Venise, ville située au nord de l’Italie, est un des destinations touristiques les plus populaires. Elle est inscrite sur les listes du patrimoine mondiale, pour son architecture. Venise est aussi un espace culturel, avec la Biennale di Vennezia, la plus grande exposition d’architecture et d’art qui a lieu ici depuis des dizaines d’années.

LA PREMIÈRE IMPRESSION, L’ASPECT VISUEL

En arrivant à Venise pour la première fois, on est très enthousiaste pour son esprit très fort. On peut voir la couleur rouge de la brique omniprésente depuis Ponte della Libertà, le pont qui relie la partie historique de Venise avec le continent. On arrive au terminal de bus et on peut continuer à pied et commencer à admirer la ville.

Ce qui nous marque dès le premier pas qu’on y fait, ce sont les éléments typiques dans l’architecture qui font la ville très compacte et très différente des autres villes visitées jusque là. Ce sont les couleurs chaleureuses des façades des maisons vénitiennes, mais aussi les portes et des volets en bois colorés en couleur verte. Les fenêtres des maisons sont souvent entourées par le plâtre blanc. Si on regarde plus haut, on voit que les vénitiens profitent pas seulement de la vue sur l’eau, mais aussi sur le ciel. Sur la plupart des toits, des terrasses en bois très subtiles appelés altanas sont installés. On dirait qu’elles sont juste posées sur les toits, comme des nids d’oiseaux depuis lesquelles on peut observer la ville d’un point de vue complètement différent.

Restons encore au niveau du sol, à chaque pas, on découvre un point de vue différent. Comme des vrais touristes, on doit s’arrêter sur chacun des 400 ponts qui se trouvent à Venise et qui donnent des vues presque kitsch, que l’on peut voir sur la plupart des cartes postales de Venise. C’est la vue sur un canal étroit, entouré par des maisons sur les deux côtés baignés par l’eau du canal et les gondoles qui passent tranquillement en dessous. En voyant cette situation en vrai, on a très envie de garder ce moment et le prendre en photo, même en réalisant que on va avoir la même photo que les vingt autres personnes qui sont juste à côté de nous et font exactement la même chose.

En passant d’une église à l’autre, d’un palais à l’autre, on se rend compte, qu’il est presque impossible de capter tous les bâtiments importants. Ce qui est plus important, est de sentir l’atmosphère de Venise. On arrête de faire des photos pour un moment, on essaie juste de marcher et de comprendre la vie ici.

SENTIR VENISE, LITTÉRALEMENT

Un des éléments dont on ne parle pas forcement, mais qui est très fort, c’est l’odeur typique de Venise. Le canal n’est pas seulement un moyen de transport et un élément joli dans la ville, c’est aussi un moyen qui permet aux habitants de se débarrasser de leurs déchets de toute sorte. Cela fait, que Venise sent vraiment mauvais – mais heureusement pas pour longtemps. Avec la pluie qu’on doit vivre pendant plusieurs jours, l’odeur disparaît complètement. Le moment le plus agréable et très typique de cette ville, c’est quand le soleil se lève ce qui est le signe pour tous les vénitiens de faire leur lessive. Tout d’un coup, l’odeur de la lessive est présent partout, on voit du linge pendu à travers les rues qui crée un décor très spécifique.

Quand le soleil apparait, on sort le linge.

Quand le soleil apparaît, on sort le linge.

UN MODE DE VIE DIFFÉRENT

Grâce à sa position géographique, on vit très différemment à Venise. L’absence des voitures dans les rues de la ville fait, que le transport ne se produit que sur l’eau. Cela change beaucoup de choses, on n’entend plus le bruit des voitures, on ne sent pas leurs odeur, donc on peut tranquillement mettre le linge en dehors. Ce qui change le plus, c’est la vitesse. On est obligé de se déplacer à pied ou par la navette. Ces deux façons sont très lentes par apport à la vitesse  qu’on a l’habitude d’avoir chez nous. On s’y habitue très vite. C’est en ralentissant un peu qu’on apprécie la vie de la ville beaucoup plus. Les gens passent leurs temps dehors, s’approprient leurs rue. Le soir, ils vont s’asseoir à la terrasse d’un restaurant ou juste se poser sur le quai.

SAVOURER LA VILLE

Pour découvrir une ville à cent pour cent, il faut suivre les habitudes des habitants. Dans le cas de Venise et de l’Italie en général, c’est de découvrir le monde culinaire. Pendant les quatre jours, et en essayant de faire les économies, on n’a pas vraiment envie de manger dans les restaurants. Pour moi, la nourriture de Venise, c’est donc les pizzas dans les petits bistrots ou des calzones, ce qui sont des pizzas retournés et remplis souvent par de la mozzarella et des tomates. C’est aussi des olives de toutes les sortes, qu’on mange sur le quai en regardant le canal. Mais le plus important, c’est bien sûre le fameux Aperol Spritz. Ce goût amer, mais délicieux, reste comme un souvenir longtemps après le voyage dans les pensées de la plupart des visiteurs.

UNE SURPRISE DERRIÈRE LE COIN

Au bout de trois jours, on a l’impression de bien connaitre la ville. On s’y oriente, on sait quel pont il faut prendre et à peu près quel chemin pour aller aux plus grands monuments historiques. C’est le jour de la visite de la biennale de l’architecture. On commence par visiter l’Arsenal, le chantier naval qui a accueilli une grande partie de l’exposition. Il pleut et on n’a qu’une envie et c’est de rapidement entrer dans le bâtiment et d’éviter la pluie. J’aperçois une façade en béton de loin. Après avoir observé pendant trois jours que des façades colorés typiquement vénitiennes, j’ai très envie de voir des bâtiments contemporains. Il est temps et on doit partir.

