Durant ma troisième année d’architecture, mon père a voulu cette fois nous faire visiter le coté Est de l’Algérie, Constantine (Cirta),  Annaba (Bône), Biskra, Guelma (Calama), et c’est pour cette raison que nous avons décidé de poser nos bagages dans un hôtel à Batna (Condorcet) qui est au centre de toutes ces villes et à proximité du site classé patrimoine Unesco « Timgad ville romaine » que nous voulions découvrir.

1 – Circuit du voyage, entre Tizi Ouzou et Batna

Mardi 03 mai 2011, 08h23 ,  ciel dégagé, soleil pétant, nous démarrâmes tous contents de cette nouvelle aventure que mon père nous offrait, à mon frère, ma sœur ma mère et moi-même. Nous arrivâmes vers 16h après avoir traversé une dizaine de villes, de chez moi jusqu’à Batna notre lieu de campement.

Après moins de deux heures, le temps de s’installer dans l’hotel, et de se remettre de ce long voyage, nous sommes sortis en direction de Timgad.


Timgad : Bienvenue à Rome

2 – Timgad, le théatre, la ville romaine

Il aurai été préférable de visiter cette ville magnifique  romaine vestige historique, dans le cadre du cour d’histoire critique de l’architecture une année auparavant, cela aurai facilité l’explication des cours à mon gout trop théorique, et enrichi cette unité d’enseignement, surtout qu’on a la chance d’étudier dans un pays très riche en histoire, ottomans, espagnols, romains, français, tous sont passés par là.

3 – Timgad, le maximus et le decumanus

Timgad surnommée la « Pompéi de l’Afrique du Nord » dans la wilaya de Batna dans la région des Aurès, au nord-est de l’Algérie. est une cité antique qui fut fondée par l’empereur romain Trajan en 100 et dotée du statut de colonie, bâtie avec ses temples, ses thermes, son forum et son grand théâtre, Au vu de son excellent état de conservation et du fait qu’on la considérait comme typique d’une ville romaine, Timgad a été classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1982.

Deuxième jour, direction Biskra, l’aller en passant par les gorges d’Alcantara, et le retour par les balcons du Ghoufi

 

Constantine : Cirta, capitale de la Numidie, la ville des ponts suspendus (le 04 mai 2011)

Constantine, une des plus anciennes cités du monde, c’est une ville importante dans l’histoire méditerranéenne. De son ancien nom Cirta, capitale de la Numidie, elle porte depuis 17 siècles le nom de l’empereur Constantin qui la reconstruisit en 313. Constantine est également surnommée la « ville des ponts suspendus », « ville du vieux rocher », et « ville des aigles ». Six ponts caractéristiques facilitent aujourd’hui les déplacements quotidiens des Constantinois.

4 – Les ponts el kanatara et sidi mcid

Le pont de Sidi M’cid traverse les gorges à 175 m au-dessus du Rhumel. Long de 164 m., large de 5,70 m., il a été conçu par l’ingénieur français Ferdinand Arnaudin et inauguré en avril 1912 pour relier la Casbah au nouvel hôpital et au monument aux morts.
Le pont des Chutes, construit en 1925, franchit, quant à lui, le Rhumel juste à la sortie des gorges, presque sous la passerelle de Sidi M’cid.
La passerelle Mellah Slimane connue durant l’occupation française sous le nom de la passerelle Perrégaux ou Pont de l’Ascenseur, est située entre les ponts de Sidi Rached et d’El Kantara. Construite entre 1917 et 1925, elle fut ouverte à la circulation le 12 avril de la même année et est réservée aux piétons. D’une longueur de 125 m., d’une largeur de 2,40 m., elle relie le quartier de la gare au centre-ville, via un escalier, ou l’ascenseur de la Médersa.

