MUSEOGRAPHIE

Entre terre et mer

facade

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Jacques Ferrier est l’architecte de l’architecture « stoïque », il dit : « Je suis persuadé que l’architecture de l’efficacité s’avère être la plus à même d’être une architecture du contexte ». Il donne la priorité à l’efficacité pour rendre le bâtiment fonctionnel. Dans la Cité de la voile, il a voulu privilégier l’architecture expérimentale avec différentes pistes de réflexions : comme la nature de la demande, les moyens à mettre en œuvre, le rendement environnemental et la prise en compte du devenir. Il ne voulait pas faire comme tous les autres musées contemporains, c’est à dire le rendre « transparent, mais serviable ».

cité de la voile

cité de la voile

C’est dans le vaste estuaire du Ter qui change au gré des marées que ce bâtiment s’est implanté. C’est par le jeu de taille que ce nouveau bâtiment se distingue dans un paysage de friche industrielle.

Ce musée est le plus grand musée consacré à la voile en France. Il est construit sur un site bien particulier, qui est la base des sous marins. Ce site est constitué de 3 grands bunkers indestructibles. Ces trois bunkers servent de toile de fond au projet. Ce projet est un projet qui peut servir d’exemple de reconversion urbaine d’un site militaro-industriel. Ce site est constitué d’un pôle d’activité destiné au monde du nautisme et aux voiliers de compétition du à la reconversion d’un site pour construire des bateaux de courses, comme par exemple avec l’implantation de l’entreprise Plastimo.

facade

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 Ce nouveau bâtiment sert alors de porte drapeau de la reconversion de ce site, mais aussi de point nodal et d’épicentre local de la culture du nautisme avec le départ de grandes courses comme la Volvo Océan Race. L’architecte s’est alors posé la question de comment construire dans cet environnement doté d’une fragilité certaine et qui est incontestablement lourd dans le paysage. Mais il a aussi cherché à préserver les traces du passé visible sur le sol du site.

Son idée a donc été de se mettre en contre point de ces grandes masses : lourd/léger, gris/coloré, encrée dans le sol/détaché du sol… Il a également cherché à lutter contre la massivité visuelle déjà fortement présente et induite a cause des bunkers­­. Le RDC est doté d’un socle ouvert et vitré sur la promenade afin d’incit­­­er les gens à entrer dans le lieu. Deux grands hangars y sont également insérés pour stocker de grands bateaux de course. L’étage est quant à lui en forme de sheds déformés, comme des voiles irrégulières et ondulées. Ce qui renvoie directement à la forme des toits des entrepôts alentours. Les murs sont entièrement recouverts de bois, ce qui renvoie au monde du nautisme. Ces deux étages font une surface totale de 6700 m2.

Cité de la voile

Cité de la voile

La silhouette légère du bâtiment devient alors l’identité de la cité de la voile. Cette silhouette permet alors de maintenir un dialogue formel tout en offrant au nouveau bâtiment une présence qui impose son rôle de « fer de lance » du renouveau urbain.

« La tour des vents » qui se dresse sur la berge est rattachée par une passerelle au bâtiment. L’architecte l’ancre ou « l’amarre » dans le paysage. Elle était un élément qui n’était pas demandé au programme, mais qui était une réponse de l’architecte par rapport à la demande de l’accès à la mer par un ponton. Cette prise de risque leur a permis de se détacher des autres concurrents. Le bâtiment a alors deux écritures, une verticale et une horizontale mais aussi deux échelles différentes.

Ce bâtiment adopte également une démarche environnementale en lien avec Eric Tabarly et la mer. L’idée ici n’était pas de répondre à des normes imposées, bien au contraire. Le mot d’ordre était ici, « Faire en sorte que la construction durable devienne une architecture désirable ». L’énergie du bâtiment est possible grâce à des panneaux photovoltaïques sur la façade sud qui servent de brise soleil et non de brise vue. Leurs couleurs permettent à la façade de changer de couleurs selon le ciel. Grace à cela, le bâtiment devient une architecture joyeuse, pleine de couleurs et de jeux de reflets. La couleur du bâtiment ici varie entre le gris, le mauve et le bleu selon la lumière et le ciel si changeants de la Bretagne.

ponton

ponton

Anecdote : Lors de la présentation devant le jury beaucoup de personne du monde du nautisme était présent. Ils lui posaient des questions comme ; pour vous ne mettez pas de hublot sur votre façade ? Pourquoi il n’y a pas d’accastillage ? Sa réponse à été de dire que l’architecture n’est pas la pour imiter une forme mais plutôt de faire des résonnances avec les outils propres de l’architecture.

On peut donc dire que ce bâtiment fait figure de tour de force dans le paysage. Une alliance fonctionnelle la plus stricte et l’élégance la plus pure. Ce bâtiment se profile comme un exemple majeur d’esthétisme fonctionnel. Il est aujourd’hui la nouvelle figure de Lorient de part son lien avec sa façade atlantique. C’est un bâtiment icône qui fait signe dans le paysage.

Justine Nedellec – justine.nedellec0477@yahoo.fr

Date de visite : 30/10/14

Adresse : Base de sous-marins de Keroman, 56200 Lorient

Référence : P. Ardenne, Lorient, cité de la voile, Jacques Ferrier Architecture, une architecture logicienne.