Un arrière-goût de Disneyland de l’architecture, à faire passer à coup de vitamine C.

« L’exposition universelle 2015 aura lieu à Milan », c’est à deux pas de chez nous, je ne suis jamais allée à une Expo universelle, alors je décide de programmer un voyage à Milan, et d’aller voir par moi-même. Ah la curiosité !

Etape 1 : se rendre sur place à Rho Fiera

L’exposition universelle se situe à Rho fiera à l’ouest de Milan, à environ 30 minutes de métro, un espace en périphérie, vierge, entre plusieurs grandes voies de communications ferroviaires et routières. Le site se trouve à proximité du pôle d’exposition de Rho Fiera. Tout d’abord il a fallu me rendre à Rho Fiera où j’avais réservé un hôtel. En arrivant à l’aéroport j’avais entendue parlé de navettes se rendant directement sur le site, ce qui paraissait tout à fait logique au vue des 500 000 personnes que cette manifestation drainait par jour. Mais mon avion ayant atterrit après 19h00, ce service n’était plus disponible. Le prix des taxis étant de 80 euros, je décide de prendre la version longue, le bus qui me mènera en centre-ville de Milan, et de là il me suffira de prendre le métro. Une étape après l’autre. C’est donc pour la somme de 10 euros que je prends le bus, qui me dépose après 1h15 de transport à la Gare « centrale », de là je prends un ticket aller « Expo 2015 » à une borne. Il me faut prendre la ligne 3 (jaune) et changer à Duomo pour la ligne 1 (rouge). Dans le métro de Milan les couleurs ont leurs importances, les couloirs correspondants aux lignes sont de la couleur de la ligne, ce qui permet assez simplement de paraître habitué, et de ne pas s’arrêter à chaque carrefour pour savoir ou tourner. Je prends donc mon premier métro. Arrivée à la station précédant « Duomo » le conducteur baragouine quelque chose en Italien au sujet de la station, mais personne ne bouge. J’en fais autant, mais ayant déjà pratiqué le métro milanais avant, je me doute que cela ne présage rien de bon. Ici les gens ne sont pas stressés, par les transports, ils prennent leurs temps. Sans surprise la station n’est pas desservie, je sors donc à la suivante. Je demande mon chemin, on m’indique dans le plus grand calme que la prochaine station est à 2 minutes à pied, car à Duomo, il y a une soirée, et pour éviter les mouvements de foules, ils ont préféré fermer. Évidement. Je retrouve effectivement une station pour prendre le fameux métro rouge, qui permet d’après les sites touristiques de regagner l’expo en moins de 30 minutes. Au bout de 6 stations, le métro s’arrête, et le conducteur demande à tous les usagers de descendre, car il a fini son service. Sans que personne ne se plaigne, tout le monde descend et attend le suivant patiemment. C’est assez surprenant pour un Français de voir cela. Imaginez si cela arrivait à Paris…. Je prends donc mon énième métro, pensant être enfin sortie d’affaire, et bientôt arrivée. Mais à moins de 3 stations du terminus, le métro met un certain temps à se fermer, et à redémarrer. C’est donc ainsi qu’à la station suivante je me retrouve à nouveau sur le quai. Cette fois ci la voie est fermée. Je n’irais pas plus loin. Comme plusieurs personnes sur le quai je dois me rendre à Rho Fiera, je suis donc le mouvement de foule, vers un arrêt de bus. Au bout d’une dizaine de minute, à attendre sans vraiment que personne ne sache si nous étions au bon endroit, un bus arrive, j’arrive à rentrer de justesse. Le pauvre chauffeur doit répondre une quinzaine de fois à « Rho fiera ? ». Yes, yes s’efforce-t-il. C’est alors que nous voilà parti pour un tour complet du quartier, j’ai l’impression de tourner autour de l’expo indéfiniment, c’est à se demander où est ce que ce bus va nous déposer. On commence à croiser de plus en plus de gens qui nous font de grands signes, pour monter. Le chauffeur s’arrête jusqu’à ce que le bus soit plein. Un mec vraiment sympa ce chauffeur. On commence à comprendre que la station de métro et de train a été fermée car quelqu’un s’est malheureusement jeté sous un train. On aperçoit une foule au loin, le bus roule de plus en plus lentement, jusqu’à être complètement arrête, par des gens qui crient en italien, tapant contre le bus, montrant des femmes enceinte, et des enfants en poussettes. Moi qui avais hâte d’arriver je me demande comment je vais faire pour descendre de ce bus, sans me faire marcher dessus. Nous sommes apparemment le premier bus à arriver depuis la fermeture des quais, plus aucun taxi n’est disponible, plus aucune navette non plus, et l’expo est sur le point de fermer ses portes. Il doit y avoir 250000 personnes dehors, au milieu de rien, qui veulent une chose : monter dans ce bus, et rentrer chez eux. Le chauffeur finit par ouvrir les portes, je me rue dehors avant de me faire écraser, en criant en français, anglais, italien, à qui veut m’entendre. Je me dépêche de trouver refuge à l’écart de la foule. Mon hôtel est à 15 minutes de marche. Cela fait 5 heures que mon avion a atterri. Je me demande encore pourquoi je ne me suis pas contentée des jolies photos des pavillons dans les magazines.

