Taipei, July 23, Typhoon Matmo exited Taiwan early Wednesday from the central county of Changhua about four hours after its landfall in eastern Taiwan’s Taitung county, dumping heavy rainfall islandwide, the Central Weather Bureau said. It is packing maximum winds at 119kph, with gusts reaching 155kph.

Lundi. ‘Hey, by the way, we might have a typhoon this week.’ est lancé d’un ton monocorde par un collègue au déjeuner.

Mardi après midi. Fortes pluies. Entre les lames des stores continuellement baissés, je vois le vent balayer la grande avenue. La température extérieure s’est clairement rafraîchie. Autour, les téléphones continuent de sonner, mes collègues courbés sur leur poste écoutent la vague musique de la radio, alternant pop taïwanaise et extraits de musique classique.

Mardi soir. Une tension commence à monter dans l’agence. Je lève la tête. Un attroupement autour d’un ordinateur, quelques rangées de bureau plus loin. Quelques chuchotements. Je m’approche. Ils scrutent le site officiel de la météo, sur lequel est enregistré en temps direct la position du typhon, et la liste des villes principales de l’île. Il est 20:15, Taipei devient rouge. L’alerte de typhon est déclarée. Cris de joie: il est maintenant interdit de venir travailler pour le lendemain.

Briefée, je passe dans un supermarché vide avant de rentrer chez moi acheter du ravitaillement, et un k-way jaune poussin. Les rafales de vent commencent à se sentir, il faut se protéger les yeux de la poussière et les feuilles qui volent dans tous les sens.

Les vents se renforcent la nuit et sifflent entre les ruelles.

Mercredi matin. Pluie continue, qui sonne et ruisselle sur les toits de tôle ondulée. Sur le toit terrasse qui sert habituellement de séchoir à vêtements, les meubles sont tous à terre, et il ne reste en place plus qu’un tee shirt accroché à la toiture arborant le slogan «Jesus is alive». Les arbres des parcs des maisons japonaises du quartier ploient encore fortement sous l’effet du vent mais le danger semble moins grand. Je m’aventure dehors.

Ruelle 1

Des balayeurs sont déjà au travail pour nettoyer les rues jonchées de feuilles. Un policier fait le constat d’une branche tombée sur une voiture avec le propriétaire désemparé. Les rues sont plus silencieuses que d’habitude. Peu de personnes se risquent à aller à l’extérieur. Les abords du fleuve sont interdits. Plus loin, je rejoins la fameuse librairie Eslite Bookstore réputée pour être ouverte 24/24 7/7. Même en ce jour de typhon, les vendeurs n’ont pas manqué à l’appel. Au contraire: le magasin est bondé. Les jours de typhon sont pour les taipeiens l’occasion de passer une journée dans les malls géants, les cinémas. Ils n’ont pas besoin d’aller à l’extérieur et peuvent emprunter les nombreuses rues commerçantes souterraines. Debout devant un étalage, assis sur les marches ou dans un coin, en tailleur ou accroupi, les clients d’Eslite dévorent leur livre. Contrairement à la France, les lecteurs peuvent ici entièrement lire leur roman dans le magasin, entre deux étagères. Rayons de classiques, policiers, romans historiques, théologie, mathématiques, développement personnel et carrière, langues ou médecine, cuisine et guides de voyage, les taïwanais viennent en famille et y trouvent chacun leur compte. L’atmosphère est paisible, les pas sont étouffés. Je choisis (indubitablement) un livre d’architecture et m’installe à une table mise à disposition.

Eslite Bookstore

Soirée. Le vent est calme, il ne reste qu’une petite bruine fine. Au pied de la tour Taipei 101, les taxis jaunes ont repris leur incessante activité. Des malls s’échappent des musiques bruyantes et attractives. La ville est éclairée par ses vitrines. Un musicien de rue s’est déguisé avec des lampions, comme si lui aussi commençait à être absorbé par cette ville de lumière.
Le lendemain retourne à son quotidien, comme si le typhon n’était jamais venu. Seule la fraîcheur de l’air témoigne pendant quelques jours que le typhon était bien réel.

Les typhons font partie des événements habituels de l’été à Taïwan. Pour résister, comme le roseau de la fable de la Fontaine, les gratte-ciels qui poussent à travers la ville doivent être relativement flexibles aux vents forts, tout en restant assez solides pour éviter de faire des mouvements de trop grosse amplitude. La tour Taipei 101 (1997-2004), plus haute tour du monde à 508m de haut, avant d’être détrônée par la Burj Dubai en 2010, en est un bon exemple.

Panorama Taipei 101

Sa situation lui donne trois inconvénients majeurs : les vents du typhon venant de l’océan, des tremblements de terre fréquents, puisque la tour est située à proximité d’une faille sismique, et un mauvais sol dans lequel la tour a tendance à s’enfoncer. Déjà pendant ses travaux, la Taipei 101 a enduré deux tremblements de terre particulièrement forts, dont l’un deux (2003/03/31) a provoqué la chute de cinquante étages d’une des grues.

Les fondations sont particulièrement profondes: les 380 pieux s’enfoncent de 40 à 60m dans le sol, c’est autant que la tour Burj Khalifa (pieux de 43m de profondeur pour une hauteur de 828m au dessus du sol). Une dalle de 3 à 5 mètres stabilise également la structure.

La façade rideau bleu-verte, conçue pour résister séismes et typhons, et peut absorber des déplacements latéraux de près de 10cm. Le verre est renforcé contre les chocs jusque 7 tonnes. L’inclinaison de la façade (de 5 à 7 degrés) participe également à la rigidité globale. Tous les 8 étages, le mur rideau est rattaché aux méga colonnes d’acier remplies de béton (2,4x3m de section) de la structure.

Tuned Mass Damper

Enfin, Taipei 101 a été équipée d’un amortisseur de masse intégrée, plus communément appelé « Boule géante » ou « Baby Damper » par les locaux. Au delà de l’amusement qu’elle provoque chez les touristes qui peuvent l’observer, cette boule géante dorée de 730 tonnes située entre le 87e et le 92e étage de la tour, permet de réduire les effets du vent (et les secousses sismiques) de près de 40%, pour des vents allant jusque 216 km/h. La masse, reliée à des amortisseurs, oscille sous les effets du vent dans une fréquence particulière, réduisant les oscillations que la tour commence à subir. L’antenne de 60m au sommet de la tour possède elle aussi également deux plus petits amortisseurs pour la retenir. Ce procédé étonnant, de tout de même 4 millions de dollars, est en fait largement répandu dans la construction d’autres gratte-ciels tels que la Shanghai World Financial Tower,Berlin Television Tower et même la Burj al Arab à Dubai, pas toujours sous la forme de boule, cependant.

Baby Damper

Bibliographie/

Archinomy/ http://www.archinomy.com/case-studies/671/taipei-101-a-case-study

Taipei 101 Project Review & Management By KTRT Joint Venture/ http://www.mbam.org.my/mbam/images/@TAIPEI%20%2878-83%29.pdf
Wikipedia/ Burj Khalifa
Carnet de voyage

Balayeur

 

Honorine van den Broek d’Obrenan – voyage été 2014

honorine.van-den-broek@laposte.net