Introduction

Octobre 2009, fut la date d’un long voyage et le début de mon parcours d’Etudiant qui a commencé en Tunisie puis se poursuit jusqu’à maintenant en France. Cette expérience m’a fait comprendre l’attachement que j’avais pour ma ville.  Tout a commencé lors d’un après-midi du mois   de juin 2013 pas comme les autres,  arrive l’heure de l’embarquement  à l’aéroport international de Tunis Carthage. Après un long vol de  4h 30 min, le commandant de bord annonce notre descende vers l’aéroport Hassan Djamous de N’Djamena. Je me précipitais au hublot afin de distinguer les avenues et les édifices publics, malheureusement   c’était déjà la nuit et la ville est très peu éclairée.

Apres quelques jours, le constat était surprenant.  N’Djaména semble jeter aux oubliettes son passé. Elle se fait d’une peau neuve, n’hésitant pas effacer ce qui pourrait faire une tache dans le centre-ville,  qui t’a sacrifie des lieux des monuments et même des quartiers entiers, les remplaçant par des architectures et espaces publics. Depuis le 10 octobre 2004 le Tchad devient un pays producteur du pétrole, les revenus génèrés par ce dernier sont importants et le pays est résolument tourné vers l’avenir et l’ambition de devenir la «vitrine de la sous-région» mais cette marche de modernisation de la ville est à quel prix ?

Dans une partie un petit historique de la ville est retracé, sa situation géographique et en  dernière partie la visite du Charles de Gaulle.

Historique de la ville

N’Djaména a été fondée par Emile Gentil, un explorateur et administrateur colonial français, le 29 mai 1900 sous le nom de Fort-Lamy, en souvenir du commandant Lamy. Le 6 novembre 1973, le premier président du Tchad indépendant. François Tombal Baye la renomme N’Djamena, du nom d’un village arabe (Am Djamena, signifiant littéralement en arabe tchadien « le lieu où l’on se repose » de la « violence ou la guerre »). La république du Tchad, ancienne colonie française d’Afrique Equatoriale Française (AEF), accède à son indépendance le 11 août 1960. Suivirent des longues années d’instabilité politique, militaire et dictature freinant ainsi le développement du pays. Depuis les années 2000 le pays est en pleine métamorphose par l’exploitation pétrolière (depuis 2004) et par une stabilité politique retrouvée. Elle a connu 33 maires de la ville dont 10 pendant la période coloniale et 23 autres depuis 1960 jusqu’à aujourd’hui.

l' arche de la liberté

l’arche de la liberté; Pierre Goudiaby Atepa; 2012

les présidents du Tchad

les présidents du Tchad

 

 

 

Situation géographique

situation géographique du Tchad

situation géographique du Tchad

la carte Administrative de la ville de N'Djamena

la carte Administrative de la ville de N’Djamena

 

 

 

 

 

 

N’Djamena est située à la latitude 12°8 Est, en zone sahélienne chaude et sèche, à la confluence des fleuves Chari et Logone. Elle est délimitée au Nord par la sous-préfecture de Mani, à l’Est par la sous-préfecture de Ligna, au Sud-est par la sous-préfecture du Logone Chari et à l’Ouest par le territoire camerounais. Le Territoire de la Commune de N’Djaména est divisé en dix unités administratives dénommées Arrondissements Municipaux, le tout comprenant soixante-quatre quartiers. En 1998, elle s’étirait sur plus de 15 km de la rive droite du Chari, à l’aval et à l’amont de son confluent avec le Logone.

La ville de N’Djamena constitue un pôle national et régional majeur, elle est la capitale politique et économique du Tchad. Elle concentre les ministères, la présidence, les ambassades et les sièges des organismes internationaux. Elle est le cœur de l’espace interafricain entre la zone arabo-musulmane de l’Afrique du nord et l’Afrique sub-saharienne.

La ville est en pleine extension spatiale vers l’Est, l’Ouest et le Nord ; aujourd’hui sa surface urbanisée est plus de 20 000 ha. Elle est peuplée de presque de 1,5 millions d’habitants dont 50% ont moins de 18 ans. Cette extension de la ville se fait de manière spontanée sur des terrains peu propices à l’urbanisation et soumis régulièrement aux inondations. Si la logique veut l’augmentation de la population urbaine s’accompagne d’une extension de la surface urbanisée surtout que l’occupation de l’espace se fait horizontalement à N’Djamena, c’est là un fait d’évidence. Cependant dans la réalité, on remarque à N’Djamena une occupation effective lâche de l’espace, surtout dans les quartiers périphériques, où le nombre de terrains appropriés mais non bâtis donc inhabités, est impressionnant. La densité moyenne brute globale de l’agglomération est faible environ 75 habitants à l’hectare (le recensement général de la population de 2013). Cela signifie que N’Djamena s’étend mais ne se densifie que très lentement à cause des surfaces de terrains ouverts à l’urbanisation qui progressent plus rapidement que leur mise en valeur et leur occupation effective.

A l’instar des autres villes africaines N’Djamena se caractérisent par l’explosion démographique et le manque d’un schéma directeur d’urbanisation. En novembre 2008, le ministère de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat a élaboré un document de cadrage du développement urbain de la ville N’Djamena à l’horizon 2020.  En deux ans la loi s’est vue mise en œuvre dans la ville.

schéma directeur horizon 2020

schéma directeur horizon 2020

Architecture

L’architecture de la ville de manière générale est vraie, le centre-ville est relativement moderne un décret présidentiel de 2012 imposant de construire moderne à l’occidental (avec des façades vitré, des bétons etc…), et dans les quartiers périphériques ou bidonvillé qu’on retrouve l’architecture ancienne de la ville avec des constructions en terre crue.

