La mosquée-cathédrale de Cordoue, la grande mosquée de Cordoue ou encore l’église cathédrale de Notre-Dame de l’Assomption, sont les appellations courantes de cet endroit emblématique de la ville de Cordoue.

La cathédrale fut un ancien temple romain, qui devient église puis mosquée, et enfin cathédrale. Ce lieu de culte témoigne les successions des religions et donc de cultures, que l’Andalousie a connu le long de neuf siècles. La Mezquita-cathédrale, est devenue patrimoine mondial de l’UNESCO en 1984, elle est aussi considérée comme ressource et attraction touristique majeure de la ville de Cordoue.

Temple de Janus

Tout a commencé dans l’antiquité, quand Cordoue devint capitale d’une province durant l’empire romain. Un temple de Janus y fut érigé.

Les Romains ont construit leur temple dédié à Janus, le dieu des commencements, des fins et des portes, à proximité de cet ancien arc de triomphe en face du pont franchissant la puissante rivière Guadalquivir.

Basilique Wisigothe Saint Vincent

La ville est ensuite prise par les Wisigoths, qui y construisent en 584, l’église Saint Vincent Martyr sur l’emplacement du temple. Cette situation a duré à peu près deux siècles.

Grande mosquée de Cordoue

À l’arrivée des musulmans la basilique fut partagée entre chrétiens et musulmans. Mais quand la population musulmane augmente la basilique fut entièrement expropriée et détruite, en 784. Et ce n’est donc que trente ans après l’arrivée des musulmans que les travaux de construction de la mosquée commencent.

Les ruines de l’église et du temple sont donc réutilisées dans la construction de la mosquée.

Il s’agit de colonnes de jaspe, granite et autres marbres, sur les quelles sont bandées deux niveaux d’arcs, dont les claveaux alternent briques rouges et pierre blanche, créant ainsi un effet bi-chromatique. Ces arcs supportent, à leur tour, des plafonds mauresques polychromes, en bois sculpté. La mosquée fut agrandit trois fois, pour devenir, à l’époque, la plus grande mosquée après la Mecque.

Perspective sur la forêt de colonnes.

Perspective de la forêt de colonnes.

Vue depuis l'entrée sur la grande salle de prière.

Vue de la grande salle de prière, depuis l’entrée.

La première construction a commencé en 786, et comprenait une salle de prière composée de onze nefs, une cour carrée (Patio de los Naranjos) et un minaret (Torre Campanario) situé à l’opposé de la salle de prière.

Vue sur le minaret

Vue du minaret de la mosquée.

En 833, la première extension double la surface de la salle de prière.

En 987, la deuxième extension double encore la surface d’ensemble vers l’est.

La cour des orangers (Patio de los naranjos) :

La cour des orangers ou patio de los naranjos est un espace rectangulaire, extérieur et entouré des murs d’enceinte. Sa création date des premiers travaux de construction de la mosquée en 784. Cet espace abrite trois fontaines, à partir des quelles d’ingénieux systèmes d’irrigations découlent, pour arroser les quatre-vingt-dix-huit orangers plantés autour.

Vue sur la fontaine de la cour des orangers

Vue de la fontaine de la cour des orangers

Vue sur la cour des orangers.

Vue de la cour des orangers.

Cathédrale Notre Dame de l’Assomption

Pendant la Reconquista,  Cordoue fut reprise aux musulmans par les chrétiens en 1236. Ils transforment à nouveau l’édifice en église puis en cathédrale.

Cette dernière fut construite en plein milieu de la salle de prière, émerge de l’ensemble du bâtiment, et apparaît comme incrustée dans la mosquée. Cette cathédrale abrite de plus que le gothique, des éléments baroques et aussi renaissance.

Par la suite Charles Quint regretta la transformation de cet édifice, Il reproche aux constructeurs : « Vous avez détruit ce que l’on ne voyait nulle part pour construire ce que l’on voit partout. »

Vue sur la croisée du transept de la cathédrale.

Vue de la croisée du transept de la cathédrale.

Vue sur la nef principale de la cathédrale.

Vue de la nef principale de la cathédrale.

J’ai visité la Mezquita de Cordoue pendant l’été 2016, dans le cadre d’un voyage familial. Ce dernier comprenait les quatre grandes villes de l’Andalousie (Séville, Cordoue, Grenade et Malaga).

Depuis l’arrivée à Cordoue, la veille de la visite de la Mezquita-Cathédrale, ce nom semblait être emprunté par les différentes activités de la ville (commerces, cafés, restaurants, hôtels …). Notre point de départ était la place de las Tendillas. Sans avoir regardé le plan, notre première intuition nous a guidé à emprunter une ruelle qui semblait mener au centre ville touristique. En effet, cette rue (Calle Jesùs Maria) débouche sur l’entrée nord de la Mezquita. Après une dizaine de minutes de marche, le long de cette rue animée par les restaurants, cafés et commerces touristiques, nous sommes arrivés droit devant le minaret de la Mezquita. Plusieurs portes donnent accès à la Mezquita-Cathédrale, nous avons emprunté celle du nord, qui est juste au niveau du minaret (Torre Campanario).