Etape 2 : L’entrée
Après avoir entendu beaucoup de mal, au sujet de l’expo : « c’est Disneyland, y’a trop de monde, ce n’est pas intéressant, le sujet n’est pas respecté » (Oui, parce qu’il y a un sujet : Comment nourrir la ville de demain) ; je choisis d’opter pour un billet soirée à 5 euros, ce qui me laisse entre 18h et 23h. Je me rends donc àl’entrée, je demande conseil à un homme de la sécurité, qui dans un français parfait m’explique : « Vous avez déjà votre billet, parfait, il vous suffit d’aller au bout du tunnel et vous aller voir ce n’est pas si loin. » Pourtant arrivée devant l’entrée je ne vois pas de tunnel, j’ai déjà l’impression de m’être trompée quelque part, mais tant pis, tous les chemins mènent à Rome. Je vais à l’un des 100 postes de contrôles, ce qui pourrait se comparer à l’entrée du Vatican. Je dépose mes affaires dans une boite, passe le contrôle, une femme contrôle mon billet. Et là se met à sonner une alarme stridente. Tous les gardes se mettent à courir, nous demandent de reculer, et forment une barrière humaine devant l’immense entrée. C’est assez difficile de savoir ce qui se passe, on pense de suite à une attaque terroriste, ou alors à un incendie, la voix dans le hautparleur répète en boucle en anglais, italien, allemand, espagnol «  Ceci est une alarme, veuillez regagner la sortie calmement, n’utilisez pas les ascenseurs, et aidez les enfants ». Décidément j’ai un petit côté maudit cette semaine. L’homme à côté de moi, filme la scène, l’un des gardes vient, et lui demande d’arrêter sur le champ, et d’effacer cette vidéo. J’allais faire demi-tour, quand la sécurité semble se rouvrir. L’alarme elle ne s’arrête pas. Après quelques minutes je décide de m’y rendre. Je passe à nouveau les contrôles de sécurité, et me voilà partie. Il me faut emprunter une passerelle pour rejoindre le site de l’exposition, je suis donc le mouvement de foule, qui semble ne jamais s’arrêter. L’alarme tourne en boucle, dans cette passerelle fermée, et résonne dans mes oreilles. Cette traversée me semble longue, très longue. Quand enfin je me retrouve face à face avec le pavillon zéro.

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Pavillon Zero

Etape 3 : L’expo, sans faire la queue.