N’Djamena n’est pas un cas isolé et bien évidemment les autres villes d’Afrique ne sont pas épargnée, par les phénomènes de la modernité, Dans « la Désobéissance de l’Architect » un échange entre Renzo Piano et l’ancien président du Sénégal Senghor, il lui dit « à, Dakar, nous n’allons pas y arriver. Malheureusement, les aspirations à la modernité font que les gens veulent des maisons en béton armé. Je crois vraiment que nous n’allons pas y arriver ».

Aujourd’hui le constat du piège de la modernité est dramatique à N’Djamena, dans cette ville semi-désertique de type sahélien, qui  autrefois elle avait une identité, une âme et des caractères qui pourraient la définir, malheureusement aujourd’hui elle ne ressemble ni aux villes occidental ni à la ville qui autrefois reflétait les différents cultures tchadiennes.  Renzo Piano dit,  « l’architecture est un phénomène local en ce qu’elle est liée aux traditions, aux cultures, à l’histoire, aux croissances religieuses, mais elle est aussi universelle, parce que les idées de protection et de religiosité sont universelles : de la cabane à la maison, à l’église ».

une maison ancienne conserve

une maison ancienne conservée

La mobilité

Les milliers d’habitants de la capitale tchadienne se lèvent très tôt. Le plus souvent à moto, casque de rigueur, les travailleurs, universitaires et les écoliers commencent leur journée dès 7h du matin.

Le transport collectif urbain se cache dans une grande diversité de mode de transports différents. On pourrait rencontrer des taxis jaunes, des clandos (mototaxis) et les minibus. Leurs succès résident dans la flexibilité qui leur a permis d’apporter leur offre aux conditions économiques, les tarifs sont aléatoires et négociables.

La balade

Je propose une visite guidée du centre-ville plus précisément au niveau de première avenue,  le plus célèbre du pays,  Une balade qui prend comme  point de départ «l’aéroport international Hassan Djamous» jusqu’au rond-point de la liberté afin de constater le prix de la modernisation de la ville.

Sorti de l’aéroport, le voyageur peut s’engager dans la mythique avenue Charles de Gaulle, bordée d’une rangée de banques et de grands restaurants qui déboucher sur la désormais célèbre Place de la nation. Elle se trouve juste en face de la présidence de la République gardée farouchement par les bérets rouges de la garde présidentielle. Sur  cette place se déroulent les grands hommages républicains, elle se veut à la hauteur des nouvelles ambitions des autorités tchadiennes. Elle a vu le jour grâce au projet de rénovation urbaine du centre-ville, La démilitarisation du centre-ville entraine un des grands projets de reconversion de l’ancien camp de Martyr et les locaux de l’école de la gendarmerie nationale, un camp militaire ainsi que la prison d’arrêt centrale par des projets de la place des nations et de la cité internationale des affaires. Elle s’étend sur plusieurs hectares et a été construite à coup de milliards de franc CFA pour célébrer le cinquantenaire de l’indépendance du Tchad en 2010. Faute de jardin public ou de parc digne de ce nom dans la ville, elle est devenue le rendez-vous des balades amoureuses du crépuscule.

A peine un kilomètre plus bas, vers la place de nation en passant devant le plus vieux cinéma du pays, « le Normandie », après 30 ans de ruines de guerre. Ce dernier a subit une année de travaux de restauration à l’identique, ainsi  le Normandie renaît de ses cendres. Ensuite on  tombe sur le tout nouveau complexe hospitalier de la mère et de l’enfant et sur les bâtiments flambant neufs de la Faculté de médecine. Dire qu’en ces lieux et places se trouvait Gardolé, le plus vieux quartier de la ville… Tout un symbole pour décrire les déguerpissements et expropriations qui accompagnent la réalisation de ces ouvrages urbains. Autant d’opérations d’aménagement passées en force dont on peut imaginer les bouleversements engendrés.

Cinéma Le Normandi

Cinéma Le Normandie

Les deux grands marchés de la ville (le marché central et le marché à mil) ne cessent de grossir et de s’étendre pour engloutir presque toutes les habitations environnantes. Les murs de clôture des habitations sont remplacés par les arcades des nouveaux commerces et l’intérieur est transformé en dépôt de marchandises. La démolition il y a quelque temps du troisième marché, le marché du quartier de Dembé, ne semble pas décourager les commerçants dans leurs entreprises.

l'entré Nord du marche central

l’entré Sud du marche central

Déguerpissement du centre-ville, expropriations, démolitions, délocalisation, relogement, indemnisations…ou pas. La marche vers la modernisation de la ville est menée à rythme cadencé et forcé. C’est dit-on le prix du progrès. Mais cette dynamique se fait sans réelle concertation ni information des habitants. Elle se fait même avec violence. Et la violence, cette ville en a connu.

Ahmat  DALLAH

Le 26/10/2015-25/01/2016

Bibliographie:

GRIGRIS ; film de Mahamat Saleh Haroun ; France 3, Goï Goï Productions et Pili Films ; en 2013

LA DESOBEISSANCE DE L’ARCHITECT ; Renzo Piano ; edition arléa ; 2007