La ville de Rodez et Pierre Soulages 

Située en plein territoire Aveyronnais caractérisé par un paysage constitué de champs, de collines et de talus arborés, la ville de Rodez accueille un musée dédié a un peintre de stature internationale, celui de Pierre Soulages. La ville se situe sur le point culminant  d’un relief de forme conique localement appelé «le piton rocheux» et se constitue majoritairement de rues en pentes.

Petite ville de 85000 habitants, Rodez est la ville natale à laquelle demeure toujours attaché le peintre Pierre Soulages. Né en 1919 d’une famille artisane, l’artiste est un peintre contemporain fortement connu pour la domination du noir sous différentes formes dans ses peintures ou encore pour ses travaux sur le bronze ou encore le brou de noix. Lors d’une visite de l’abbatiale de Conques en 1931, Soulages est à la fois bouleversé et ému par l’architecture qu’il décide par la suite de consacrer sa vie à la peinture et éprouve aussi un vif intérêt pour l’art pariétal. Le musée Soulages de Rodez est un musée dédié entièrement à son œuvre qui présente un aspect monographique sans pour autant refuser d’ouvrir ses portes à des expositions d’autres artistes.

Vue de Rodez et de sa cathédrale

Vue de Rodez et de sa cathédrale [Photographie de Vincent Cuzon] 

La naissance du projet du musée Soulages est due à une succession de contextes, en effet, en septembre 2002 lors de la réouverture du musée Fenaille, Soulages y effectue une visite et apprécie la scénographie des statues de Menhir. Le maire et président de la communauté d’agglomération du Grand Rodez, Marc Censi confirme ainsi au peintre son idée de présenter au grand public ses travaux préparatoires de vitraux de Conques (1986-1994). Le ministre de la culture Jean Jacques Aillagon soutient l’idée.

En septembre 2005 Pierre Soulages et sa femme Colette font un don à l’agglomération du Grand Rodez, ce don était en majorité d’œuvres qu’il réalisa pendant sa jeunesse, des peintures sur papiers, des brous de noix, des toiles peintes (entre 1946 et 1971), de multiples estampes et des travaux préparatoires des vitraux de l’abbaye de Conques. C’est ainsi que naît dans ces contextes une volonté de l’agglomération du Grand Rodez de réaliser un musée ou seront conservées et présentées les œuvres du peintre, un musée entièrement dédié à son travail, s’en suit un recherche du lieu où sera implanté le musée et de sa forme.

Plan masse du Musée Soulages

Plan masse du Musée Soulages [Image du livre : Musée Soulages, Conception RCR Arquitectes]                                                           Plan de situation [Image du livre : Musée Soulages, Conception RCR Arquitectes]

Le site trouvé est assez étonnant et rare pour une petite préfecture comme Rodez, car il se situe en plein centre-ville, un terrain vierge de 3 hectares qui est un ancien foirail, véritable belvédère sur la ville basse de Rodez et les monts de l’Aubrac. Les études réalisées confirment ainsi que le terrain peut accueillir un pôle culturel que la municipalité souhaite, un centre de congrès, un multiplex cinématographique ainsi que le Musée Soulage . L’appel d’offre est ainsi lancé le 4 Mai 2007 et attire 98 candidatures, ou l’on retrouve des grands noms de l’architecture tels que Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, Dominique Perrault ou encore Rudy Riccioti.

Dès fin juin 2007, le jury, composé d’élus locaux, de représentants de l’Etat, de professionnels, de personnalités sélectionne 4 agences: celle de Paul Andreau connu pour ses réalisations de grands aéroports et l’opéra de Pékin; la deuxième agence est celle de Marc Barani qui réalisa le Musée Fernand Leger à Briot, ensuite celle de Kengo Kuma (signataire du Frac de Franche Comtée) et pour finir l’agence RCR, agence catalane constituée de Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta qui travaillent ensemble depuis 1988 à Olot en Catalogne et ayant un intérêt manifeste pour l’art contemporain.

