La ville de Manchester est connue actuellement pour être la place forte du nord de l’Angleterre. Afin de retransmettre mon expérience de trois jours dans cette ville. Il est important de retracer l’histoire de celle-ci, depuis la révolution industrielle.

Le plus grand développement que la ville connut fut durant la révolution industrielle. L’industrie textile et surtout celle du coton contribua fortement à son développement et lui vaudra le surnom de cottonopolis. La ville atteint son apogée durant le dernier quart du XIXe siècle. Des centaines d’entrepôts, des canaux qui la parcourent d’un bout à l’autre de son territoire, des zones portuaires, des usines avec leurs cheminées, sont construits. La ville se forgera ainsi une forte identité ouvrière à travers ses révoltes ouvrières, la culture populaire et surtout l’énorme patrimoine industriel que cette période laisse derrière elle. Cette image prendra le dessus sur les autres images qu’aurait pu avoir la ville. Le XXe siècle son industrie se délite, Manchester perdra son leadership sur l’industrie du coton suite à la grande dépression, à la seconde guerre mondiale et surtout à partir des années 1960. La ville perdra près de 150 000 emplois dans le secteur secondaire. Le canal qui dessert les ports n’est plus adapté pour accueillir de nouveaux navires et en 1982 le port de Trafford arrêta son activité. La ville de Manchester a du se reconvertir. Comme de nombreuses villes post-industrielles, elle a choisi de développer les activités du tertiaire, de la finance, du commerce, mais elle choisira aussi de se tourner vers les économies alternatives et l’industrie de la culture. De nombreux projets sont lancés pour relancer la ville est surtout au niveau des zones d’eaux. Le 15 juin 1996 un attentat orchestré par IRA explosera sur Corporation street situé dans le nord du centre ville. Suite à cet événement un grand projet de rénovation du quartier est réalisé.

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La mairie de Manchester pour mener à bien la reconversion de la ville, s’est beaucoup inspirée de la reconversion du quartier des Docks de Londres menée par le gouvernement Thatcher. La plupart des nouveaux aménagements se situent aux abords des zones d’eaux. Manchester est une ville qui se découvre en longeant ses canaux, qui ont été rénovés par la mairie et sont presque devenus exclusivement piétons. Le parcours que je vous suggère est de commencer par la gare Picadilly. Le quartier de la gare a été entièrement restructuré en un énorme Hub regroupant le train, métro, tramway et bus. De nouveaux immeubles de bureaux côtoient les anciens immeubles en briques de l’époque victorienne. A quelque pas de ce quartier passe le Rochdale canal. Ce canal, achevé en 1794, devait permettre de doubler le canal Liverpool-Leeds et relier les manufactures. Parcourir ce canal permet de comprendre que la ville de Manchester est un agglomérat de quartiers avec leur propre identité et chacun contribue à l’image de culture pop de la ville. Le Rochdale canal traverse, longe six quartiers : Piccadilly, le Village gay, le quartier de l’université, Peterfield, Southern Gateway et Castlefield.

Le Village gay est une des zones du canal qui a su conserver un maximum du patrimoine industriel. Les interventions contemporaines restent limitées à l’aménagement de garde  corps sur les quais. Il s’agit aussi de l’un des quartiers noctambules les plus animés de Manchester. Deux, trois rues parallèles à la rive nord du canal, ici se situe le quartier Chinatown celui-ci reste dans le même style architectural que le Village gay. Cependant une arche chinoise a été construite à l’entrée du quartier, ce qui va marquer la transition du village gay et Chinatown. Sur l’autre rive du canal se trouve le quartier de l’université, le tissu urbain du quartier est différent des quartiers précédents. Les îlots bâtis et les immeubles sont de taille beaucoup plus importante tout en restant dans un style architectural victorien, on retrouve l’usage de la brique, des bays windows, des compositions de façades avec des pignons d’inspiration flamande ou hollandaise.

