Monte Albán est un important site archéologique qui a connu son apogée lors de la période zapotèque entre 200 et 600 après J.-C mais qui aurait été fondé par la civilisation olmèque. Le site se trouve à dix km de la ville de Oaxaca, au Mexique

Rue piétonne Oaxaca

Rue piétonne Oaxaca

La journée débute par un chocolat chaud à la cannelle, spécialité de la ville de Oaxaca, ville coloniale du XVIème siècle aux maisons colorées. Nous rejoignons ensuite le lieu de rendez-vous du bus avec ma sœur. Après quelques minutes d’attente seulement, le soleil nous écrase, nous sommes au mois d’août. Le bus arrive et nous partons enfin pour Monte Albán. Après quelques frayeurs à se demander si la vieille machine parviendrait à nous monter au sommet, nous descendons. Ce site archéologique est situé au centre des trois vallées centrales de Oaxaca. En effet, la première chose remarquable, une fois en haut de la montagne, est ce sublime panorama qui s’offre à nous. Il est encore tôt mais la journée s’annonce très belle.

Cet emplacement n’est toutefois pas dû au hasard. Il s’agit très certainement d’une position stratégique militairement à 400 mètres au-dessus du niveau de la vallée. Mais le choix de ce lieu a aussi une signification religieuse, à savoir,  plus on se rapproche du ciel et plus on se rapproche des dieux. Le travail afin de rendre ce territoire habitable fut titanesque. En effet, les hommes ayant bâti cette capitale zapotèque durent raser plusieurs hectares de terre au sommet de la colline afin de créer cette terrasse gigantesque (équivalente à soixante terrains de football). Ce jour-là, nous étions une centaine de touristes sur le site, mais nous avions l’impression d’être peu nombreux au vue de l’étendue du lieu.

Panorama sur la ville de Oaxaca depuis Monte Albán

Panorama sur la ville de Oaxaca depuis Monte Albán

Monte Albán est un véritable témoignage des civilisations présentes au Mexique de 500 avant J.-C à 850 après J.-C. En effet, il y eut les Olmèques, puis les Zapotèques, ayant fait prospérer la cité, et enfin les Mixtèques. Pour complexifier un peu plus la chose, ce centre cérémoniel a successivement été soumis à différentes influences : celles venues du nord (Teotihuacan, puis aztèque) et celles venues du sud (maya). Cette cité représente la civilisation du savoir, de la tradition et de l’expression artistique. Il a, en effet, été découvert sur le site des hiéroglyphes et des dates gravées. Il semblerait alors que la haute société de Monte Albán soit la première du Mexique à utiliser l’écriture et le calendrier maya. Le calendrier était un groupement de symboles associés au cycle solaire. Son calcul se faisait sur la base des mouvements des principaux astres, à savoir, le soleil et la lune. Ces calendriers étaient très importants pour eux lors de la construction de nouveaux temples afin de bien orienter les constructions. Le site a donc logiquement été inscrit par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité en 1987.

Les premières constructions remontent aux environs de 500 avant J.-C mais la ville connut son apogée entre 250 et 800 après J.-C, avec un regroupement estimé à 35 000 habitants sur 6 km². En plus d’être une capitale impressionnante par son emplacement et ses dimensions, Monte Albán était aussi une cité innovante. En effet, de 300 avant J.-C à 100 avant J.-C, ces hommes ont maîtrisé leur environnement. Ils construisirent des terrasses sur le flanc de la colline et récupérèrent l’eau de pluie pour développer un système de digues et de conduites hydrauliques. Les terrasses, les canaux et les pyramides de Monte Albán ont été littéralement sculptés dans la montagne. La ferveur des Zapotèques nous a laissé de nombreux temples, soigneusement alignés et orientés.

Panorama du flanc Ouest de la montagne

Panorama du flanc Ouest de la montagne

Nous entamons cette visite, ou je devrais plutôt dire cette promenade puisque le site fait 10 km², par la plateforme Nord. Nous montons sur l’edificio E (28 sur le plan), d’où l’on prend conscience de la position des bâtiments les uns par rapport aux autres. Rien n’est laissé au hasard, les édifices sont construits face à face sur deux lignes du Nord au Sud. S’ajoute à cette configuration trois édifices centraux toujours placés sur une ligne du Nord au Sud. L’harmonie que l’on ressent vient d’une articulation judicieuse entre les vides et les volumes bâtis. De plus, chaque édifice présente de grands escaliers. Il s’avère qu’ils sont caractéristiques de la civilisation Zapotèque. Nous redescendons de cette plateforme Nord et entamons cette traversée vers le Sud.