Pierre Soulage et RCR [Image du livre Musée Soulages, Conception RCR Arquitectes]

Rencontre entre Pierre Soulages et RCR à l’issue du concours [Image du livre : Musée Soulages, Conception RCR Arquitectes]

Le projet comporte 2 enjeux principaux, le premier est d’ordre contextuel, car la nouvelle construction se situe dans de périmètre de protection de la cathédrale classée monument historique, le second est culturel car ce nouveau Musée constitue avec les musées Fenaille et Denys-Puech «une famille dont il doit se démarquer tout en évitant d’évoquer un mausolée ou un palais». Concrètement le programme imposé comprend une salle d’exposition de présentation permanente des collections de Pierre Soulages, une salle d’exposition temporaire, des espaces de réserve, un hall d’accueil au public comprenant une billetterie, une librairie  et une cafétéria, des espaces d’action de médiation avec un auditorium, une bibliothèque et un centre de recherches, le tout pour une superficie totale de 6807 m² et un coût évalué à 15,7 millions d’euros. Dès le 8 janvier 2008 s’effectue le 4ème tour de scrutin, le jury présidé par Chemetov et Pierre Soulages, retient à l’unanimité des autres membres et de Pierre Soulages le projet de l’agence catalane pour «son excellente prise en compte du site et sa proposition d’un paysage nouveau».

De haut en bas - Plan de l'espace d'exposition / Plan de l'accueil - Suivi de la coupe des salles d'exposition - Maquette de concours et coupes transversales

De haut en bas – Plan de l’espace d’exposition / Plan de l’accueil – Suivi de la coupe des salles d’exposition – Maquette de concours et les coupes transversales – [Image du livre : Musée Soulages, Conception RCR Arquitectes]

Le choix de RCR est exceptionnel et important car le jury a mis en symbiose à la fois un peintre attentif à l’architecture et trois architectes qui sont sensibles à l’art contemporain. De plus le peintre s’intéresse de près aux travaux de RCR en visitant leurs réalisations en Catalogne. Cette attention et ce vif intérêt pour l’architecture du peintre sont aussi dues au fait qu’il appartient à la lignée des artistes qui vers 1960 se rapprochent des architectes afin de trouver un lien commun aux deux disciplines, le lien étant «l’espace». De plus Pierre Soulages et les trois jeunes architectes de l’agence ont un intérêt commun pour l’art pariétal, le métal et le travail de Mies van der Rohe qui est pour eux un modèle pur du «minimalisme et de la rigueur technique et constructive». Le 20 octobre 2010 la 1ère pierre est posée et le musée ouvre officiellement ses portes le 31 Mai 2014.

Le Musée

Façade nord du musée

Façade nord du musée

Du côté sud, face au cœur de la ville de Rodez, en retrait de l’avenue Victor Hugo, derrière les arbres apparaît une ligne horizontale brune, discrète et ancrée dans le paysage du parc. Du côté Nord, celui de la ville basse de Rodez, surgissent de la plaine  quatre volumes faits d’acier corten entièrement aveugles, sans oublié un cinquième volume en retrait. En effet «la forme suit la fonction» puisque les volumes reflètent l’organisation intérieure du musée: l’un contient la brasserie du grand chef étoilé Michel Bras, le second est dédié aux expositions temporaires et les trois autres sont dédiés à l’exposition des œuvres de Soulages, une ligne horizontale traverse ces trois volumes où sont exposés les débuts du peintre ainsi que ses peintures et l’Outrenoir. Dans la plupart de leurs travaux, l’agence RCR utilise le plus souvent le même matériau: le métal, l’agence utilisant souvent comme peau extérieur, matériau de seconde œuvre ou encore de mobilier. Sauf que cette fois ci pour le musée Soulages, le matériau change d’échelle: on a ainsi des panneaux de 14,4 m de haut pour 1,8 m de large et 6 mm d’épaisseur, ce qui a nécessité une étude pour un système de fixation particulier sur les murs de béton qu’ils habillent; la rouille choisie pour l’enveloppe extérieure s’est oxydée et semble rappeler les couleurs rosées de la cathédrale.

Vue sur la façade nord du Café Bras

Vue sur la façade nord du Café Bras

Pour le choix d’implantation du musée, l’agence catalane choisit un lieu stratégique dans l’ancien foirail, au sein de la lisière nord et sud, sur un terrain plat qui s’incline légèrement avec une pente de 12 mètre de haut vers le boulevard. Le lieux est aussi stratégique car il se situe aussi entre deux tissus urbains de Rodez, celui de la ville médiévale avec son centre historique et de l’autre côté de nouvelles extensions urbaines mais aussi entre deux paysages différents: celui des montagnes de l’Aubrac et la ville. Cette implantation au sein de l’ancien foirail vise aussi à préserver le parc, le maître mot de RCR étant «être présent sans déranger», l’agence fait alors appel à des artistes qui savent composer et être en harmonie avec le paysage tel que des paysagistes ou encore des grands noms de la sculpture comme Donald Judd, Eduardo Chillida ou encore Jorge Oteiza.

