Il faut bien dire que je ne savais presque rien sur l’architecture et l’urbanisme en Pologne avant d’y aller, donc je vais raconter mon voyage depuis un point de vue perceptif et en raisonnant avec des informations que j’ai cherché. Un pays et une culture inconnue, exploré à partir de deux villes complètement différentes : Gdansk et Cracovie.

Gdansk, l’évolution historique du pays

Depuis l’aéroport, on est arrivée à la station ferroviaire de Gdańsk Główny, de la fin du XIXème siècle. C’est la station plus importante de Gdansk, très proche du centre-ville.

La première chose qu’on a fait à Gdansk a été de chercher un kantor, bureau de change polonais, car on devait obtenir des złoty, la monnaie nationale. Après ça, on a pu bien mangé, pas cher du tout ; comme on nous avait prévenu. La première expérience avec la nourriture polonaise a été sensationnelle, peut-être à cause de la faim dévorante qu’on avait après le long voyage.

Pendant ces premiers petits tours, encore avec la valise, j’ai obtenu mes premières visions de l’architecture polonaise. La première conception à Gdansk est bien résumée : urbanisme et architecture soviétique après-guerre avec publicité au-dessus. Une image assez déconcertante. Mon cerveau ne savait pas comme interpréter cela qu’il voyait. Socialisme soviétique et capitalisme main dans la main ? Plutôt superposés. Je n’avais jamais vu ce type image et je pense que c’est l’un des rares exemples qu’on pourrait voir ça tout autour du monde.

Notre auberge n’était pas loin du centre-ville, juste à côté du nouveau Musée de la Seconde Guerre Mondiale, encore en chantier. Le lendemain on est sorti de l’auberge tôt pour bien profiter de la journée. Depuis la porte on a déjà vu le fleuve et on est parcouru tout au long de la rivière jusqu’au centre-ville.

L’importance de la mer est très présente à Gdansk, où on ne peut pas voir directement la côte (moins de 10 km), cette impression deviens du fleuve Martwa Wisła, elle s’agit de l’embouchure du fleuve Vistule (Wisła), principale voie du commerce en Pologne depuis le Xème siècle. À cause de cette situation géographique, Gdansk a été toujours le port plus important en Pologne.

Vue du fleuve

Vue du fleuve

La Vistule traverse tout le pays, donc tout le commerce est toujours rentré par Gdansk, source d’alimentation financière de la ville. Maintenant la tournée est présente encore, on trouve toute la ville vers le fleuve. C’est la même idée de ville que Nantes et Hambourg, pas directement ville côtière, mais centre du commerce grâce au fleuve.

Cette idée c’est différente pour moi, puisqu’en Espagne les ports plus importants pour l’arrivée du commerce sont des villes directement côtières (Barcelona, Cádiz). Il n’y a pas des grands fleuves pour transporter le commerce, peut-être à Seville, avec le fleuve Guadalquivir qui est l’un des rares exemples.

Dans le centre j’ai trouvé une sensation de très longues rues avec une variété vraiment intéressante de façade. On a cette diversité des couloirs et portails étant donné qu’il n’y existait pas autrefois la numérotation dans les rues.

Rue Maracka

Rue Maracka

La perception des différentes franges verticales colorés avec leurs variées culminations nous donnent la sensation qu’ils sont plus hauts encore. Cela et l’ombre qu’elles causent sur la étroite rue et sur les faces opposés.

La Bazylika Mariacka est la troisième église plus grande d’Europe faite toute entière en briques. Elle date de 1379, de style très sobre, elle a été construite comme église catholique, mais depuis le XVIème siècle jusqu’à 1945 a été utilisée comme église luthérienne.

Détail Bazylika Mariacka

Détail Bazylika Mariacka

On a visité le bâtiment Europejskie Centrum Solidarności et le chantier naval de la ville, au nord de la ville. Après, on est allé à Sopot, un des trois villes qui forment la Tricité (Trójmiasto en polonais) avec Gdansk et Gdynia. Le train fait qui va jusqu’à Gdynia fait un parcours de 25 km, mais c’est l’unique coopération entre les trois villes. Sopot est une ville  complètement côtière, consacrée au tourisme et avec une importante vie nocturne, en partie crée par la grande affluence d’étudiants Erasmus à Gdansk.