5 – Pont des chutes

Le pont de Sidi Rached dont la construction est lancée en 1907 par Georges Boisnier, spécialiste des grands ponts et nouvel ingénieur en chef. Établi sur 27 arches de pierre de taille dont une centrale de 70 m d’ouverture et haute de 105 m, il mesure 447 m de long et 12 m de large. Le pont de Sidi Rached est inauguré le 19 avril 1912. Ce pont permet de relier le centre-ville au quartier de la gare et donne accès à la route sortant vers le sud.

Le pont du diable réservé exclusivement aux piétons est un ouvrage d’origine turque. Il semble qu’il tienne son appellation du bruit infernal des eaux en furie qui coulent en dessous et qui pénètrent dans les gorges à cet endroit même.

Enfin, le pont d’El Kantara a, lui aussi, une grande histoire

 

« Je peux dire, aujourd’hui, qu’on m’a offert la protection de l’Algérie pendant tout mon exil en Europe, à cause de la dictature dans mon pays. […] J’ai conçu l’Université des sciences et technologies d’Alger, l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger et bien sûr l’Université de Constantine, c’était un défi architectural. Je voulais que le béton obéisse à mon esthétique dans le cadre du relief dramatique et accidenté de Constantine, une ville accrochée à un rocher, et comme suspendue dans le vide. […] Lorsqu’il m’arrive en privé ou en public de parler de mon travail, des choses que j’ai réalisées, je dis toujours que l’Université de Constantine fait partie de mes réalisations les plus accomplies. »
Oscar Niemeyer

6 – L’Université de Constantine

 

Effectivement, Le Corbusier, ce fervent défenseur de l’Algérie, dont il a été tant amoureux, a marqué de son architecture les villes algériennes et surtout Constantine, où il a conçu une de ses merveilles algériennes : l’université, un vrai symbole à l’époque postcoloniale pour le peuple et le gouvernement algérien, qui voulaient renouer avec le savoir et la culture après des siècles de colonisations

Pour finir, la mosquée Emir Abdelkader de Constantine qui est la plus grande d’Algérie, jouxte l’Institut des sciences islamiques inauguré en 1984, s’étend sur une surface de 11.000 m2. Elle peut contenir plus de 10.000 fidèles. Deux minarets de 120 m. de haut et un dôme sculpté de 5 m. de diamètre en font un «joyau architectural, des centaines d’artistes, de sculpteurs, de calligraphes algériens et étrangers, ont participé à la décoration de cette mosquée, dont les travaux ont été lancés il y a plus de vingt ans.

7-Grande mosquée de constantine

 

Biskra : Les Aurés, la porte du désert (05 mai 2011)

Dernière étape de la conquête des Aurès : les Zibans. Passant par les gorges d’Alcantara à l’aller, les premiers habitants de cette commune sont berbères, mais au 1er siècle après J.C, les Romainssont arrivés dans la région, leurs vestiges et le musée lapidaire ou encore la ville européenne existent toujours. Ce site naturel et le patrimoine romain sont classés et protégés depuis 1923

Appelée Vescera mais aussi Ad Piscinam, en référence à une source (Hammam Es-Salhin).salhin = pluriel de saints, bons, généreux. Les Byzantins importent des palmiers dattiers pour en faire la culture. Les Berbères zénètes se sédentarisent et font de Biskra une ville prospère au Moyen Âge. La ville de Biskra est surtout caractérisée par son architecture vernaculaire : la maison Aurasienne (des Aurès), est une maison à terrasse ; elle intègre la topographie du site dans sa construction. Les irrégularités du terrain, les blocs rocheux, sont harmonieusement utilisés comme soubassement et fondations. C’est alors une continuité de formes, de teintes, et une uniformité d’aspect qui renforcent l’intégration de ces constructions au site.
L’espace de vie est le noyau autour duquel gravitent les animaux et les réserves, c’est-à-dire ses richesses.
Il est composé d’une entrée, d’une salle commune et d’une cour. L’entrée est un espace et pas seulement un passage, aménagée et couverte, la cour quant à elle a des dimensions variables et surtout réduites,  C’est surtout un puits de lumière et de ventilation, elle n’est pas un lieu de regroupement, on se retrouve soit dans l’entrée, soit dans la pièce commune. Cette dernière est le centre symbolique et fonctionnel de la maison, l’espace par excellence de vie. Lieu principal de la vie sociale et économique, cet espace se définit comme le plus grand volume de la maison, toujours isolé et limité par les réserves.