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Vue des vitrines annonçant le musée depuis le parc et vue d’un banc du parc

La disposition nord sud du bâtiment permet d’avoir ainsi deux façades entièrement distinctes ainsi du côté sud le musée parait discret et du coté nord il apparaît comme un signal incontournable pour les Ruthénois, les passants, les automobilistes, les transports en commun. Le musée dégage alors une présence matérielle avec ses volumes saillants, parallélépipédiques qui sont en équilibre instable sur le versant nord.

RCR donne de la légèreté et de la respiration grâce aux espaces entre les blocs évoquant des «fenestràs aveyronnaises» (vastes ouvertures ménageant une vue sur le paysage environnant au quatre points cardinaux de la ville)  avec  un passage public traversant qui permet d’ancrer encore plus le musée dans son site et de faciliter le déplacement des passants. L’ensemble extérieur forme un tout harmonieux, de simples banc en acier rouillé légèrement courbés sont placés ponctuellement le long du chemin aménagé dans le jardin public côté nord.

Le bâtiment s’organise sur 3 strates en son intérieur : la première constitue celle des réserves, la plus basse qui n’est pas perceptible de l’extérieur, la seconde strate, située entre la plus haute et la plus basse correspond aux salles d’exposition tandis que la strate supérieure est constituée du hall principal, de la librairie et de la passerelle conduisant à la brasserie et la salle de présentation.

On remarque de plus que les bâtiments alentours au musée , situés autour de la vaste place du parc ont comme un même langage architectural dans leur relation avec l’espace public, tout comme le musée à son entrée: la salle de congrès est marquée par un large et grand porte -à-faux  tout comme le bâtiment dédié à la salle de cinéma avec son porte-à-faux plat et très horizontal qui s’élance sur l’espace public. Du côté Nord du musée, on observe que l’arrière du multiplex cinématographique est aussi en parfaite harmonie avec la volumétrie du musée, trois parallélépipèdes accolés recouverts d’un bardage en acier sont tournés vers le jardin public en dessous duquel se trouve le parking. Du côté Est du musée est aménagé un parc de jeux pour enfants suivi d’un kiosque.  Le mobilier du parc qui accueille les vitrines annonçant le musée est aussi en harmonie avec la matérialité du musée par leur couleur rouille due à l’oxydation de l’acier.

Vue depuis la Place V.Hugo , avec le cinéma,le musée et la cathédrale

Place du parc , avec le cinéma,le musée et la cathédrale

Vue côté Parc du musée

Vue côté Parc du musée

De plus, étant dissimulé et ancré dans le paysage du parc le musée paraît discret et ne se dévoile pas complètement ; l’entrée du musée se situe sur la façade sud, en plein cœur de l’ancien foirail, elle se fait sous un grand porte à faux de 12 m de long pour une hauteur sous plafond de 1m80, on a comme l’impression de se glisser sous une fente, cet effet étant du à la surélévation du parc et la hauteur des murs du musée.
L’entrée se fait par deux porte placées en quinconce précédées d’un plancher calepiné en métal couleur rouille.

Musée Soulages depuis le parc

Musée Soulages depuis le parc

Une fois ces portes passées, la transition se fait, entre cet espace extérieur sous porte à faux plutôt ombragé et on atterrit dans le hall d’entrée vaste espace avec ses murs blancs avec son sol en métal argenté. Cet espace comprend la billetterie et la bibliothèque. Une fois le hall traversé, l’entrée du musée se situe sur la gauche. On découvre alors dans un vaste espace entièrement blanc cloisonné de murs hauts, surmonté d’un éclairage zénithal latéral, la descente se fait par un grand escalier avec des marches en acier et un garde-corps en inox. Une fois la descente terminée, changement d’atmosphère et d’ambiance, se dévoile à nous un espace sombre avec des poutres, des parois, des meubles en acier bleui; il s’agit du premier espace: le prologue, on est accueilli par une  photographie de Pierre Soulages à l’age de 94 ans signée Vincent Cunillère.

