L’auditorium theatre a été construit en 1889 par Dankmar Adler et Louis Sullivan à Chicago. L’architecte Sullivan poursuivait un idéal avec la construction de ce bâtiment.
Il voulait créer un lieu de rencontre pour les différentes classes sociales de la ville. Ce bâtiment a été financé par Ferdinand Wythe Peck et plusieurs hommes d’affaires, qui regroupèrent trois millions de dollars dans le but de créer le plus grand théâtre du monde. La vile manquait d’un grand monument et d’un espace public. En effet dans la ville, reconstruite après l’incendie de 1871, de nombreux bâtiments ont été financés par des industriels, mais il n’y avait pas de lieu de rencontre. Ce bâtiment, fruit d’initiatives privées, au programme complexe, comporte un théâtre, d’où il tient son nom, mais aussi des bureaux, un hôtel ainsi qu’une bibliothèque. Malheureusement, le théâtre a été abandonné par le conservatoire de musique et d’art dramatique, ainsi que par l’orchestre symphonique de Chicago, mais l’hôtel a fait la réussite du bâtiment.
Chicago est situé dans l’état de l’Illinois, au bord du lac Michigan, un des grands lacs au nord des Etats-Unis. Troisième ville du pays, elle est pleine de vie et le trafic des voitures se mêle à celui des piétons. La voiture est très présente dans cette ville car de nombreuses personnes vivent dans les banlieues périphériques et travaillent en ville. Malgré tout, de nouvelles tendances apparaissent, la population tend à vivre en ville dans des appartements et les transports en commun se développent.
Chicago a connu, en 1871, un incendie qui a détruit une grande partie de la ville. La ville insalubre a laissé place à une ville nouvelle et a donné naissance à un nouveau mouvement architectural, aujourd’hui appelé l’école de Chicago. Ce mouvement met en avant une architecture utilitaire et fonctionnelle. Après le grand incendie, de nombreux bâtiments sont reconstruits et les architectes s’intéressent aux entrepôts, magasins, principaux bâtiments qui composaient le centre de la ville, qui a connu son essor grâce à l’industrialisation.
Sullivan est un architecte du mouvement de l’école de Chicago. Né en 1856 à Boston, d’une famille d’artistes, il a connu une enfance mouvementée au gré des créations d’écoles de danses de ses parents et de leurs déménagements. Après le grand incendie de la ville, ses parents et son frère déménagent à Chicago, mais lui suit ses grands-parents à Philadelphie. Après leur mort et un court séjour à Chicago où il travaille avec William Lebaron Jenney, il s’installe à Paris, où il est accepté à l’école des Beaux-arts, dans l’atelier Vaudremer. Il y passera environ deux ans. A son retour à Chicago, il veut réaliser son rêve, devenir architecte. Après avoir été gratteur dans diverses agences de grands architectes de la ville, il se met à son propre compte et s’associe avec Dankmar Adler, un ingénieur. Il veut créer une architecture typiquement américaine, tout en y intégrant les Arts and Craft, c’est-à-dire intégrer le dessin du mobilier avec celui du bâtiment.
L’auditorium théâtre de Chicago est situé en plein de cœur de la ville, dans le quartier couramment appelé le Loop. Ce quartier historique de la ville, centre névralgique des affaires, doit son nom au métro aérien qui forme une boucle autour de cette partie de Chicago. De la fenêtre des bureaux du building, nous pouvons apercevoir le métro aérien qui surplombe les rues de Chicago.
Le bâtiment est divisé en trois parties, la partie de bureaux, qui donne à l’ouest, le théâtre qui donne au sud et l’hôtel qui donne à l’est. Le bâtiment, à la façade dépouillée, est assez discret dans le paysage de Chicago, même si il était le plus haut bâtiment de la ville lors de sa construction, en raison de la tour qui marque l’entrée de l’auditorium théâtre (qui comprenait les bureaux d’Adler et Sullivan). La partie basse du bâtiment est en granit, pour pouvoir supporter le poids du bâtiment, imposant et haut pour les techniques constructives de l’époque. Ce granit est aussi utilisé pour les colonnes de taille importante, qui servent à marquer la magnificence du bâtiment. Ce symbole de l’alliance du profit et de la culture marque un renouveau dans l’architecture. En effet, l’architecte a pensé l’organisation de l’auditorium building verticalement et non horizontalement, comme la plupart des bâtiments de l’époque, ainsi que comme un programme mixte et non comme un programme unique.