Un regard rapide dans une venelle.

Un regard rapide dans une venelle.


Le jours suivant, on se trouve à peu près au même endroit. Sans avoir un plan précis pour le reste de la journée, on aperçoit un panneau qui dit, que le pavillon Balte n’est pas loin d’ici. Le graphique de ce panneau est joli avec une écriture très subtile et donc on se décide de découvrir à quoi ressemble l’architecture des pays baltes. On suit des flèches sur le sol qui nous dirigent vers le bâtiment. Une dernière flèche montre qu’on est arrivé, on lève la tête et on n’arrive pas à croire qu’est-ce qui se trouve devant nous. C’est une énorme masse de béton, une façade qui zig-zague dans la ruelle et donne une impression assez stricte. C’est bien la même façade que j’ai vue la veille, ce n’est pas donc un fantôme.

Il n’y a pas de fenêtres, c’est du pur béton avec juste des traces de vieillissement. Il y a plusieurs portes d’entrée et escalier qui fait toute la longueur du bâtiment qui devrait servir comme une sorte de piazzeta, un lieu pour s’asseoir. Aujourd’hui, il n’y a qu’un monsieur qui dort par terre. L’ambiance de ce lieu est très particulière – j’adore. On peut se demander, si les vénitiens aiment bien ce lieu, le détestent, ou si ils savent qu’il existe – un bâtiment si énorme et pourtant si caché.

La façade de plus près.

La façade de plus près.

On se rend compte de la taille du bâtiment en entrant à l’intérieur. De l’autre coté, on peut regarder le canal par une fenêtre, ce qui veut dire qu’une grande partie de ce bâtiment borde l’eau aussi. On monte l’escalier et ouvre la porte de la grande partie de l’exposition et on se rend compte de la fonction de ce bâtiment. C’est un  gymnase, un espace sportif appelé Palasport Arsenale, autrement Palasport “Giobatta Gianquinto” construit dans les années 1970 par un architecte italien Enrichetto Capuzzo. Il est activement utilisé par des vénitiens et cela fait trois ans qu’il sert comme un lieu d’exposition pour la biennale d’architecture.

Cette année, l’exposition proposée par des pays baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, touche plusieurs problématiques d’aujourd’hui. Sur les maquettes, photographies et installations, on nous montre les expériences vécues par ces trois pays depuis le régime de l’occupation soviétique jusqu’à aujourd’hui. Une des plus grandes problématiques exposé est la question des sources d’énergie et la transformation de la terre comme une possible solution.

A l’entrée se trouvent des photographies prises par des voyageurs dans les pays baltes qui montrent l’industrie, le paysage produit par l’homme. Le moment le plus fort est l’installation dans le gymnase, sous une canopée énorme qui crée un ciel artificiel en dessous duquel on peut voir des dizaines d’installations. Malheureusement, on n’a pas pu le voir, car il était déjà désinstallé. On a quand même pu admirer l’architecture de la salle.

Le plafond du gymnase.

Le plafond du gymnase.

DE MARGHERA À VENISE, DANS LA PEAU D’UN HABITANT DE VENISE

La plupart des touristes qui viennent à Venise ne restent que sur les îles et ne se rendent même pas compte, qu’il y a toute une partie qui se trouve sur le continent. Elle est sûrement moins attirante que Venise même, mais il est très intéressant de voir les alentours et aussi le lieu où la plupart des Vénitiens vivent.

On est logé dans un camping de Marghera à une demi heure du centre de Venise en bus. Dans le passé c’était un quartier très industriel qui est en ce moment en train d’être reconstruit. Pour y aller, il faut traverser le Ponte della Libertà qui nous amène dans un monde complètement différent. C’est un quartier plutôt résidentiel avec des maisons familiaux et les jardins. C’est en entrant dans un café, qu’on sent qu’on est les seuls touristes ici. Plusieurs Italiens entrent, boivent leur café debout et partent pendant qu’on boit tranquillement nos cappuccinos.

Avec Mestre, ces deux quartiers servent des logements pour la plupart des Vénitiens. Ces personnes souvent gagnent de l’argent grâce au tourisme et donc doivent faire le trajet dans le centre tous les jours et vivre le contraste entre ces deux parties. La vie à Venise même est deux fois plus chère qu’à Mestre ou Marghera, donc il n’y a pas beaucoup de personnes qui peuvent se permettre d’y habiter.

Même si Venise est un lieu très magique avec son architecture et son ambiance, le fait que le tourisme y est omniprésent et qu’on ne voit pas beaucoup de la vraie vie des Vénitiens rend l’expérience de Venise plus faible.

Gabriela Sládečková

Voyage  du 12/10 au 17/10 2016

Sites internet:

http://www.e-flux.com/announcements/32764/palasport-giobatta-gianquinto/

http://www.archdaily.com/782686/curators-reveal-theme-for-the-inaugural-baltic-pavilion-at-2016-venice-biennale

https://cs.wikipedia.org/wiki/Ben%C3%A1tky

Bibliographie:

Guide d’architecture Venise – Constructions et projets après 1950, Clemens F. Kusch, Anabel Gelhaar, DOM publishers, 2014, p. 148