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L’acier est utilisé  pour renforcer la relation entre l’architecture du bâtiment et les œuvres de Pierre Soulages, le lien se remarque entre le brou de noix, utilisé dans le travail du peintre qui est assimilé à la carapace externe du bâtiment en acier corten couleur rouille, la couleur noire dans la peinture de Soulages qui est assimilée aux matériaux sombres utilisés pour l’ambiance intérieure et les nuances de l’acier évoquent les couleurs de Pierre Soulages. L’épure et le minimalisme des volumes de l’architecture font écho aux grandes masses des Outrenoirs. En effet comme Pierre Soulages le montre, il soutient la démarche de RCR convaincu que l’utilisation de l’acier corten «se marie bien avec l’architecture de la ville, avec la cathédrale et avec les brous de noix». Les murs internes sont constitués de panneaux d’acier toute hauteur, d’un gris bleu réfléchissant composé de taches, et parait plutôt lisse au toucher.

Entrée du prologue

Entrée du prologue

Tandis qu’au sol, le parquet de métal se répartit dans les salles grâce avec ses lattes étroites qui produisent un dégradé de gris, allant d’un gris clair bleuté à un gris foncé qui accentuent la profondeur de quelques salles. Au niveau des grandes fenêtres toute hauteur, on observe des stores noirs qui permettent d’obstruer la lumière et tout contact avec l’extérieur et on peut aussi observer des assises entre les poteaux métalliques. Dans les autres salles comme celle dédié aux vitraux de Conques, le parquet se transforme en dallage et permet d’affirmer la largeur de la salle. De plus, il est intéressant de noter que RCR inverse des principes habituels, les espaces noirs sont précédés de fenêtres tandis que les salles blanches sont enfermées dans les volumes aveugles: «le noir vit et vibre, alors que le blanc s’immobilise et se cristallise».

La salle des premières peintures

En continuant la visite et en se dirigeant vers le font de la pièce, on se retrouve sur un espace où sont exposés les premières peintures de Pierre Soulages ainsi que des vitrines plates placées dès la première salle qui présentent les œuvres de jeunesse, renferment affiches, photos, livres relatifs à Soulages reçus lors de la donation.  Dans ce même espace, sur la gauche se situe l’entrée de la salle d’expositions temporaires de 500 m² sensée accueillir des expositions de niveau international, cette salle n’était malheureusement pas ouverte lors de ma visite au musée, elle est sensée accueillir 3 expositions par an. On remarque que la lumière est déclinée de manière différente en fonction des œuvres présentées et que les sources lumineuses ne sont pas laissées apparentes.

Salle des premières peintures

Salle des premières peintures

La salle des brous de noix

La visite se poursuit dans la salle des brous de noix, salle étroite et rectangulaire qui se situe dans un volume aveugle où sont exposées les œuvres sur papier de son travail avec le brou de noix. Les œuvres exposées bénéficient d’un éclairage naturel indirect issu d’une faille dans le plafond. Il faut savoir que Pierre Soulages commence ses premiers brous de noix dès 1947 lorsqu’il s’installe à Paris, il applique ainsi cette matière traditionnellement utilisée par les artisans pour teindre le bois à l’aide de pinceaux de peintres en bâtiment. Par sa fluidité, le brou de noix permet au peintre de jouer avec de multiples propriétés plastiques telles que l’intensité et la chaleur des noirs ou encore la transparence: «au contact du brou, le blanc du papier fait vibrer la lumière». En plus des brous de noix, cette salle aveugle présente des gouaches et des encres sans oublier des œuvres sur papier postérieures. Les œuvres sont marquées par de vigoureux coup de brosses créant des formes abstraites.

Salle des Brous de noix

Salle des Brous de noix

La salle des Estampes
Au fond de la salle se situe l’ouverture qui amène à la salle des estampes, où sont exposées les grandes impressions du peintre. L’estampe étant pour Pierre Soulages une nouvelle matière d’exploration des techniques et des possibilités de la matière. La scénographie y est parfaitement adaptée et les œuvres nous sont révélées dans une demi-pénombre, nécessaire à leur bonne conservation. Pierre Soulages en réalisant des estampes ne fabrique pas directement une image mais une matrice, ainsi les matrices sont présentées avec leur tirage. Les vitrines de la salle sont toute hauteur en acier noir et son équipées de Leds pour l’éclairage. De plus, les estampes ne présentent pas de marie-louise et sont fixées sur un panneau de carton aimanté favorisant un roulement des œuvres.

