Juillet 2015 :  programme d’échanges internationaux du Lions Club. En résidence dans la commune paisible de Vårgårda aux confins des forêts de l’Ouest de la Suède, l’étape à Göteborg marque un retour à la civilisation urbaine des plus déroutantes.

Après deux heures de train au cœur de la campagne Suédoise, où forêts et lacs constituent le décor de quelques maisons privilégiées traditionnellement vêtues de bois rouge de Falun – du fait de la profusion de scories de carrières de cuivre permettant la fabrication de pigments – la ville se dévoile par les quais de sa gare. Outre les très nombreuses têtes blondes qui animent cet espace d’entrée dans la ville, l’accueil est marqué par le grand centre commercial qui prolonge le terminal. Très connu des habitants de la ville, Nordstan (littéralement Nord de Ville) regorge des enseignes internationales donnant au premier contact de la cité une image peu vernaculaire. En traversant cette grande halle, seul un grand atrium hélicoïdal à l’accès dissimulé entre deux magasins capte mon regard à l’affut de formes singulières. C’est le début d’une quête aux architectures de la ville parmi un groupe de jeunes de toutes nationalités ne s’émerveillant que des boutiques qu’ils ont déjà l’occasion de rencontrer dans leurs pays d’origine.

L’atrium du centre commercial Nordstan

Inom Vallgraven, qui jouxte le principal point d’entrée dans la ville, est le quartier commerçant qui présente de nombreux bâtiments aux façades ordinaires, de faible hauteur et aux toitures de briques diversifiées. Malgré ces constructions au charme modéré, d’autres, plus décorées, contribuent à la perception du bon vivre de cette deuxième ville du pays. Cet aspect est donné par les canaux qui traversent les quartiers et suggèrent des parcs et bâtiments historiques qui ont dû marquer l’histoire de la ville. Les ponts de faible hauteur y sont fleuris, contribuant à l’ambiance chaleureuse de la ville. C’est aussi par ces canaux que l’agglomération se visite. Datant de la reconstruction de la ville en 1619 par le roi Gustave II Adolph après que les Danois et Norvégiens l’aient détruite lors de la guerre de Kolmar, ces canaux témoignent de la forte implication des Hollandais dans cette reconstruction. Venus chercher la liberté de culte et l’absence de taxes et d’impôts qu’offrait alors la ville, ceux-ci ont en effet contribué à l’édification d’un plan de rues géométriques, de fortifications et de canaux qui subsistent dans l’urbanisme contemporain.

Ponts fleuris sur le Stora Hamnkanalen

L’incontournable balade en Paddan, barque à fond plat naviguant sur les canaux et le port de la ville, donne un accès rapide à l’histoire de la cité en s’approchant des diverses institutions qui ont forgé sa réputation. A partir de la Kungsportsplatsen – le « Pont de la Porte Royale » – la croisière donne un aperçu des nombreux parcs qui animent la ville, tels que le Kungsparken – « parc du roi » -. Celui-ci borde le Rosenlundskanalen, le canal qui suit l’ancienne fortification. Reprenant le style des jardins à l’anglaise, il est achevé dans le milieu des années 1850 et rassemble de nombreux hôtels de la ville qui profitent du cadre vert de l’endroit.

Le Stora Hamnkanalen – « Canal du Grand Port » -permet de rejoindre le port de la ville. Il donne à voir le Göteborgs Stadsmuseum construit pour les 300 ans de la ville par les architectes Sigfried Ericsson et Arvid Bjerke dans les années 1920. De briques et de cuivre, Ce bâtiment aux frontons de pierres sculptées donne enfin un aperçu des briques promises de la cité. Comme nombre de bâtiments de la ville, ses façades sont peu ornées, marquant le style néo-classique de l’architecture de l’époque. L’aspect plat de ces façades est renforcé par le positionnement avancé des menuiseries, récurrent dans les architectures locales. Tout de brun vêtu, le musée de grande échelle s’insère dans un contexte de bâtiments blancs immaculés aux toitures de cuivre, ce qui renforce sa visibilité au bord du canal. Moins colorés, les bâtiments qui le jouxtent suivent un style néo-classique, ouvrant sur les grues de l’industrie portuaire qui marquent la sortie des canaux du XVIe siècle pour s’ouvrir sur le grand canal.

Le Göteborgs Stadsmuseum

Long de 614 kilomètres, le canal Göta relie différents lacs du pays pour se jeter dans la mer du Nord au niveau de Göteborg. Il est mis en construction tardivement au XIXe siècle par Baltzar Von Platen, suivant l’idée originale de l’évêque de Linkoping Hans Brask au XVIe siècle. Son inauguration en 1832 favorisera l’industrialisation rapide de la cité, autour des constructions navales et du transport maritime qui continuent d’animer la ville contemporaine. Le port jouxte divers quartiers de la ville, laissant voir de nombreux types de constructions, qu’elles soient terrestres ou navales.Le Maritimam en est un bon exemple. Musée flottant prenant place dans différents navires, il retrace l’histoire maritime de la ville, au travers de bateaux historiques mais aussi des anciennes infrastructures portuaires. La diversité des activités maritimes est fortement représentée, entre cales sèches flottantes, plateformes de sécurité pétrolière ou embarcadère de ferry qui sont autant d’objets à la signature forte disposés sur les berges du canal. Elles ont aussi été investies, pour la partie Nord de la ville, par les sièges d’institutions nationales contemporaines. Cela témoigne de son influence à l’échelle de la Scandinavie, Göteborg en étant la cinquième plus grosse agglomération et la première n’étant pas une capitale.