Arrivée, mais déjà épuisée, je sens que la soirée va être longue. J’arrive à me procurer un plan. Les pavillons de tous les pays sont implantés le long d’une artère principale de 35 m de large, pleine à craquer de touristes. Vue la longueur de l’allée, je sais déjà que je n’irais pas jusqu’au bout. Je repère sur le plan le pavillon français, paraît-il très bien. Il est à peu près au milieu, c’est donc là que je ferais demi-tour. Je me ballade donc le long, en entrant dans les pavillons où il n’y a pas de queue (certains pavillon demandent 5 heures de queue…). Le pavillon belge est très beau, avec une structure charpente + poteaux en lamellé collé, disposés les unes après les autres, ce qui donne un bâtiment très tramé, et dessine une façade raffinée. Il est signé Patrick Genard, un architecte et ingénieur belge qui possède également des agences à Paris et Barcelone. Au pavillon belge il n’y avait pas la queue, parce qu’apparemment, ici l’attraction c’est « la baraque à frite », où il faut compter deux heures, et 8 euros pour une petite barquette. Le grand jeu ici c’est évidemment que chaque pays montre son talent, sa richesse, son ingéniosité, en construisant un pavillon, mais aussi que chacun fasse découvrir ses spécialités culinaires. Et c’est assez amusant de voir les pays, leur pavillon, et de voir la politique qu’ils ont voulu adopter. Par exemple tape à l’œil pour le Kazakhstan, un petit pays qui monte en puissance et qui veut se faire voir, qui accueil prochainement l’exposition internationale de 2017. Sobre, pour le Vatican, qui veux passer un message de paix. Graphique et majestueux, signé Foster and Partners pour les Emirats Arabes, les prochains à accueillir l’expo dans 2 ans. Disproportionné pour l’Italie, qui héberge l’expo cette année, et qui veux sont pavillon permanent, sa conception a été confié à des architectes Italiens Nemesi and Partners. Biobiobobo, pour les français, qui se veulent humbles et respectueux du thème, et de la planète. Le pavillon a été dessiné par XTU architectes, des fanatiques du vert, en tant que couleur, et peut être en tant que symbole d’écologie. Pour un jeune architecte, en faisant l’abstraction de la foule, et des paillettes, c’est très intéressant de voir les méthodes constructives, les idées, les scénographies, et bien sûr de découvrir de nouveaux pays. N’ayant pas réussi à me procurer à manger, car évidement tout le monde a faim en même temps, je décide de regagner la sortie. La navette qui fait le tour du parc semble être bondée, c’est donc à pied, en rebroussant chemin que je regagne mon hôtel. Je trouve malgré moi le fameux tunnel, bien plus rapide, qui mène directement au métro, aux trains, et à l’expo Rho Fiera. C’était une expérience à faire, mais tout de même une espèce de Disneyland de l’architecture qui me laisse perplexe.

Etape 4 : Et après ?

Dans moins de 5 jours, l’Expo de Milano ferme ses portes. Que vont devenir tous ces pavillons, pour la plupart temporaires. Que va devenir le site en lui-même ? J’ai entendu dire que la ville de Milan avait choisi de garder le pavillon zéro, le pavillon de l’Italie, et toutes les infrastructures passerelles, ponts. On a du mal à imaginer un futur à cet espace reclus de la ville, qui ne vivait avant uniquement qu’au rythme du pôle d’exposition Rho Fiera situé à proximité. Il n’y a qu’un hôtel, de Dominique Perrault perdu dans le décor, et des routes à perte de vues. Les moindres habitations, et services sont à 15 minutes en bus. L’expo qui a été un cœur pendant 6 mois pour Milan, qui a drainé tant de visiteurs, dans la ville, dans son métro, ses restos, ses hôtels, a épuisé les milanais, a épuisé Milan. Il va leur falloir un peu de temps avant qu’ils puissent reprendre leurs esprits, et la main sur leur ville assaillie par des millions de touristes en cette année 2015.
La prochaine manifestation est la Triennale en 2016. Encore un bon prétexte pour aller jouir de la vie Milanaise quelques jours, non cela ne m’a pas dégoutté, promis, je reviendrais.

Camille Chevrier

Voyage du 26 oct au 31 oct 2015

http://www.expo2015.org/

http://www.novoceram.fr/blog/news/pavillon-italie-expo-2015

http://www.lalibre.be/actu/belgique/expo-universelle-a-milan-le-pavillon-belge-au-bord-de-l-implosion-5551f0d43570fde9b331ac42

http://france-milan-2015.fr/fr/architecture

http://culturebox.francetvinfo.fr/expositions/evenements/milan-2015-les-abeilles-du-pavillon-britannique-font-un-tabac-222547

http://www.novoceram.fr/blog/news/pavillon-emirats-expo-2015

Les expositions internationales et universelles à venir:

https://expo2017astana.com/fr/

https://expo2020dubai.ae/fr/