Salle des estampes, exposition des lithographies

Salle des estampes, exposition des lithographies

Les vitrines sont disposées dans l’espace de manière à ce que le visiteur découvre les estampes petit à petit, elles donnent de ce fait  de la profondeur à l’espace et sont disposées comme des arbres dans une forêt, en quinconce. Chacune des vitrines peut coulisser sur un rail dissimulé dans le plafond pour être déplacée et disposée autrement vers la droite ou vers la gauche.
C’est dans cette demi pénombre que l’on découvre le fameux travail du peintre sur la technique de l’eau forte, travail qui lui a valu sa réputation. Sa production n’est pas régulière mais correspond à des temps et des périodes différentes réalisée entre 1950 et les années 70, il est aussi intéressant de noter que le musée possède la totalité des œuvres imprimées de Pierre Soulages ce qui représente  49 eaux-fortes, 41 lithographies et 26 sérigraphies. L’utilisation de la gravure dans le travail de Pierre Soulages lui permet de jouer avec la matière, la texture, le volume, chose «qui ne pouvait apparaître dans la peinture» comme il le dit.

Gravure et estampe

Vue d’une estampe et de sa gravure

Dans cette  salle les gravures de Soulages sont enrichies de couleurs très subtiles, pariétales, chaudes et sombres autour de l’ocre et le brun. Face à chaque estampe d’eau forte, sont placées des vitrines dans lesquelles reposent les gravures en bronze, qui sont les représentations en relief des estampes .
De plus, dans cet espace dédié aux estampes, on peut apercevoir trois remarquables gravures en bronze presque dorées qui luisent sur les mur sombres en acier, elles ont été polis et creusés directement par l’artiste. D’autres procédés utilisés par le peintre sont exposés comme son travail en lithographie, ses sérigraphies. Selon le peintre, une lithographie ne doit ressembler ni à un dessin ni à une peinture, et elle doit être issue de la technique qui la produite, ses lithographies sont donc ponctué du geste artistique, avec de larges traces correspondant à la largeur de l’outils utilisé; les couleurs employées sont contrastées avec l’utilisation du marron, de bleu profond, de noir, qui s’opposent au blanc du papier.

La Salle des peintures sur papier et la salle des peintures sur toile

La visite muséale se poursuit dans la salle des peintures sur papiers, vaste espace avec ses hauts vitrages et une plus grande hauteur sous plafond. La visite se prolonge dans le second volume aveugle.  Dans cette salle sont exposés 21 huiles sur toile réalisées de 1940 à 1970 issues de la première donation. Celles-ci témoignent de l’utilisation récurrente du noir par Pierre Soulages.

Salle des peintures sur papier

Salle des peintures sur papiers

La visite se poursuit, nous tombons sur de  grandes peintures sur toiles exposées dans la très grande salle sur des murs gris sont éclairées avec une lumière artificielle. Avec ces grandes toiles abstraites, l’artiste joue avec les rythmes et effets de lumière plus qu’avec les couleurs-mêmes et l’attention n’est pas apportée sur la forme mais plutôt sur le geste artistique, les peintures présentent de multiples formes abstraites avec des traits très affirmés.

Salle des peintures sur toile

Salle des peintures sur toile

Peinture Abstraite , 14 avril 1956 , 195 x 365 cm

Peinture Abstraite , 14 avril 1956 , 195 x 365 cm

La salle des Outrenoirs

Après avoir contemplé les gigantesques toiles abstraites, se dévoile la fameuse salle d’Outrenoir; ces Outrenoirs ont été réalisé par l’artiste depuis 1979 jusqu’à nos jours. Il est intéressant de savoir que ce terme a vu le jour en janvier 1979 où Soulages en travaillant sur un tableau ajoutait et retirait à plusieurs reprises du noir pendant des heures. Etant désespéré et ne sachant vers ou se diriger, il quitte son atelier. En revenant le lendemain, il se rend compte en allumant la lumière de l’effet de celle-ci sur sa peinture; c’est de là que naît le «noir-lumière» qui deviendra ensuite l’Outrenoir, le noir devient alors pour Pierre Soulages «émetteur de clarté, de lumière secrète». La majorité des œuvres exposés sont de grands tableaux, marqués de reliefs et accrochés par des câbles tendus provenant du plafond. De plus on remarque le geste de l’artiste grâce aux outils utilisés pour la réalisation de ces Outrenoirs, les gestes de brosse viennent strier les panneaux et donner du mouvement.
L’Outrenoir est scarifié ou posé en relief, la matière est superposée ou arrachée et le noir prend vie par son aspect brillant et mat mis en valeur par les reflets lumineux.  Les murs latéraux de la salle sont recouverts de panneaux d’acier tacheté, similaires aux autres salles tandis que le mur du fond accueillant le long Outrenoir est d’un gris clair.