8 – La maison Chaoui, des Aurés

Les autochtones ont fait preuve de beaucoup d’ingéniosité, les murs sont constitués d’une double rangée de grosses pierres, le mortier de hourdage, lui, de terre particulièrement adhérente additionnée parfois à de la paille hachée pour lui donner plus de cohésion et de solidité. Le tout recouvert de terre sèche répandue en surface sur une épaisse couche de mortier de terre, mélangée à de la bouse de vache, de la cendre de bois et la sève de certaines plantes. Le toit est ainsi imperméable à l’eau. Un entourage de lourdes pierres plates maintient le toit pendant la tempête.
Les murs de moellons dans ces régions s’adaptent de façon remarquable aux conditions climatiques. Ils constituent un régulateur idéal des fluctuations de température. De même, l’isolation phonique est assurée.

Au retour à l’hôtel par les balcons du Ghoufi, ce magnifique canyon sur trois ou quatre kilomètres, des jardins d’arbres fruitiers et des palmiers encaissés dans le ruisseau, dominés par des falaises dépassant les 200 m.

9 – Les balcons de Ghoufi, le canyon

Surplombant l’oasis, les balcons du Ghoufi, taillés en cascades dans la roche, ont attiré l’homme qui y a construit des demeures appelées « troglodytes » aujourd’hui inhabitées datant de qautre siècles. L’architecture est typiquement berbère. Les matériaux utilisés sont la pierre sommairement polie et jointe avec un mortier local et des troncs de palmiers.

10 – Les troglodytes

Le site a été classé au patrimoine national en 1928 puis en 2005.

 

Ce fut le dernier jour, notre séjour s’est écoulé vite, mais nous en savions beaucoup plus sur notre pays son histoire et la diversité de ses villes, pour justement aller au bout de la découverte, mon père nous proposa de prendre un chemin différent pour rentrer à la maison (le lendemain), l’idée était de prendre le chemin de la côte en passant par les eaux thermales de Guelma, certes le chemin allait être plus long mais nous sautâmes de joie à l’idée de revoir la mer après cette virée dans les terres arides du Sud Est

 

Le 06 mai 2011, 07h48 : nous devions prendre la route vers Annaba (Bône), où une chambre d’hôtel nous attendait, mais sur le chemin nous avons fait une pause dans la station thermale de « hammam meskhoutine », en français « Les eaux des Maudits » situées à 14 km. de Guelma, entre Bône et Constantine, (sur l’emplacement de l’ancienne Suthul de Jugurtha, qui devint plus tard la ville de Calama des Romains). Les Mores, les Vandales, les tremblements de terre, détruisirent à leur tour l’antique Calama, et c’est avec les ruines de la ville romaine que la citadelle actuelle a été construite.
Après une baignade dans les bassins du centre de bien être, nous reprîmes la route direction Annaba.
Arrivés vers 20h, il a fallu monter jusqu’au sommet de la montagne de Séraidi anciennement « Bugeaud », elle consistait en un centre de population érigé en commune de plein exercice, le nom de la commune est liée au nom du maréchal Bugeaud.

11 – Vue plongeante à partie du sommet de Séraidi

 

Hébergés dans un hôtel El Mountazah conçu par l’architecte français Fernand Pouillon dans les années 1960, l’architecte évoque à travers ce projet, les palais des mille et une nuits. Avec ses formes harmonieusement courbes, ses chambres ornées de mosaïques, et sa fameuse piscine suspendue au-dessus de la vallée, l’ancien hôtel du Rocher fut à Bugeaud (aujourd’hui Seraïdi) un vrai symbole.