De nombreuses visites sont organisées pour visiter le théâtre. Nous accédons au bâtiment en descendant quelques marches sur Congress Street où se trouve l’entrée. Nous entrons tout d’abord dans un grand vestibule tout en long, où l’on trouve en haut des portes des vitraux à l’effigie de dieux grecs. La visite commence dans le hall, une grande pièce basse de plafond, pensée par les architectes comme la pièce où les personnes de toutes les classes sociales se mélangent, ce qui explique sa grande taille. Dans cette partie du bâtiment, tous les détails sont travaillés, des ferronneries, des rambardes d’escaliers aux détails des meubles. De grandes portes et différents escaliers mènent à la grande salle de l’auditorium. Cette salle est divisée en plusieurs parties d’où l’on peut voir la scène, présentée comme un point central de la salle et tous les sièges sont tournés vers elle. Plusieurs arches, pensées par l’ingénieur Adler, permettent de diffuser le son dans tous les niveaux de l’auditorium, elles servent de porte voix. Autre qu’un rôle acoustique, ces arches comprennent la ventilation de la salle ainsi que l’éclairage.
A l’époque de la construction du théâtre, l’électricité est un luxe, elle est magnifiée ici par toute une multitude d’ampoule à incandescence laissées nues. La salle n’étant pas éclairée de manière naturelle, car elle est la plupart du temps utilisée de nuit, les architectes ont décidé d’exploiter cette nouvelle piste. Auparavant, les théâtres étaient éclairés à la bougie, qui ont ensuite été remplacées par des lampes électriques, mais ici les ampoules laissées nues sont installées le long des arches et permettent ainsi de focaliser le regard sur la scène.
Ce théâtre a été pensé comme modulable, en effet, la scène, point central, est très petite, tout comme la partie technique. Pour cela, Louis Sullivan a imaginé un système pour qu’une partie de la salle puisse se surélever. Cette prouesse technique permettait d’accueillir au sein du théâtre des rencontres sportives, des bals, ou encore des meetings politiques.
L’hôtel, situé du coté est du bâtiment donne sur la Michigan Avenue, grande rue de Chicago, dans laquelle on retrouve plusieurs bâtiments emblématiques comme l’Art Institute of Chicago un des plus grands musées de la ville. Cette institution conserve de nombreux dessins de l’architecte Sullivan ainsi que des éléments d’édifices détruits de l’architecte. L’hôtel est la partie qui fonctionne le mieux dans le bâtiment, mais malheureusement nous ne pouvons pas le visiter.
Entre les années 30 et 70, l’auditorium a connu un avenir incertain. Il a fermé pendant quelques temps durant la grande dépression et il a connu diverses fonctions. A partir des années 70, il est devenu une scène de rock où de grands groupes se sont produits. Depuis, cette salle présente un programme très divers, en matière de musique et danse. Même si l’hôtel fonctionnait très bien, la partie de bureaux a été un échec. La Roosevelt University a décidé d’y placer ses locaux dans les années 50, car ils étaient à bas prix. Elle y a placé des bureaux, mais aussi une bibliothèque, dans l’ancienne salle de restaurant de l’hôtel. Aujourd’hui, cette université est implantée en plein cœur de la ville.
- GARCIAS, Jean-Claude. Sullivan. Harzan, 1997. 143p
- Auditorium Theatre of Roosevelt University [en ligne], Auditorium Theatre of Roosevelt University, 2014 [consulté le 28/11/15], Disponible sur http://www.auditoriumtheatre.org/