Salle des Outrenoir

Salle des Outrenoirs

Ces géants panneaux sont exposés dans la salle où de hautes baies vitrées orientées plein nord à l’image d’un atelier d’artiste permettent la diffusion d’une lumière naturelle et régulière. Cette lumière est filtrée par les stores noirs qui occultent légèrement la luminosité. En plus de cette lumière naturelle, des lumière artificielles assurent le relais quand l’intensité lumineuse naturelle s’affaiblit.

La salle de Conques

Une fois la déambulation terminée autour des Outrenoirs, nous arrivons enfin à la dernière salle,celle dédiée aux travaux des vitraux de Conques, où sont exposés ces fameux travaux préparatoires du peintre. Nous entrons ainsi dans une  salle aveugle ou la verticalité est affirmée,  composée de murs de 12m de haut qui font écho à la verticalité de l’abbatiale de Conques. L’acier revêtant le sol de la salle est un acier décapé et s’organise sous forme de dallage. Malgré le fait qu’elle soit dépourvue de toute fenêtre, la salle des vitraux est éclairée par une lumière naturelle zénithale qui donne une atmosphère sacrée à la salle.

Salle de Conques

Salle de Conques

Mais il ne faut pas oublier que l’intérêt d’avoir des volumes aveugles est aussi de protéger les œuvres des rayons lumineux. Dans cette salle sont aussi exposés les outils utilisés pour la réalisation des vitraux ainsi que des outils et des échantillons de verre réalisés en atelier par l’artiste. Ce travail naît d’une commande de l’Etat en 1986 à Pierre Soulages de concevoir de nouveaux vitraux pour les 104 baies de l’abbatiale qui avait perdu ses vitraux d’origine. Il concentra alors ses recherches sur la conception d’un verre translucide et incolore mais qui n’est pas transparent.

Salle de Conques

Salle de Conques

En terminant la visite, la sortie de la salle de conques nous somme redirigés vers la porte d’entrée des salles d’exposition, en empruntant de nouveau les escaliers on se retrouve dans le hall, à la droite de celui-ci se trouve la passerelle menant à la brasserie et au Café Bras. Cette passerelle permet d’avoir un jeu visuel entre deux paysages: celui du cœur du parc et celui de la lisière nord. L’intérieur du Café Bras propose des baies vitrés sur lesquelles reposent des stores noirs translucides, et qui permettent des vues discrètes sur l’extérieur. La façade du Café Bras du côté du parc se constitue de lames d’acier corten verticales dans lesquelles viennent s’intercaler des claustras dans le même matériau au niveau de la terrasse du café  afin d’en préserver l’intimité; on remarque que RCR a pris en compte tous les détails dans la conception du musée comme la poignée de porte du café qui est en acier corten, le sol calepiné ou en encore la corbeille de la terrasse du Café.

Vue depuis l'entrée sur le musée

Vue depuis l’entrée sur le musée

En effet l’œuvre de RCR propose une architecture en totale harmonie avec le travail de Pierre Soulages, par leurs aspects monolithiques, obscurs et mystérieux les volumes saillants donnent l’envie de savoir ce qui se trouve à l’intérieur. Cette visite dans l’univers sombre , ténébreux et « noir » de Pierre Soulages a été pour moi une occasion inoubliable et enrichissante dans ma visite de Rodez, dans la mesure où elle m’a permis de m’intéresser de près au travail du peintre et au chef d’œuvre de RCR.

Kilian Taba .

Visite effectuée le 26/10/2016

Sitographie :

–  http://musee-soulages.rodezagglo.fr/wp-content/uploads/2013/05/DP-musees-DEFbd.pdf

-http://www.mba-lyon.fr/static/mba/contenu/pdf/expos/Soulages-XXIe-siecle_MBA%20Lyon_%202012-leger.pdf

-http://lycees.ac-rouen.fr/fecamp/site2/IMG/pdf/Soulages.pdf

-http://musee-soulages.rodezagglo.fr/wp-content/uploads/2014/01/Soulages_dp122013-web.pdf

-http://musee-soulages.rodezagglo.fr/wp-content/uploads/2013/11/estampes-1-oeuvre-imprime-de-pierre-soulages.pdf

-http://musee-soulages.rodezagglo.fr/wp-content/uploads/2016/04/musee-soulages-ecrin-pour-%C5%93uvres-singulieres.pdf

Bibliographie :

-Musée Soulages RCR arquitectes , Dominique Amouroux- Edition jean michel place/architecture – 24 Mai 2014

-Musée Soulages Conception RCR Arquitectes – Edition RCR BUNKA – 27 Mai 2014