Les cales sèches flottantes du port

Le port est aussi marqué par la présence de navires emblématiques. Le Götheborg, réplique moderne d’un bâtiment de l’East India Company, en escale pour une courte période, témoigne de l’influence de la ville dans les échanges avec les Indes au milieu du XVIIIe siècle. Construit en 1906, le quatre-mâts barque Barken Viking qui sert désormais d’hôtel et de restaurant est amarré devant le « Rouge à Lèvres », le duo constituant l’une des images phares de la ville. Initialement appelée la Lilla Bommen en raison de son implantation, la tour rouge et blanche conçue par l’architecte Ralph Erskine est inaugurée en 1989 et abrite un observatoire à plus de 86 mètres d’altitude. Le bâtiment postmoderne est en effet la plus haute construction de la ville, érigée sur les anciens quais principaux pour les péniches et le transport maritime intérieur, où étaient prélevées les taxes gouvernementales d’entrée et de sortie des canaux de la ville.

Le « Rouge à lèvres » et le Viking

La croisière sur les canaux permet de localiser une bonne partie des lieux d’intérêt de la ville pour arpenter les rues et découvrir de nouvelles curiosités suédoises. Le retour sur la terre ferme permet de profiter des terrasses de la ville, où il est coutume de prendre le Fika, pause café partagée à tous moments de la journée avec les collègues, famille ou amis. Cette institution sociale donne lieu à une multitude de petits repas entre les traditionnels déjeuners et dîners, et sont l’occasion de découvrir des spécialités culinaires locales. Le Feskekôrka, marché aux poissons de la ville surnommé église du poisson en raison de sa forme, permet d’appréhender les produits maritimes régionaux. Conçu en 1874 par l’architecte Victor Von Gegorfelt, le marché s’inspire des églises dites à « bois debout » de la Norvège médiévale pour témoigner du rôle capital de la pêche dans la région et offrir une halle de grande dimension sans pilier.

Feskekôrka – « l’église du poisson »

L’exploration des grands boulevards donne à voir un nouveau visage de la ville, arpentée par les traditionnels tramways bleus et blancs en bois. La Kungsportsavenyn, « Avenue de la Porte Royale », principale avenue de la ville qui relie l’ancienne aire fortifiée à la Götaplatsen plus au  Sud présente des architectures néo-classiques soignées aux couleurs pastel. Regorgeant de commerces, bars et restaurants, elle dévoile la diversité de la vie touristique de la ville. Les rues adjacentes laissent deviner la présence d’un évènement important, le tournoi de football du monde Gothia Cup qui investit ponctuellement toute une partie de la ville pour l’accueil de milliers de jeunes. Au fil des évènements, le parc d’attractions de Liseberg, le plus grand de Scandinavie se dévoile et laisse entendre le goût des familles suédoises pour ce type de divertissements.

A l’issue de cette visite express de Göteborg, entre vieille ville, port et voies majeures, une déception m’atteint peu à peu. Malgré la diversité des constructions rencontrées,je m’étonne de ne pas avoir découvert plus de constructions de briques aux multiples coloris. Toutes semblaient ternes malgré de très beaux édifices tout de pierres bâtis. Honteux de nourrir cette déception d’une ville aussi riche et agréable que Göteborg, je profite d’un second voyage dans l’agglomération pour pousser l’enquête des briques colorées.

Les édifices de pierres et enduits ouvrant sur le canal Göta

Cette nouvelle journée au sein de la mystérieuse m’amène, en suivant les flux de la ville, dans des endroits similaires à la précédente excursion, toujours accompagné de mes camarades passionnés de lèche vitrine international. Pour autant, j’arrive à monter un commando à la recherche des désormais convoitées constructions de briques. En sortant des rues fréquentées, c’est une toute autre image de la ville qui se dévoile. La population est résolument indigène et les commerces beaucoup plus traditionnels. La végétation y semble encore plus présente et les immeubles résidentiels profitent d’un cadre rendu calme par la profusion des espaces verts. C’est donc dans le quartier de Vasastaden, créé entre 1870 et 1920 suivant l’inspiration de Paris et de Vienne que la finesse des assemblages de briques colorées se dévoile enfin.

Immeuble d’entrée dans le quartier de Vasastaden

Dans un urbanisme de larges voies et d’ilots carrés, déterminé à l’issue d’un concours de plan de ville lancé en 1861, les constructions de l’architecte Johan Auguste Westerberg se révèlent en jouant sur des motifs et des couleurs de briques. Les assemblages subtils de maçonneries prennent place dans une diversité de formes et de mises en relations, que ce soit avec des blocs de pierre sculptés, des toitures de briques ou de cuivre de diverses couleurs et formes, ou dans un jeu de gradations colorées à l’échelle des ilots. Les balcons de fer forgé y sont nombreux et nous font oublier les aprioris climatiques du pays, qui s’est construit dans un mode de vie proche de la nature et des environnements extérieurs.

La Vasaplatsen dans le quartier de Vasastaden

Malgré sa forte démographie, la ville de Göteborg se visite à pied et regorge de curiosités. Inspirés d’architectures de toute l’Europe, les édifices Gothembourgeois retracent l’histoire de la ville depuis sa reconstruction au XVIe siècle et s’insère au cœur d’une ville aux multiples aires arborées. L’escale dans la deuxième ville du pays donne à voir des cultures architecturales résolument différentes des campagnes où les architectures de bois sont reines. Malgré la diversité des styles et techniques constructives présentes à Göteborg, les édifices les plus marquants restent les constructions reculées aux diverses nuances de briques.

 

Les constructions de briques bordant la végétation de Vasaplatsen

 

Carte de la ville et localisation des lieux principaux

 

 

Nicolas Rabine

Photographies de l’auteur.

Voyage  effectué du 5 au 26 juillet 2015.
Escales à Göteborg les 17 et 23 juillet 2015.

 

Bibliographie :