Ce monument comme son nom l’indique, apparaît tantôt mosquée, tantôt cathédrale. Tout dépend d’où on arrive. En arrivant du nord nous apercevons en premier, le minaret (Torre Campanario) de cette ancienne grande mosquée qui émerge du quartier.

Vue sur le minaret de la mosquée - Torre Campanario

Vue du minaret de la mosquée – Torre Campanario

Alors que si nous arrivons du Sud, ce sont les nefs de la cathédrale, construite au centre des salles de prières de la Mosquée, qui dominent le quartier.

Vue depuis le pont romain (Puente Viejo)

Vue depuis le pont romain (Puente Viejo)

En façade plusieurs éléments émergent, mêlant deux langages différents, au point d’embrouiller la lecture de l’édifice. Parfois nous sommes face à une modénature gothique, baroque ou renaissance, et, à quelques mètres seulement, si ce n’est pas sur le même élément architectural, nous apercevons une sculpture ou une calligraphie musulmane.

Une fois à l’intérieur, nous arrivons en premier dans la cour des orangers (patio de los Naranjos), l’ambiance agitée des ruelles touristique disparaît, l’environnement devient tout de suite calme. Nous n’entendons plus que le bruit de la fontaine et des systèmes d’irrigation, malgré la présence d’un grand nombre de touristes. Ceci est normal, et est du à l’accès au périmètre religieux.

Nous entrons ensuite à l’intérieur du bâtiment, et là, nous nous retrouvons dans une forêt de colonnes de marbre, décorées de chapiteaux antiques et paléochrétiens d’une très grande variété : corinthien, ionique et composite.

Après la déambulation dans la grande salle à colonnes, ponctuées par plusieurs arrêts (devant le Mihrab, les calligraphies exposées et les différentes chapelles …), nous arrivons à la croisée des différents cheminements, là où la cathédrale se surélève. Une fois sous la nef principale nous nous sentons envahis par la magnificence de cet endroit, nous oublions complètement ce qui se passe tout autour.

Vue de la voute du Mirhab.

Vue de la voûte du Mirhab.

Coupole de la chapelle Notre Dame de la Conception

Coupole de la chapelle Notre Dame de la Conception

En tant que touriste le mot que l’on retient le plus et qui est le plus communiqué est celui de la Mezquita, mais au fur et à mesure de la visite, le mot mais aussi le décor de la Mezquita disparaissent. Depuis l’achat des billets, on ne voit plus que le mot cathédrale. Ensuite durant la visite, nous remarquons que l’élément phare est la cathédrale, placée au centre, elle crée une sorte d’événement en plein milieu du grand espace.

Signe de paix, de cohabitation et de tolérance. Cet héritage nous laisse donc imaginer, de nouvelles typologies de bâtiments religieux, qui permettraient  d’accueillir différentes pratiques et religions.

Les religions catholique et musulmane ont marqué la Mezquita-Cathédrale, son emplacement dans la ville la confronte à une troisième religion. En effet la Mezquita-Cathédrale jouxte le quartier de la Judéria, ancien quartier juif, qui témoigne la présence de la religion juive à Cordoue.

Une cathédrale, un lieu de culte inter-religieux ou alors un bien d’intérêt culturel, ce sont les composantes du débat actuel sur ce monument phare de Cordoue et de l’Andalousie. En effet, la christianisation de la Mezquita de Cordoba est un mouvement amorcé depuis longtemps, et auquel l’archevêque de la ville a donné un puissant coup accélérateur en 2010. L’idée était de faire bannir le terme de « mosquée » au profit de « cathédrale » sur toutes les brochures touristiques et les plaques de rue. Néanmoins, le mot Mezquita restera gravé dans le langage des Cordouans et des touristes.

« La Mezquita est un symbole mondial de la rencontre des cultures et aujourd’hui plus que jamais le monde a besoin de tels symboles » affirme Manuel Antonio Rodriguez, professeur de droit civil de l’Université de Cordoue.

 Kenza LISFI

Voyage du 20/08/16 au 01/09/16

Bibliographie :

-BARRUCAND Marianne,  BEDNORZ Achim. L’architecture Maure en Andalousie, Cologne: TASCHEN, 1992.

Mezquita de Córdoba (en ligne) Disponible sur : https://es.wikiarquitectura.com/index.php/Mezquita_de_Córdoba

-Cómo ‘arrebatar’ la Mezquita de Córdoba a la Iglesia (en ligne) Disponible sur : http://www.elmundo.es/andalucia/2014/03/04/5314db0122601d462d8b4589.html