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Visite du quartier de l’université

En continuant à longer le canal, on arrive dans le quartier de Peterfield, qui est un quartier beaucoup plus calme, où les abords du canal sont exclusivement piétons. Il y a là, la volonté de créer une ambiance plus en lien avec l’eau, la végétation. Cette ambiance est sans doute due à une jonction du canal avec un bassin portuaire dont on pourrait comparer l’aménagement à celui d’un square. En sortant de ce quartier, on entre dans le quartier de Castlefield dans lequel se trouve la Beetham tower réalisé par Ian Simpson en 2008. La tour se présente sous la forme d’un parallélépipède très élancé avec un porte-à-faux à mi hauteur, qui met en tension la partie inférieure plus fine et donc qui semble plus fragile et qui doit soutenir. la partie supérieure plus épaisse, plus lourde. Le choix de mettre en place un mur rideau en façade accentue cet effet de légèreté de la tour. La tour Beetham est un signal puissant dans le paysage urbain. La ville de Manchester se sert de cette tour pour donner une autre image que celle d’une ville post-industrielle.

Après à voir parcouru le Rochdale canal rejoignons le tramway pour nous rendre sur les bassins à flot du port de Trattford situé dans la banlieue sud-ouest. Le port cessa son activité en 1982. Cette friche industrielle est devenue stratégique pour la reconversion de la ville, dans le domaine du tertiaire et de la culture. C’est ici que la chaine télévisée BBC a décidé d’implanter une partie de son siège social londonien. L’Imperial War Museum North est construit sur les quais des bassins en 2002 par Daniel Libeskind qui était déjà intervenu sur le site deux ans plutôt pour la réalisation du Millennium Lifting Footbridge.

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Visite du port Trafford Millennium Lifting Footbridge réalisé par Daniel Libeskind en 2000

Celui-ci fut complèté par un deuxième pont le Media City Footbridge réalisé en 2011 par l’architecte Wilkinson Eyre. Sur la rive d’en face on peut observer The Lowry qui est un théatre et un centre d’art visuel avec studio réalisé en 2000 par Michael Wilford, architecte ayant reçu le Stirling prize en 1997. Le port de Trafford est l’endroit choisi par la ville de Manchester pour réaliser sa démonstration architecturale.

Mais il y a un autre endroit qui a connu aussi beaucoup de changement, c’est le quartier Urbis dans le nord du centre ville. C’est suite aux attentats de l’IRA en 1996 que le quartier a du être restauré. Pour cela nous allons remonter la rivière Irwell, qui forme la limite nord du centre ville. Arrêtons nous à mi chemin qui pour nous poser sur dans le square du Trinity bridge réalisé par Santiago Calatrava en 1995. Ce pont prend l’allure d’une sculpture d’oiseau déployant ses ailes. Ce langage architectural reste dans la continuité de ce que réalise Calatrava habituellement.

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Visite du Trinity Bridge réalisé pas Santiago Calatravas

Laissons derrière nous le pont et finissons notre ballade dans Manchester et rejoignons le quartier d’Urbis   poumon commercial de la ville où est également d’implanter le musée national du football ce qui n’est peu étonnant vu la notoriété de la ville avec ses deux clubs de foot mondialement connus. L’immeuble agit comme un signal fort dans l’espace public avec ses allures de Fuller building de New–York, avec une esthétique totalement épurée et recouvert de verre et qui se termine comme un immense tremplin. Maintenant je vous invite à prendre un café à l’intérieur de l’Odéon. La galerie est vraiment stupéfiante. Vous serez plongé dans une culture pop, où les devantures des boutiques ressemblent à un décor  nocturne de cinémas. La culture pop du lieu est aussi accentuée aussi par la profusion de tubes fluorescents aux couleurs multiples éléments récurrents du pop art. Ma présentation de Manchester s’arrête ici. Ce que je retiens de Cottonopolis : une ville au passé industriel lourd, où les espaces aquatique occupent une place importante dans la reconversion post industrielle et qui a choisi comme axe de développement de son industrie culturelle la culture pop. Je vous laisse maintenant boire votre café et imaginer la scène suivante.

 

fin

Visite du  quartier Urbis

Sébastien Fragnier ; voyage réalisé en 2015.

Photographies de l’auteur.

 

Références :

– Cynthia Ghorra-Gobin, Réinventer le sens de la ville : les espaces publics à l’heure globale, Paris : L’Harmattan, 2001
– Nienke van Boom, Hans Mommaas, Comeback Cities : Transformation Strategies for Former Industrial Cities; Rotterdam : NAi, 2009