La ville de Mexico a été construite sur la plus grande ville de l’empire Aztèque, Tenochtitlán. Aujourd’hui on peut encore en apercevoir quelques vestiges vers la place du zócalo, à côté de la cathédrale de Mexico.

Lorsque je décide de visiter ce site archéologique, j’ai déjà recueilli de nombreuses informations concernant cette ancienne ville. En effet, durant cette année d’échange au Mexique, je suis des cours sur les civilisations précolombiennes à l’université. J’ai déjà eu l’occasion de visiter des sites archéologiques, les plus connus, autour de la capitale, cependant je n’ai pas encore eu le temps d’explorer celui de Tenochtitlán qui se trouve en plein milieu du centre-ville. D’ailleurs ceci me surprend un peu, j’ai déjà été plusieurs fois dans le centre-ville, vers la cathédrale et je n’ai jamais observé le moindre vestige. C’est donc étonnée que je me rends une fois de plus sur la place du zócalo. Arrivée à destination, je fais le tour de l’immense place à la recherche du site archéologique. Après plusieurs aller-retours je décide de demander où se trouve le site étant donné que je ne le trouve pas. On m’indique alors une barrière de palissade en tôle, coincée entre une rue et le côté droit de la cathédrale. En m’approchant je constate en effet qu’il s’agit bien de l’entrée du site, je suis très étonnée que celui-ci ne sois pas mis en valeur.

Avant tout, Tenochtitlán est une ville construite à partir de légendes. En 1325, un peuple, jusqu’alors nomade, s’est installé sur l’île que l’on aperçoit depuis les bords du lac de Texcoco. Leur nomadisme a débuté une centaine d’années plus tôt suite à l’abandon de la ville d’Aztlán, c’est pourquoi on parle de l’empire Aztèque (Aztèque faisant référence au peuple venant d’Aztlán). En réalité il serait plus juste de les appeler les Mexicas car une fois arrivé sur l’île une nouvelle culture a vu le jour, cependant, l’appellation de cet ancien peuple, Aztèque, reste très ancrée dans la culture Mexicaine et on entend plus souvent parler d’Aztèque que de Mexicas.  La légende raconte que lorsque le peuple apercevra un aigle, un serpent à la bouche, posé sur un nopal, celui-ci devra fonder sa nouvelle ville. Ce symbole est aujourd’hui présent sur le drapeau du Mexique.

L’aigle tenant dans son bec un serpent, perché sur un nopal, symbole présent sur le drapeau du Mexique. Source: https://voyager-au-mexique.com/drapeau-du-mexique/

Grâce à ses années de nomadisme et leur rencontre avec d’autres peuples Mésoaméricains, les Mexicas ont acquis et accumulé de nombreuses connaissances notamment dans le domaine de l’hydraulique et de l’agriculture. C’est ainsi que se développe à très grande vitesse la ville de Tenochtitlán, proposant des infrastructures permettant de séparer l’eau salée de l’eau douce dans le lac de Texcoco et ainsi d’avoir une agriculture florissante.

La ville s’est développée suivant différentes phases. La première chose que les Mexicas construisent en arrivant sur cette nouvelle terre est la construction du centre religieux, en effet, les croyances divines ont une telle importance dans la culture de cette civilisation que toute la ville va découler de cette implantation. Le centre religieux est placé de manière à se retrouver au centre de la ville comme si celui-ci était le nombril, autour, la ville va être divisée en quatre quarts, séparés par les rues principales. Ensuite, les pyramides et temples prennent de plus en plus d’importance et se transforment en architecture monumentale de par leur taille. A  son apogée, Tenochtitlán regroupait autour de 200 000 habitants. Une fois que la ville a atteint la limite de son développement, les constructions architectoniques se décentralisent ce qui favorise une construction aux alentours de la ville et qui, de plus, est de meilleur qualité. La dernière phase correspond à la venue des conquistadores qui, petit à petit déconstruisent cette cité afin d’édifier leur nouvelle ville sur l’ancien emplacement de Tenochtitlán.

Aujourd’hui il est impossible de restaurer les vestiges que l’on aperçoit à ciel ouvert car la plupart des matériaux de construction des pyramides ont été utilisés afin de construire les nouveaux édifices publics (notamment la cathédrale) des conquistadors.