12 – Hotel el Mountazah

La composition architecturale et urbaine dans l’œuvre algérienne de Fernand Pouillon (plus de deux millions de mètres carrés bâtis par l’architecte), y compris les cités d’habitations construites dans les années 50 (Diar Es Saada, Diar El Mahçoul, Climat de France, la Cité Lescure…) et celles des années 80 (la Cité Bordj El Bahri, les 400 logements à Boufarik). Fernand Pouillon a toujours essayé de répondre au problème du logement de masseen proposant des compositions qui intègrent autant des préoccupations urbaines, que des idées de confort pour les habitants, quant à l’architecture hôtelière, Fernand Pouillon s’éloigne de son rationalisme des années 50 et emprunte pour ce programme une toute autre voie, celle du pittoresque de l’éclectisme, du multiculturel sans jamais rompre le rapport de continuité entre territoire, ville et architecture.

 

Après deux jours à Séraidi, et les randonnées sur les plages, les montagnes, dans la ville coloniale ou encore à la frontière tunisienne, et au Port-de-la-Calle (el Kala aujourd’hui), nous avons pris la route de la maison (mais cette fois, c’était la bonne).
Départ à 07h pétantes, mon père et mon frère étaient motivés pour conduire une dizaine d’heures en faisant des petits arrêts à Jijel, Skikda, Tigzirt, et un principal arrêt à Béjaia

Bougie (Béjaia) : Yemma Gouraya, gardienne éternelle de Bejaia
Entre amis, en famille, entre camarades, de jour ou de nuit, en hiver ou en été, Bejaia toujours là pour nous accueillir, cette plaine ouverte sur la méditerranée et protégée par ses montagnes  a toute sa vie été convoité par les dynasties berbères, les espagnols, les ottomans et enfin par les français.

13 – Cap Carbon

Connue à l’époque romaine sous le nom de Saldae civitas, elle devient au Moyen Âge l’une des cités les plus prospères de la côte méditerranéenne. D’abord connue en Europe grâce à la qualité de ses chandelles faites de cire d’abeille auxquelles elle a donné son nom « les bougies ».

Peu de vestiges architecturaux du passé glorieux de la ville sont conservés, les palais, la Qayssariya, les fontaines et les dizaines de medersas (universités médiévales) n’ont pas résisté aux attaques espagnoles.

14 – Façade maritime de Bougie

Le quartier historique mêle les architectures espagnole et française. Le front de mer de Bejaia avec sa place gueydon (le balcon sur la mer) inspiré de celui de Nice est représentatif de l’architecture française. Sans oublier bien sur ses paysages virevoltants à l’image de Cap carbon avec son  phare le plus haut du monde.

Yamine Bitam

Crédits photographiques

1 – Circuit du voyage, entre tizi ouzou et batna (google map)
2 – Timgad, le théatre, la ville romaine (photo personnelle)
3 – Timgad, le maximus et le decumanus (photo personnelle)
4 – Les ponts el kanatara et sidi mcid (photo personnelle)
5 – Pont des chutes (photo personnelle)
6 – L’Université de Constantine (photo personnelle)
7 – Grande mosquée de constantine (photo personnelle)
8 – La maison Chaoui, des Aurés (photo personnelle)
9 – Les balcons de Ghoufi, le canyon (photo personnelle)
10 – Les troglodytes (photo personnelle)
11 – Vue plongeante à partie du sommet de Séraidi (photo personnelle)
12 – Hôtel el mountazah (photo personnelle)
13 – Cap Carbon (photo personnelle)
14 – Façade maritime de Bougie (photo personnelle)


Bibliographie, vidéographie

https://youtu.be/qen9dEIWVh8
http://agora.qc.ca/dossiers/Algerie
http://www.routard.com/guide_voyage_lieu/6780-bejaia.htm
http://whc.unesco.org/fr/list/194