UN TRAVAIL ENTRE MATERIAUX ET LUMIERE
Nous sommes le 19 février 2016, à Tallinn, lors de mon voyage à travers les pays baltes avec des amis. Nous avons décidé de faire une visite de musée et notre camarade en Erasmus sur place nous avait conseillé le KUMU, sûrement le plus intriguant des bâtiments de la ville, qui se situe dans la périphérie Est.
Après avoir marché le long de la mer et de sa plage toute revêtue d’un manteau blanc, nous nous dirigeons dans la direction du musée sur une allée bordée d’arbres effeuillés au sein du Kadrioru Park, lui aussi, enneigé. Après quelques centaines de mètres, d’un virage à gauche et après avoir dépassé trois petits musées, le tout d’une progression plus ou moins hasardeuse, nous arrivons devant cet édifice.
Ce musée, inauguré en 2006, est l’œuvre de l’architecte finlandais Pekka Vapaavuori, diplômé de l’université technologique de Tampere en 1993. En 2008, l’édifice a été reconnu comme le meilleur musée en Europe et a même reçu le prix du musée européen de l’année.
Lors de notre arrivée, des enfants tentaient d’escalader le talus qui est retenu par le mur de soutainement, mais la neige fait que cet exercice n’est pas si simple. En effet, le terrain a été terrassé pour que le bâtiment soit enterré en partie.
Les façades, quant à elles, sont composées d’un savant mélange de cuivre verdi, de verre et de pierres calcaires. La majeure partie du bâtiment, qui regroupe l’exposition permanente, est en forme d’arc de cercle pour une de ses façades et de sa corde pour le fermer. Cette partie de façade est munie d’une grande paroi en verre translucide qui permet un fort apport lumineux dans certains espaces d’exposition.
Une pente courbe, tout comme le bâtiment, permet d’accéder à la porte d’entrée. Un garde-corps du côté gauche nous met à distance des usagers qui sont assis à la cafétéria. Ce garde-corps et également rempli de terre et certains y ont mis des objets en bois avec une bougie. Un d’eux avait pour gravure « PERE » traduit littéralement « FAMILLE ». Après avoir passé la porte du bâtiment, nous nous retrouvons dans un espace toute hauteur avec un splendide éclairage zénithal qui fait ressortir le parement en pierre sur le mur du côté droit, et le cuivre sur celui de gauche.
En face de nous, les casiers pour laisser les vêtements en toute sécurité, et une rampe permettant d’arriver à l’accueil pour acheter notre entrée. Des lampes en saillie du mur en pierre permettent d’éclairer la rampe en béton lorsque la lumière naturelle n’est plus suffisante.
Arrivé à l’étage, nous pouvons apercevoir sur la gauche, derrière la billetterie, une grande cour enneigée. C’est alors que nous comprenons que nous sommes entrés par l’accès secondaire. Cette cour en dalles est accompagnée par un escalier monumental, qui s’adosse à une aile du bâtiment, pour rattraper le niveau de la rue, 65 marches plus hautes. Un accès handicapé permet de rejoindre également le parvis du musée depuis le niveau haut grâce à une rampe, entrecoupée d’espaces intermédiaires. Cette place à une forte importance puisqu’elle utilise la majeure partie du site.
Après avoir passé l’accueil, nous nous dirigeons à l’exposition permanente grâce à une rampe couplée à des marches pour une montée plus aisée entre des marches trop hautes et une pente trop raide, le tout recouvert de bois. Coincé entre les deux parois qui composent le mur en parement de pierre vu précédemment, cet escalier est bordé de lumières incrustées dans des cavités tandis que la lumière du jour à l’extrémité, attire le visiteur. Une fois en haut, une passerelle permet de relier l’espace de circulation à la galerie, celle-ci traverse ainsi la fente lumineuse qui nous a marqué lors de notre arrivée dans cet édifice. Des escaliers permettent d’accéder à la suite de la visite, mais ceux-ci, bien que très soignés, n’ont pas le même charme et ne traversent pas différents espaces.
Une fois arrivé à l’exposition, nous avons remarqué le contraste entre le plancher en bois, tout en nuances de marron, et les murs d’un blanc immaculé, qui supportent les œuvres. Les surfaces de plancher ne sont pas identiques d’un étage à l’autre, ce qui permet de mettre certains espaces d’exposition en valeur, comme celui des bustes, qui, en plus d’avoir certaines de ses pièces sur des présentoirs en verre, s’étend sur un mur en double hauteur, ce qui décuple son effet de masse.
Dans cette partie de l’exposition, la lumière créée par les ouvertures ainsi que l’éclairage artificiel permet également de voir les œuvres, en différents matériaux, sous tous les angles, sans ombres qui pourraient dégrader leur perception. La collection permanente reflète l’histoire de l’art en Estonie et, située au dernier étage, se trouve la collection annuelle. Lors de notre visite, il s’agissait d’une collection islandaise.
Après notre visite de la collection permanente, et après avoir acheté un souvenir de notre visite dans la boutique située en face l’accueil, nous décidons de voir l’exposition temporaire qui se trouve dans une aile du bâtiment. Pour y accéder, nous passons le long d’une baie vitrée qui donne sur la cour principale et nous empruntons, après avoir passé le seuil d’une porte, une rampe. Nous arrivons dans un lieu occulté de toute lumière afin de permettre au travail de l’artiste de fonctionner à la perfection. Il s’agit d’une œuvre du japonais Ryoji Ikeda : Supersymmetry. Un mélange entre mathématiques et sensations, visuelles et auditives.
Une fois ce circuit terminé, nous décidons de repartir du musée. Nous passons par l’entrée principale afin de découvrir plus en détail la place et les différents accès. Nous empruntons la rampe sur la moitié du chemin. Nous prenons notre temps mais la nuit est déjà en train de tomber. Le gardien nous demande alors de nous dépêcher car nous sommes les derniers et le musée doit fermer. Nous rattrapons les escaliers pour remonter plus vite et nous apercevons, sur notre gauche, une toiture végétalisée. Celle-ci est ornementée de sculptures mais le temps presse, il nous faut partir. Après avoir franchi le seuil de la sortie, nous optons pour un retour en ville sans utiliser de moyens de transport en commun, afin de visiter les différents quartiers qui séparent le musée du centre historique.
Guillaume Gibout
Voyage du 13/02/16 au 21/02/16
Références :
https://www.visitestonia.com/en/kumu-art-museum
Expérience personnelle