La cathédrale, construite à partir des matériaux de l’ancienne cité

Le premier édifice que l’on peut observer à l’intérieur du site est le plus important de Tenochtitlán, c’est le « Templo Mayor ». Cet édifice est parfaitement orienté, sa façade principale est tournée vers l’ouest, orientation sacrée pour ce peuple. A chaque fois que le peuple souhaitait l’agrandir, ils construisirent un nouvel édifice sur l’ancien, la pyramide du « Templo Mayor » est donc composée d’une succession de sept étapes de construction, recouvrant ainsi les pyramides les plus anciennes sans les endommager. Malgré ses différents agrandissements, son statut est resté le même, il a toujours été dédié aux dieux Tláloc (dieu de la pluie) et Huitzilopochtli (dieu de la guerre). Ainsi deux temples se situaient au sommet de la pyramide atteignant 30 mètre de haut lors de sa dernière étape de construction. L’étape que l’on peut voir actuellement sur le site correspond principalement à l’emprise au sol de la pyramide lors de sa sixième étape de construction (1486-1502 après J.C). L’image d’une cité construite en pierre apparente est trompeuse, en effet, toute la ville était peinte principalement de couleur rouge et un grand nombre de sculptures de dieux ornaient les différentes façades des pyramides. Aujourd’hui, il est possible d’observer des fragments de peinture dans certains recoins mais la plupart des fresques n’ont pas perduré. Sur la façade principale de la pyramide (façade ouest) deux escaliers permettaient l’accès aux temples, sur ses cotés un limon se terminant par une tête de serpent caractérisait ces escaliers, il s’agit de la représentation du dieu Quetzalcóatl. L’orientation de tous les autres édifices dans le centre cérémonial va dépendre du « Templo Mayor » servant de point de repère à chaque construction.

Les deux escaliers permettant l’accès aux temples avec sur ses cotés un limon se terminant par une tête de serpent.

En poursuivant la visite, le parcours nous emmène vers la partie centrale de l’ancienne pyramide, ce qui nous permet de découvrir une sculpture appelée Chac Mool présente à l’intérieur du temple de Tláloc, il date de la phase deux de la pyramide. Cette statue représente un homme à demi allongé sur le dos et portant sur le ventre une coupelle recevant les offrandes. Elle est relativement bien conservée grâce, notamment, aux constructions des phases suivantes qui ont pu la protéger. Ainsi on peut observer une partie de ses couleurs d’origine ce qui nous donne une idée des couleurs que l’on pouvait voir à l’époque dans toute la ville.

En continuant au nord, on peut observer l’autel « Tzompantli » situé sur la plateforme haute de la pyramide. Il était destiné à recevoir les têtes décapitées encore saignantes des prisonniers de guerre victimes des sacrifices. Il est de forme carré et richement décoré de têtes sculptées dans la pierre, il a été recouvert lors de la construction de la dernière phase.

Détail des têtes sculptées du Tzompantli.

La suite de la visite nous amène vers la « casa de las Aguilas » une autre construction significative de l’ancienne ville. Ce palace possède une forme de L, on peut y observer des vestiges de piliers et de banquettes décorés avec des guerriers Mexicas. Le nom de cet édifice a été donné suite à la découverte de deux têtes d’aigles en argile trouvées sur la banquette de part et d’autre de la porte s’ouvrant sur la façade ouest. Les archéologues ont attribué cette construction à la cinquième phase ce qui signifie qu’elle a été construite autour entre les années 1481 et 1486 après J.C.

Le troisième bâtiment également construit lors de la sixième phase est le « Templo Rojo » (rojo signifie rouge), il est situé à l’angle nord-est de la pyramide du « Templo Mayor » et comme son nom l’indique, le rouge domine sur cet édifice. Différents autels sont situés au sein d’un « hall » que l’on distingue grâce à une fresque d’anneaux délimitant le temple rouge. La découverte se termine par l’exploration du musée qui retrace l’histoire de Tenochtitlán et les objets du quotidien ayant été retrouvés lors des fouilles.

Autel du « Templo Rojo ».

D’après certains documents historiques, le centre religieux de Tenochtitlán comportait près de 78 édifices. De nos jours seuls 36 ont été détectés sous des bâtiments du centre-ville ou sur le site archéologique. D’ailleurs, à l’intérieur même de la cathédrale, il est possible d’observer des vestiges. Trois constructions ont été détectées, le « Templo del sol », le « Templo de Ehécatl-Quetzalcóatl » et celui de « Teotlachco », tous trois datent approximativement de 1480. Aujourd’hui, il est possible de les observer grâce à la mise en place de « fenêtres archéologiques ».

Malgré les efforts de la ville de Mexico pour mettre en avant leur patrimoine, le site archéologique m’a semblé difficile d’accès et peu visible depuis la plus grande place de la capitale. Néanmoins, je reviens de cette visite avec davantage d’informations sur les civilisations précolombiennes.

Céline Desbois

Séjour du 01/08/2015 au 29/07/2016

Photographies de l’auteur.

Bibliographie: