à un type d’animal. Dans une enquête de 2015, des chercheurs comptabilisent 1271 oiseaux de 117 différentes espèces, vendus dans 45 stands. Selon la liste rouge IUCN, on trouve parmi ces espèces 9 listées en tant que menacées, et 8 quasi menacées.
Certaines sections du marché seulement sont ouvertes en semaine, et toutes ouvrent le week-end. Les personnes visitant ce marché sont aussi bien des touristes que des thaïlandais, bien que les vendeurs soient tous thaïlandais. La négociation est donc très présente, seuls certains stands vendent aux prix indiqués, et refusent la négociation. La majorité des stands affichent les prix, mais acceptent de marchander, et d’autres stands n’affichent pas les prix, qui seront décidés une fois le potentiel acheteur s’intéressant aux biens. C’est ce qui fait, selon moi, le charme de ce marché, pourtant basé sur le commerce, mais qui reste basé sur les relations humaines. Les thaïlandais sont connus pour leur sourire, mais dans le monde du commerce touristique, ça n’est bien sûr pas toujours le cas. Cependant, à Chatuchak, la négociation engendre très souvent des discussions avec les vendeurs, et l’entente avec celui-ci aura un lien primordial avec la décision d’acheter ou non.
Une autre particularité de ce marché, est l’ambiance, ou plutôt les différentes ambiances présentes. Certains stands sont couverts, avec des rues intérieures, tandis que d’autres sont aux abords des axes principaux, ouverts sur la rue. Il y a donc un changement frappant d’atmosphère entre les deux. Les stands couverts sont sombres, ne permettant pas de prendre le recul, avec des marchandises en vente du sol au plafond, de tous côtés. On y retrouve un esprit de brocante, ayant même parfois l’impression d’entrer chez quelqu’un tellement certains stands sont personnalisés. Bien que chaque stand ait sa propre particularité, on retrouve une atmosphère commune en fonction des sections, comme par exemple la section fripes, où l’on peut entrer par différents côtés, où il faut fouiller dans des tas d’affaires, avec certaines pièces « exposées » qui se différencie de la section plus « haut de gamme » des bijoux, où les stands sont comparables à des petites salles d’exposition, très éclairées, chaque pièce ayant sa place, réfléchie.
C’est donc cette variété en terme d’atmosphères, de biens, de personnes et d’activités qui fait de ce marché un lieu atypique et vivant, nous coupant du trafic routier incessant et inhumain de Bangkok.
Guenièvre Carré-Chartier
Voyage du 28/07/17 au 14/02/18
Photographies de Lucas Berthoumieu, réalisées lors d’une visite commune, en janvier 2018
Bibliographie
« Snapshot of an on-going trade: an inventory of birds for sale in Chatuchak weekend market, Bangkok, Thailand », Serene C. L. Ching et James A. Eaton, BirdingASIA 25 (2016): 24–29
« Where is the World’s largest weekend market ? », Sarah Shaw, 24 mai 2013, Wanderlust and lipstick
Plan trouvable à certaines entrées du marché
« Chatuchak, le marché du week-end à Bangkok », Pierreto, 25 février 2018, site internet Toute la Thaïlande
« Bangkok market a hub for illegal international trade in freshwater turtles and tortoises », 25 avril 2008, IUCN (International Union for Conservation of Nature)