Quai de Sopot

Quai de Sopot

La route jusqu’à Sopot est intéressante parce que depuis le train on peut voir les énormes bâtiments d’après-guerre, construits à cause de la nécessité d’héberger les habitants dont les logements avaient été détruits.

Il faut bien dire que Gdansk a été une des villes plus affectés lors la Seconde Guerre Mondiale et maintenant elle est reconstruite de manière presque identique au passé. En fait, avant d’entrer à la rue Długa (rue principale de Gdansk), on passe un arc où on peut voir des photos de la rue en 1945. Le sentiment est dévastateur. Maintenant la ville est rénovée, comme si de rien n’était.

Gdansk en ruines après la Seconde Guerre Mondiale

Gdansk en ruines après la Seconde Guerre Mondiale

Cracovie, l’ancienne Pologne

Deuxième ville de Pologne, capital historique pendant grande part du temps. Moins affecté par la Seconde Guerre Mondiale grâce aux pactes entre l’Allemagne Nationale-Socialiste et l’URSS et donc, elle conserve son patrimoine en très bon état.

La place Rynek Główny est la place médiévale plus grande d’Europe, avec  environ 40.000 m2. Elle date du XIIIème siècle et elle fut conçue pour le commerce. La place obtient son échelle grâce aux différents éléments qu’elle contient ; le Sukiennice (Halle aux Draps) a commencé sa construction avec la place, mais s’est développé pendant toute son histoire. Il s’agit d’un des bâtiments plus significatifs de Cracovie grâce à son emplacement : point central de la ville. On peut entrer au Sukiennice par les deux axes et, donc, il n’arrête pas la continuité de la place.

Place Rynek Główny

Place Rynek Główny

La Tour de l’Hôtel de Ville date aussi du XIIIème siècle, mais elle a été victime de différentes agressions, incendies, etc. pendant toute son histoire. À la fin, ses dernières rénovations ont été effectuées dans les années 1960.

L’église Saint-Adalbert a été érigée en première instance au Xème siècle en bois. L’actuelle, construite en pierre, date du XIème siècle et elle est de style roman. Après, elles ont connu différents reconstructions.

Finalement, la basilique Sainte-Marie, construite XIVème siècle, de style éclectique. La façade principale avec les deux tours différents est très intéressante. Ce bâtiment est plein d’histoires et légendes, surtout grâce aux tours.

Tour de l’Hôtel de Ville et Basilique Sainte-Marie

Tour de l’Hôtel de Ville et Basilique Sainte-Marie

La place Rynek Główny constitue donc, un immense carré (là-bas on a la sensation qu’elle est un rectangle à cause de la forme du Sukiennice) avec plusieurs points isolés, très différents entre eux et qui donnent une grande variété à la place.

Les cours qu’on peut retrouver à partir de la place sont très agréables, certains d’entre eux nous évoquent aux cours des mêmes caractéristiques en France.

La place articule une grande part du Stare Miasto (centre historique de la ville) avec une trame orthogonale de toutes les rues qui sortent de la place, sauve la rue Grodzka (la plus longue du Stare Miasto) qui arrive jusqu’à Wawel.

Plan centre-ville

Plan centre-ville

Wawel est un des lieux les plus importants de l’histoire de la Pologne. Il s’agit d’une colline occupée depuis l’an 1000, quand les Vislanes ont commencé à construire des bâtiments religieux. Après, le roi Casimir a fait sa résidence royale en 1038 et, à partir de ce moment-là, Wawel va se développer de plus en plus.

Dessin médiéval de la colline de Wawel

Dessin médiéval de la colline de Wawel

La cathédral a été construit en 1142 et sera reconstruit après être brulé en 1305, cette fois en style gothique. Mais elle n’est pas du tout proche au style gothique qu’on connait à l’ouest de l’Europe, de volumes plus claires et plus niveau de détails. Dans ce cas-là, plus près au baroque, on se trouve avec une variété exceptionnelle de volumes et couleurs. La perception est diffuse, chargé. À l’extérieur, les volumes s’imbriquent les uns avec les autres sans une hiérarchie très claire. À l’intérieur, l’intensité de la décoration est assez forte, de manière qu’on est perturbé pour contempler la richesse architecturale.

Cathédral de Wawel

Cathédral de Wawel

Pendant le Renaissance, le roi Sigismond I est marié avec la milanaise Bona Sforza, en 1518. L’influence italienne va entrer à Cracovie et dans toute Pologne à partir des artistes. Je ne savais rien sur l’histoire du château, mais quand je suis rentré dans sa cour, j’ai bien ressenti l’air italien. Ses arcades (qu’on pourrait bien trouver dans une cour florentine) ont été commandées, bien évidemment, par la reine Bona.