Photo des trois bâtiments centraux de l'axe Nord-Sud

Photo des trois bâtiments centraux de l’axe Nord-Sud

Les constructions s’organisent autour de la « Gran Plaza » centrale (300m x 265m) avec une plateforme de part et d’autre. En regardant de plus près notre guide du routard, on s’aperçoit que cette cité n’est pas faite que de temples (3 et 6 sur le plan), il y a aussi des édifices politiques, des places publiques, des palais résidentiels, des nécropoles et même un jeu de balle (1 sur le plan). Les monuments étaient revêtus d’une couche de stuc peint et de fresques qui ont aujourd’hui disparu. On rencontre une première place publique enterrée, toujours accessible par de grands escaliers et précédée d’un portique à colonnes. Ces colonnes, dont il ne reste aujourd’hui plus que la base, étaient réellement monumentales.

Photo de la place publique enterrée, prise depuis la plateforme Nord

Photo de la place publique enterrée, prise depuis la plateforme Nord

S’ensuivent deux temples sur la ligne de droite. On remarque qu’ils sont orientés vers le centre de la place. Il reste principalement les pyramides tronquées qui permettaient de surélever les édifices. Il existe toujours également les souterrains permettant de relier les palais aux temples, malheureusement, ils ne sont pas accessibles aux visiteurs.

Photo des pyramides tronquées des anciens temples

Photo des pyramides tronquées des anciens temples

Nous reprenons notre marche et allons voir ce qui se passe entre ces deux temples. C’est pendant cette première période allant de 500 à 200 avant J.-C. que furent gravées de nombreuses pierres connues sous le nom de « Danzantes » (« danseurs » 5 sur le plan) et sur lesquelles on peut distinguer des hommes nus. Ce nom leur a sans doute été donné en raison de leur attitude contorsionnée. Cet ensemble de stèles représente une succession de personnages difformes, soigneusement dessinés et détaillés. Personne ne connait la véritable signification de ces pierres. Pour certains, il s’agirait de danseurs, pour d’autres de victimes sacrifiées, ou d’esclaves, ou encore de prisonniers de guerres. Plus récemment quelques archéologues ont émis l’hypothèse de stèles pédagogiques montrant certaines déformations du corps humain. D’autres dalles du même genre furent réalisées postérieurement comme éléments de construction.

Photo des « Danzantes »

Photo des « Danzantes »

Nous continuons en direction de la plateforme Sud et tombons sur le bâtiment J (12 sur le plan) qui est l’édifice de plus important de l’époque. Cette construction de forme irrégulière percée d’un passage intérieur parait avoir été un observatoire astronomique. Contrairement aux autres vestiges du site orientés selon les quatre points cardinaux, cette construction suit la direction 35° Sud-Ouest afin d’observer les astres durant toute l’année. L’observatoire est pointé vers l’étoile Alnilam – l’étoile centrale de la ceinture d’Orion et l’ancien nom de Monte Albán est «Sahandevui» et signifie «au pied des cieux». Un dernier effort nous attend en cette fin de matinée, l’ascension de la plateforme Sud. Il n’y parait pas sur la photo mais les marches de l’escalier s’avère très hautes et surtout nombreuses. Mais la vue une fois en haut en vaut la peine. La plateforme Sud est plus haute et plus vaste que la Nord  et offre un jardin calme et serein en son sommet.

Photo de l'observatoire astronomique (bâtiment J) depuis la plateforme Sud

Photo de l’observatoire astronomique (bâtiment J) depuis la plateforme Sud

Nous décidons de redescendre pour manger ayant repéré un arbre à l’abri duquel nous aurions moins chaud. Les sandwichs s’avèrent avoir été écrasé dans le bus, ce n’est pas grave, le repas ne peut qu’être bon face à un panorama pareil. Nous passons ensuite l’après-midi à flâner entre ces vieilles pierres et découvrons le jeu de balle (numéro 1 sur le plan). Le terrain prend une forme de H avec deux talus de part et d’autres d’où se postaient les spectateurs. Les anneaux caractéristiques du jeu ne sont pas présents ici pour la simple et bonne raison qu’ils ne sont pas encore apparus à cette époque. Au sommet des talus existaient des temples dont il ne reste aujourd’hui que les bases.

Photo du jeu de balle en premier plan

Photo du jeu de balle en premier plan

Nous quittons finalement ce lieu chargé d’histoire et allons visiter le petit musée qui se trouve à l’entrée. Celui-ci nous permet d’un peu mieux comprendre l’histoire de cette cité à travers des objets de la vie courante. Nous apprenons aussi qu’en l’an 900 après J.-C Monte Albán est abandonné sans qu’il soit possible d’expliquer pourquoi, ce mystère est néanmoins lié à la disparition au même moment de la civilisation maya. Plus tard, les Mixtèques reviendront sur le site abandonné et en feront leur cimetière royal, transformant ce qui avait été une cité sainte en une cité des morts. Nous sommes néanmoins un peu déçues car le musée est assez pauvre. Qu’importe, nous repartons en bus des souvenirs plein la tête.

Axonométrie du site archéologique

Axonométrie du site archéologique  © blog sabyplanète

Margot Hyvon

Voyage Août 2014

Bibliographie:

http://www.bonjourmexique.com/monte_alban_mitla_yagul_mexique.php

http://whc.unesco.org/fr/list/415/