Durant un court séjour à Rotterdam, j’ai pu découvrir sous un temps magnifique la deuxième plus grande ville des Pays-Bas. Elle est un lieu d’expérimentation architecturale, où l’on peut observer tous types de formes architecturales.

Elle est aussi la ville où les  plus grands architectes (Rem Koolhaas, Renzo Piano, MVRDV, WEST 8…) ont pu exprimer via leurs coups de crayon dans cette ville qui a une forte identité industio-portuaire.  Dans le centre historique de Rotterdam, nous trouvons le plus grand marché hebdomadaire de la ville. Dans le programme de restructuration du quartier, la ville souhaitait construire une halle de marché et de logement. Le MARKTHAL fût la réponse de l’agence de MVRDV en collaboration avec les architectes RIOB, Peutz, Techniplan, et Royal Haskoning DHV. En lien avec les problématiques d’hygiène et les lois néerlandaises, MVRDV s’est interrogé sur ce projet pour en faire un défi. Ils ont émis deux questions auxquelles ils ont souhaité répondre au travers de ce projet.  Elles sont les suivantes : « Can we use this operation to evolve the market typology as well as densify the the city center » et « Can we increase quality as well as density of programming at Blaak? ».

Rotterdam BLACK

Depuis le début de la conception de projet, il y a eu un engouement de la presse internationale et du monde de l’architecture sur ce projet. Régulièrement des articles parlaient de ce projet. Le MARKTHAL est très audacieux en termes de typologie de bâtiment puisqu’il adopte une mixité de visu entre le marché, les commerces et les appartements. Dès l’achèvement de sa construction, il a rapidement obtenu des récompenses et aujourd’hui il continue en obtenir d’autres.

La conception du projet a débuté en 2004 et la construction s’est achevé en 2014. Il aura fallu 10 ans pour que le MARKTHAL sorte de terre et fasse partie intégrante de son environnement. Il a été financé par une partie de l’argent public et a été subventionnée par des investisseurs  privés. Les principaux clients sont Provast Nederland bv, The Hague, Netherlands. Aux Pays-Bas, il existe des articles de lois qui imposent la localisation de certaines pièces de vie (salons, salles à manger) sur l’extérieur pour avoir une lumière et une ventilation naturelle. A contrario de la cuisine cellier et salle de bain qui peuvent être sans lumière ou ventilation naturelle. Un autre point important permet de comprendre la justification de cette immense arche fermée. Dernièrement des articles de lois ont été écrits pour renforcer l’hygiène pour limiter les problèmes sanitaires avec la nourriture. De ce fait, il est imposé que les aliments doivent être conditionnés dans un environnement clos.

Le programme de ce projet est une mixité entre des logements et des activités commerciales. Il se découpe en 3 couches. Il y a une partie parking avec 1200 places avec un centre commercial en cœur de bâtiment recouvert d’une place de marché composé de 100 échoppes, entouré de restaurant et de quelques commerces, vient par-dessus disposer en arche, 228 logements privés. En termes de surface, le MARKTHAL offre 100 000m² de surface utile pour un budget de 175 Million d’Euros.

Façade Extérieure Sud-Ouest

La première confrontation avec le MARKTHAL a été très frontale, car nous sommes passés par des petites rues adjacentes qui mènent vers la façade arrière du bâtiment. Elle est orientée Ouest et est à proximité d’immeubles de bureaux comme la partie sud où se trouvent les balcons des logements privés. N’ayant pas de recul, il est difficile de se rendre compte des dimensions,et des ti dans ce bâtiment. Il faut s’approcher pour arriver sur la partie creuse du bâtiment et se rendre compte de la vue traversante. Ainsi nous pouvons voir la halle de marché. En levant les yeux et par effet de transparence nous voyons les bâtiments à l’extérieur: la tour crayon de Piet Blom, la Bibliothèque Centrale de Rotterdam de Jaap Bakama qui se trouvent sur la grande place de marché la « Rotterdam Black ».

La place du marché

Place intérieure

Quand on rentre dans le bâtiment on ressent l’ambiance d’une halle de marché, où les gens viennent flâner, acheter, se poser, se retrouver autour d’un café sur le toit des échoppes. Malgré des allées  bondées de clients qui se faufilent entre les boutiques, nous  arrivons à nous y glisser  pour parcourir ce labyrinthe où l’on peut observer des étalages très colorés, où les odeurs se mélangent et attirent les visiteurs pour découvrir ce que c’est ! Et puis dans un angle on peut goûter les produits qui y sont vendus. En plein milieu de la halle, une grande place ouverte permet de se sentir moins à l’étroit bien que nombre de visiteurs s’adossent à la rambarde qui délimite l’emplacement de l’atrium, l’accès aux niveaux inférieurs. Nous y trouvons un centre commercial et les parkings qui se trouvent sur l’emprise du bâtiment, 70 m de large par 120 m de long.

