PARCOURS BELGE.

Premier week end d’octobre, je me familiarise tout juste avec Bruxelles. Un mois que je parcours ces rues mais je sais qu’à cette époque elles ne m’appartiennent encore absolument pas.                         J’ai découvert que pour 5€ le « go pass » Belge me permet de me rendre n’ importe où dans le pays. On m’a beaucoup parlé de la Flandre et je souhaite voir de mes propres yeux cette différence qu’on dit folle entre cette partie du pays ce que j’en ai déjà vu.             Mes premiers objectifs sont Gand (Gent en Flamand) et Bruges. Bruges, « très touristique » me raconte-t-on, Gand, « très beau ».             Je m’en vais vérifier.

Gand/Gent, premier regard.

Parking vélos, aux abords de la gare de Gent.

Parking vélos, aux abords de la gare de Gent.

En arrivant à Gand, la première chose qui me frappe, ce sont les vélos. Je suis à peine sortie de la gare mais déjà, je me sens vraiment ailleurs. Des centaines de vélos devant moi, à la place de ce qui serait d’habitude un parking voiture… Alors c’est vrai, qu’ils vivent à la danoise, à l’allemande, ces flamands!  Je me demande pourquoi tant de différence à moins de 60 kilomètres. C’est culturel paraît-il…

En entrant dans la ville, ce sont de petites rues pas forcément resplendissantes, des boutiques vides, des démolitions en cours. Il faut dire qu’il fait gris. Mais plus je marche, plus je ressens cette ambiance qui n’est pas celle de Bruxelles mais qui me rappelle quelques quartiers de Berlin. Les rues sont vertes, certaines sont investies par les cafés,  il y a quelque chose de libre mais tout est nikel. Bruxelles possède cette souplesse de la rue, cette spontanéité mais dans le bazar, la crasse parfois. Ici c’est propre. Je passe devant les anciennes manufactures en briquette rouge et les hautes maisons aux dessins de façade flamand ou art nouveau.

Et puis très vite, on trouve l’eau. Elle est partout dans Gand, des canaux presque toujours aménagés pour être parcourus. Les maisons ont les pieds dans la Lys, elles semblent y flotter, avec parfois une petite terrasse, un morceau de jardin et une barque. En remontant ces petits canaux jusqu’aux limites de la ville on en trouve un plus grand, le Terneuzen qui remonte vers la frontière danoise et se jette, une dizaine de kilomètre au-delà, dans la mer du nord. Gand est donc un port, une ville qui vit avec le mouvement de l’eau et le passage des bateaux sur sont canal. Bruxelles serait différente si elle vivait avec l’eau. Ici c’est imprégné dans l’identité de la ville, les différents bras de la Lys se faufilent dans son centre, se dédoublent et grossissent avec son tissu de maisons et d’industries qui n’en sont plus.

C’est une première des beautés de Gand. La seconde est dans les détails, la finesse des assemblages, la justesse discrète des aménagements. Le tram, là bas, semble glisser dans la ville sans la perturber. Le trottoir de pavés se soulève tout simplement en une légère pente pour s’adapter à la hauteur des portes et devenir un arrêt. Il ya bien sur les caténaires mais au sol, l’aménagement est déconcertant d’élégance. Ce sera la première fois que je me donne tant de mal pour photographier une ligne de tram (la photo n’en vaut pas la peine..)!

Robrecht and Daem, Market Hall.

Market Hall, Robrecht and Daem, Gent.

Market Hall, Robrecht and Daem, Gent.

Ce n’est qu’à la nuit tombée que je découvre le « Market Hall », pourtant situé en plein cœur de Gand.

Je suis heureuse d’avoir pu observer le très beau spectacle de sa découpe sur le fond marine du ciel. Il s’agit d’une haute structure d’acier recouverte de verre et de bois et reposant sur quatre larges piliers de béton. Deux toits qui s’imbriquent et viennent protéger une forte lumière jaune, comme un foyer chaleureux sur cette grande place. De jour, ces deux toits abritent le marché ainsi que les autres événements proposés tout au long de l’année par la commune. Ce projet, mené par le cabinet d’architecture Robrecht and Daem, vient en fait réhabiliter toute la place centrale. S’inscrivant dans le relief pour proposer des équipements supplémentaires (brasserie, sanitaires publics et parking vélo), il a été pensé pour redonner une véritable image à cet espace qui avait subi d’importantes démolitions lors d’une exposition universelle en 1913 et n’avait vu  aboutir aucun projet de restructuration depuis lors. Le volume du Market Hall s’inscrit dans un rapport direct avec les maisons flamandes qui l’entourent, en respectant l’impact fort de l’Eglise saint Nicolas et du Beffroi sur lesquels il s’ouvre. Ce qui m’a le plus frappé reste la matérialité de ce projet, la beauté chaleureuse du bois, la force du béton et la finesse des percements en lanière (13000 !) dans la toiture de verre.

Market Hall, Robrecht and Daem, Gent.

Market Hall, Robrecht and Daem, Gent.

Ce « Market Hall » est, me semble-t-il,  à l’image de la ville de Gand. Il se construit comme elle avec une certaine justesse, dans les détails et la subtilité. La beauté d’un environnement et le soin apporté à nos décors change très certainement un quotidien urbain, c’est ce que l’on se dit en imaginant la vie ici.

Médiagraphie:

Site des architectes Robrecht and Daem: www.robbrechtendaem.com

Solène Gautron, so.gautron@hotmail.com