Le patrimoine portugais témoigne d’une histoire rythmée par les activités commerçantes, les guerres, la religion, et les catastrophes naturelles. Mais tous les quartiers de Lisbonne ont en commun la richesse de leurs pavés en calcaire blanc et en basalte noire, ainsi que la beauté des façades recouvertes d’Azulejos (carrelages) et de couleurs.

Bairro Alto

Premier jour de voyage, première découverte : le bairro alto. Ce quartier de la ville haute résonne du chant des oiseaux, installés dans les quartiers résidentiels le jour, et celui des oiseaux de nuit, adeptes de sa vie nocturne débridée. Appelé autrefois Vila Nova dos Andrades, il est aujourd’hui l’épicentre lisboète du shopping, du divertissement et du résidentiel. Nous recherchons la rue Noticias do Diario où nous allons vivre au rythme de ce quartier populaire pendant une dizaine de jours.

Nous passons par la place Luis de Camoes où la statue du poète règne au centre de celle-ci. Entre le quartier commerçant où les grandes enseignes se sont installées, le quartier résidentiel et Cais do Sodré, cette place est un point de convergence où la vie est intense : entre passants et flâneurs assis sur les marches de la statue ou les bancs de la place. Nous nous enfonçons dans le quartier résidentiel et nous nous perdons dans les rues colorées et étroites accentuées par la hauteur des bâtiments. Les ouvertures sont subtilement encadrées par des menuiseries le plus souvent vertes ou noires. Construit à la fin du XVIe siècle suivant un plan plus ou moins orthogonal, le Bairro alto se développe de façon anarchique et devient un des quartiers les plus pittoresques de la ville.

Bairro alto Lisbonne

Bairro alto Lisbonne

Lisbonne est une ville construite sur les hauteurs des collines, la déambulation n’est pas chose facile avec les tongs et les valises. Les rues sont toutes plus pentues les unes que les autres et nous glissons sur les pavés lissés et asséchés par le soleil qui tape.Les rues sont décorées de guirlandes multicolores qui donnent des airs de lendemains de fête au quartier.

Nous arrivons dans la rue et cherchons le numéro de notre appartement quand les habitants de la rue commencent à entamer un dialogue « sourd » avec nous. Les cris se mêlent aux odeurs de poissons. Ils ont sûrement l’habitude de voir des touristes débarquer, perdus, cherchant une adresse. Ils semblent vouloir nous aider et chercher le propriétaire. Tout le monde se connaît et après quelques coups de fil passés le propriétaire de l’appartement sort. Une fois celui-ci descendu, nous pouvons prendre possession de notre appartement et nous installer. Les différents appartements de l’immeuble sont desservis par une longue traversée d’un escalier tout en longueur, donnant un effet de perspective impressionnant sur une multitude de marches. