3ème étape du Road trip USA : Washington
Ville capitale des Etats-Unis, Washington est la ville la plus ordonnée du continent. Elle est à la fois la tête du pays du fait de la présence de toutes les institutions fédéralistes et autres composantes du gouvernements mais elle est également le symbole, le reflet de la puissance et de la démesure américaine.
Arrivé à Washington par Bus depuis New York en seulement 4h, nous voilà bel et bien dans la capitale de ce pays époustouflant que sont les USA. Dormant alors en couchsurfing, au sud de Washington nous ne tardons pas à remarquer que Washington ne ressemble en rien aux autres villes américaines. Dès lors que nous descendons du bus et rejoignons le métro nous comprenons que cette étape ne va ressembler à rien d’autre. Outre le fait de traverser la gare en voûte à caissons magnifique nous descendons jusqu’au métro et là énorme surprise. L’espace est totalement ouvert. Le métro se compose simplement d’un percement demi-cylindrique du sol, les rails au centre, les plateformes pour les passagers et ensuite d’une plateforme supérieure permettant de rejoindre les deux côtés des voies. Aucun cloisonnement, l’air circule librement, la lumière artificielle est particulièrement belle et émet des jeux tout particuliers d’ombres avec l’espace voûté en caisson au dessus de nos têtes. Le métro est très propre, la chaleur est régulée et l’odeur agréable. Quand on arrive de New York cela fait véritablement un choc.
Passé cette première surprise nous arrivons dans le quartier d’habitation de notre hôte. Tout est propre, bien organisé, telle une conception de la ville parfaite certes un peu aseptisée mais ce sentiment ambiguë de totale sécurité et d’ordre nous intrigue un minima. Une fois arrivé aux 3 immeubles qui compose la copropriété on découvre des équipements partagés dignes d’un resort de vacances : piscine, parc, jeux, etc. Bien, on se dit alors que c’est un immeuble un peu luxueux où notre hôte habite il nous dit très simplement que non, ici apparemment c’est un peu comme la norme du moins dans la ville d’Arlington, ville du pentagone et de l’aéroport Ronald Reagan.
Passé la porte d’entrée du hall, troisième choc, le hall est digne d’un hôtel de luxe, accueil, salle de restauration commune, libre accès à 6 beaux Imac neufs, canapé et autres sofa. Voilà une bien drôle ville très ordonnée qu’est Washington, ce qui nous change beaucoup de notre quartier populaire d’Harlem de New York.
Au petit matin, direction l’emblème phare de Washington : son mall, the National Mall. Gigantesque ou tout autre superlatif, personne ne peut s’imaginer le gigantisme de cette grande « avenue verte » de 3km de long sur 91m de large. Tout donné à la perspective et les trois éléments forts de ce grand axe : de part et d’autre le Capitol et le Lincoln Memorial et au centre le Washington Monument, obélisque de 169m de haut.
Nous arrivons alors depuis le métro situé sur un côté du parc. C’est alors que nous commençons notre « randonnée ». L’intégralité du parc est ponctuée de part et d’autre de musées (air & Space, Arts, Histoire naturelles, indien, etc.) gratuits. Nous enchainons alors les visites de ces musées tous plus intéressants les uns que les autres. Arrivé à celui de la communauté indienne qui ressemble étrangement à une succession de strates géologiques empilées de dimensions variantes et entouré d’une sorte de ruisseau en eau artificielle. Ce bâtiment ouvert en 2004 a été dessiné par l’architecte canadien Douglas Joseph Cardinal.
Nous voilà quasiment à l’extrémité de ce premier côté culturel du parc. Pour ceux n’ayant pas la chance comme nous d’avoir pu faire le Guggenheim Museum à New York, il est alors très intéressant de rentrer dans le musée indien. En effet, l’intérieur est un énorme volume vide où les circulations des étages du musée se font de manière circulaire autour de ce grand vide. Seul les escaliers viennent briser cette superposition de cercles concentriques.
Une fois arrivé au pied du Capitol perché sur la Capitol Hill, nous découvrons avec tristesse qu’il est totalement échafaudé du à une grosse fissure de la coupole de 29m de diamètre. Nous découvrons également en discutant avec des personnes que le Capitol n’est pas seulement un des trois repères visuel du National Mall il est aussi celui de la ville entière. En effet, la ville de Washington est anormalement basse comparée aux autres villes américaines. Une anecdote dit que tous les bâtiments sont obligatoirement plus bas que le Capitol afin que celui ci soit un véritable repère urbain culminant à 87m. Phénomène qui se vérifie aux quatre coins de la ville, depuis n’importe quel endroit, la coupole est visible ou à défaut l’obélisque du Washington Monument. Mais si l’on regarde la règle d’urbanisme, la véritable loi est que les bâtiments ne peuvent pas dépasser largeur de la rue adjacente plus 6m.
Encore une autre particularité de cette capitale qui fait décidemment exception à l’image de la ville américaine. Certes, le plan urbain est à l’habitude, outre Atlantique, orthogonalement organisé autour d’un grand espace vert rectangulaire. Mais ici la notion de perspective, de mise en exergue de bâtiments emblématiques référencés à l’architecture académique et/ou européenne est une véritable particularité de la ville.
Après une rapide pause déjeuner, nous continuons notre tour des musées, traversons le parc d’exposition de sculptures du musée d’art : une ferrure art nouveau d’entrée de métro appelé « métropolitain » nous est très familière.
Nous bifurquons ensuite du côté Nord de ce grand axe vert et arrivons face à la grille laissant apparaître une toute petite partie de la fameuse Maison blanche. Cachée d’une grille et un jardin très « fourni » en végétaux, elle se positionne derrière une fontaine, fière de son architecture classique et de son blanc limpide. Un défilé d’atterrissages et de décollages d’hélicoptères nous a totalement convaincu que le Président Obama pouvait être présent à une centaine de mètres.
Nous rattrapons le National Mall afin d’atteindre son extrémité Ouest marqué par le Lincoln Memorial. Nous débouchons depuis une artère perpendiculaire sur le mail au niveau du Mémorial de la seconde guerre mondiale. Sorte de Cercle ponctuée de piliers représentants tous les Etats constituant les Etats Unis, réunis autour d’une fontaine. Après cela un gigantesque plan d’eau rectangulaire nous mène au Lincoln Memorial. Véritable jeu de reflet et de mise en perspective à la manière d’une villa romaine, ce plan d’eau est surdimensionné.
Une fois arrivé en bas du Lincoln Memorial le cheminement n’est toujours pas terminé : car il est surélevé sur un piédestal d’une bonne centaine de marches. C’est une fois au « sommet » que lorsque l’on se retourne qu’on peut admirer cette mise en perspective : ce plan d’eau reflétant le Washington Memorial et au loin le Capitol coupé visuellement par l’obélisque. Que dire du Lincoln Memorial, reprenant l’architecture classique grecque d’un temple perché sur un mont à la façon de l’acropole Athénienne, il se compose d’une colonnade périphérique et d’un volume interne. Volume qui est totalement vide, excepté cette statue monumentale de Lincoln Assis sur son siège regardant, à travers l’ouverture gigantesque, le National Mall.
Notre randonnée urbaine se termine en abordant la partie Sud de ce parc qui vient s’épaissir et englober un plan d’eau. Nous traversons différents mémoriaux comme celui des combattants du Vietnam où des statues d’hommes soldats dans différentes positions occupe l’espace. Un jeu de reflet sur un mur de marbres bordant le cheminement permet aux promeneurs de se voir sur le corps d’un soldat : de s’identifier à ses hommes statues. « The Memorial wall », mur de marbre de Bangalore où figure l’ensemble des noms des combattants mort au combat, a été dessiné par l’architecte Maya Lin lors d’un concours anonyme en 2007. Il a été classé dixième sur la liste des architecture favorites américaines par l’institut américain des architectes.