 

Contre-allée

Dessus d’échopes

Il suffit d’acheter un petit café et de prendre un petit escalier dissimulé entre 2 boutiques pour accéder à la toiture de celle-ci pour s’isoler et s’asseoir dans un fauteuil pour savourer tranquillement ce moment. On contemple ainsi l’immense volume et sa voûte décorée par les artistes Arno Coenen et Iris Roskam. Ils ont réalisé un tableau qui recouvre toute la surface intérieure. Cette fresque inspirée du principe du plafond peint de la chapelle Sixtine à Rome, représente des fruits, légumes, et autres végétaux qui sont mis en scène. Elle s’étale sur 10 000m² de plaques d’aluminium perforé permettant principalement de contrôler l’acoustique de cet immense espace et de dissimuler les parties techniques du bâtiment.

Fresque de la voûte

Parmi ce revêtement, il y a des ouvertures qui sont disposées aléatoirement tout en conservant la trame et la courbe de la voûte.  Derrière ces fenêtres carrées se trouvent des logements. Elles leurs permettent d’avoir un minimum de lumière naturelle. Elles sont le seul lien et vis à vis entre l’espace public et les résidents. Grâce à la fresque nous oublions rapidement que l’on se trouve sous une voûte de 120 m de long par 40 m de haut.

En redescendant de la terrasse, nous retrouvons la vie de la halle de marché où tout le monde essaye de se frayer un chemin. Pour ressortir du bâtiment, il y a deux possibilités soit sortir par l’atrium qui mène au centre commercial et au parking, ou les sorties se trouvant aux 2 extrémités du bâtiment. En avançant en direction de la sortie, on s’approche d’une grande surface vitrée. L’utilité de cette façade est d’isoler de l’extérieure le vide centrale puisqu’à Rotterdam, les conditions météorologiques ne sont pas toujours favorables. Ainsi les architectes pour conserver cette continuité visuel entre l’intérieur et l’extérieure, ont dessinés un mur rideau suspendu par un maillage de câble métallique. Ce principe a été inspiré d’une raquette de tennis car elle se déforme tout en ayant une forte résistance. De loin on distingue une fine paroi vitrée. Et en se rapprochant, on découvre deux épaisseurs. Une première couche correspond au maillage de câbles tendues dans le sens vertical et horizontal. La seconde correspond au vitrage qui est simplement maintenu en équilibre par des points d’accroche aux angles des carreaux d’un mètre carré en verre. Entre les carreaux un simple joint caoutchouc permet les déformer et rend étanche l‘ensemble de la façade. Cette façade de loin ou de près, reste légère à regarder malgré sa grande surface qui la plus grande du genre en Europe.

L’espace urbain

Place du marché

Nous sommes ressortis par la façade principale qui donne sur la grande place où se trouve toujours le marché principal de Rotterdam. Sur cette place nous pouvons voir aussi la bibliothèque centrale de Rotterdam, et les maisons cubes de Piet Blom. A proximité du MARKTHAL, on ressent ses imposantes mesures. Dès que l’on prend du recul en avançant sur la place, on découvre un bâtiment qui s’intègre dans son environnement de par  ses épaisseurs de logements qui correspondent aux largeurs des bâtiments mitoyens. La façade vitrée permet ce jeu de transparence et légèreté du bâtiment, ainsi elle efface ses dimensions et son emprise au sol dans un quartier à forte densité en termes de bâti.

Un traitement urbain  réalisé principalement au Nord du bâtiment offre une dilatation et casse le rapport d’échelle entre le MARKTHAL et le bâtiment d’en face qui est sur un R+2. L’espace public a été réalisé après l’achèvement du bâtiment pour créer une continuité entre l’extérieur et la halle de marché et ainsi connecter le marché hebdomadaire et le nouveau marché permanent. Cet aspect de continuité est aussi pratiquée sur le revêtement des parois du bâtiment puisque la même pierre grise naturelle que pour le traitement du sol. Cela génère une perspective et efface subtilement le bâtiment dans son environnement pour mettre l’accent sur la vue intérieure.

Yannick Merceron

Séjour du 28 au 31 octobre 2016

Bibliographie:

Web:

  • MVRDV, « MARKET HALL », MVRDV [en ligne], consulté le 20 octobre 2016 https://www.mvrdv.nl/projects/markethall/
  • « Markthal »,Arnoeniris [en ligne], Consulté le 19 octobre 2016 http://arnoeniris.nl/2016/11/03/markthal/
  • Virginia ZANGS, « Futuristic food shopping: Market Hall by MVRDV in Rotterdam », Detail Online [en ligne], Consulté le 19 octobre 2016

http://www.detail-online.com/article/futuristic-food-shopping-market-hall-by-mvrdv-in-rotterdam-16819/

  • Olivier WAINWRIGHT, « Rotterdam’s Markthal: Superdutch goes supersized in psychedelic marketplace », The guardian [en ligne], consulté le 19 octobre 2016

https://www.theguardian.com/artanddesign/architecture-design-blog/2014/oct/02/-sp-rotterdam-markthal-superdutch-market-mvrdv