Cour Château de Wawel

Cour Château de Wawel

La cour irrégulière m’a surpris, car je n’étais pas trop familiarisé à cause des cours des châteaux en Espagne (rectangulaires la plupart), mais que je vois de plus en plus en Europe. En contraste on a les arcades (premier et deuxième étages) et la loggia (troisième étage), beaucoup plus ordonnés, mais qui ont chacun une hauteur différente. Aussi les détails m’ont donné l’impression d’un ‘désordre ordonné’ qui m’a beaucoup plu.

Détail Château de Wawel

Détail Château de Wawel

La population juive a eu grande importance économique et intellectuelle pendant l’histoire cracovienne et ils ont habité à Kazimierz depuis le siècle XVème, puisqu’en 1495 le roi a décidé séparer la population juive pour qu’ils développent leurs affaires sans intervenir directement sur le commerce de la ville.

Kazimierz a été fondé en 1335 par le roi Casimir III comme une ville indépendante jusqu’en 1801 quand elle est ratachée à Cracovie. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, les national-socialistes ont installé le ghetto de Cracovie de l’autre côté de la Vistule, juste en face de Kazimierz. Plus de 60.000 juifs habitaient en Cracovie avant la guerre (un quart de la population de toute la ville). 3.000 polonais ont été expulsés de leurs maisons pour mettre directement 15.000 juifs en première instance, mais à la fin plus de 40.000 ont habité le ghetto pendant deux ans. Les cracoviens disent qu’on pourrait penser qu’il y avait six personnes par fenêtre dans les bâtiments du ghetto. En juin 1942 commencent les premières évacuations jusqu’aux camps de mort et le 14 mars 1943 le ghetto est liquidé.

Quand je suis allé au ghetto, j’ai pensé aux dimensions du lieu, vraiment petit. Pas plus d’une rue principale et trois perpendiculaires. C’est complètement décourageant imaginer que plus de 40.000 personnes ont habité en même temps dans cet endroit.

C’est aussi assez impactant voir quelques bâtiments soviétiques d’après-guerre dans ce ghetto. Ce sont des bâtiments complètement austères qu’ont été construits le plus vite possible pour accueillir des familles après la guerre à cause du besoin de logement.

Le ghetto s’achève dans la Place Bohaterów Getta, où les évacuations sont effectuées  et où maintenant on peut trouver le mémorial avec les chaises qu’indiquent la direction où milliards de juifs ont perdu leurs vies, à la majorité en Auschwitz-Birkenau. L’artiste a choisi l’élément des chaises car dans les évacuations, les national-socialistes sortaient tout le mobilier des maisons et la place restait pleine de chaises, tables, etc.

Place Bohaterów Getta

Place Bohaterów Getta

Si on revient sur Kazimierz on peut trouver ce quartier presque de manière identique au moment que les juifs ont habité là-bas. Plusieurs synagogues sont conservés et elles ont d’activité, mais on estime moins de 200 juifs qu’habitent maintenant à Cracovie.

En plus de conserver l’essence du quartier, l’activité a été rénovée et maintenant Kazimierz compte avec une intéressante vie nocturne, avec un important nombre de bars et pubs à la propre identité ; au contraire des places du centre-ville, beaucoup plus commercialisé et plus proche à ce type d’espaces dans le reste de l’Europe.

Synagogue Stara, en Kazimierz

Synagogue Stara, en Kazimierz

Cela a été un très court voyage dans ces terres polonaises, mais qui m’a fait beaucoup réfléchir. J’en sors plusieurs conclusions, comme la nécessité de connaître l’histoire d’un lieu pour comprendre son architecture et urbanisme, l’importance des matériaux utilisés pour donner l’image de la ville, et les traces du temps sur le site qui vont donner et varier son aspect et, bien sûr, son héritage.

Javier Tárrega Llaca

Voyage du 07/02/16 au 12/02/16

Bibliographie:

http://archieturbanisme.canalblog.com/

es.scribd.com/doc/114008153/CycleUrba-Carnet-de-Voyage-2012

www.urbanisme.fr/

fortificacionescosteras.wordpress.com/

http://www.traveler.es/

http://www.vanupied.com/

wikipedia.org