Plus loin, nous traversons le mémorial fort en signification de Martin Luther King. Un bloc blanc sculpté à l’image de l’homme vient s’extruder d’un monolithe blanc, où son graver ses plus grandes citations. Cette extrusion d’un bloc permet alors de laisser le passage libre entre un monde et un autre qui auparavant été bloqué par ce monolithe métaphore du racisme. Sur le bloc, sculpté à l’image de l’homme est gravé « out of the mountain of despair a stone of hope ».
Une fois traversée ce mémorial, nous arrivons sur un plan d’eau courbe immense et à l’horizon un nouveau temple grec se profile : c’est le mémorial de Jefferson. Tout comme celui de Lincoln il reprend l’architecture classique mais celui ci s’inspire du Panthéon de Rome avec ça coupole centrale et une colonnade portant le fronton.
Après cette randonnée de plus de 10km, nous rentrons chez notre hôte. En chemin pour rejoindre le métro, nous passons à proximité de différents immeubles d’administration du pays et remarquons encore une fois cette sensation d’ordre, de contrôle total d’un urbanisme totalement inédit pour moi.
Après avoir vu cette partie symbolique et monumentale de la ville de Washington nous décidons de découvrir maintenant l’architecture du quotidien, le côté vernaculaire de la ville. Nous partons donc en direction d’une agglomération connexe à la ville capitale. Georgetown, c’est le nom de cette agglomération, située au Nord Ouest de Washington. On y accède relativement facilement (métro + 15min de marche). Et là c’est une nouvelle fois un petit choc pour nous. On se croirait en pleine scène de cinéma : petite ville américaine développé autour d’un axe commerçant puis se développant sur les hauteurs de la colline située au Nord de l’axe. Georgetown est beaucoup plus ancienne que Washington et c’est littéralement l’opposé. La veille nous avons pu voir que la ville n’avais pas réellement de vie : comme si l’ordre et la discipline de l’architecture et des personnes avait figé le temps. Ici, on voit nettement que c’est bel et bien la vie qui prédomine. Nous arpentons alors une bonne partie des routes montant rectilignement dans l’axe de la pente. Pas de tout repos cette ascension avec nos sacs de 16kg sur le dos. Nous passons de petites maisons à petites maisons mitoyennes. Un véritable camaïeu de couleur, répertoire de style et de charme s’offre alors à nous à chaque fois que nous passons devant les propriétés. Entre maisons historiques d’anciens gouverneurs ou maison simple avec jardinet sur rue c’est une véritable promenade dans les classes sociales aisées et moyennes que nous faisons là. Une fois redescendue de notre colline nous traversons l’axe principal bordé de commerces.
En arpentant les petites rues connexes à cet axe nous découvrons un canal bordé de bâtiment et de verdure. Ce canal se nomme Chesapeake & Ohio Canal, et a été utilisé entre 1836 et 1924. Il servait à l’époque a acheminer le charbon depuis les montagnes, situées 300 km au Nord jusqu’à la ville. Véritable parenthèse dans l’urbanisme connue de la ville américaine : ce canal est totalement du même ordre que celui de Nantes à Brest.
Un restaurant offre même une terrasse ombragée sous les arbres composants l’écrin de ce canal. Le promeneur est ainsi totalement coupé de l’urbanisme environnant. Quelle claque après la démesure, l’immensité, le toujours plus grand à l’américaine que l’on a vécu en arpentant le National Mall.
Après cette promenade, voilà le temps pour nous d’aller à la gare pour 17h de train afin de rejoindre notre prochaine étape : Le Lac Michigan et la ville de Chicago.
Quentin Guillemot
ROAD TRIP USA du 01/08/2015 au 05/09/2015
Références :
Marie Mauzé, Joëlle Rostkowski, « A New Kid on the Block. Le National Museum of the American Indian », dans Journal de la Société des Américanistes, 2004, 90-2, p. 115-128
https://fr.wikipedia.org/wiki/National_Mall le 23/11/2015
http://www.nps.gov/wamo/index.htm le 23/11/2015
https://en.wikipedia.org/wiki/Vietnam_Veterans_Memorial le 23/11/2015
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chesapeake_and_Ohio_Canal le 23/11/2015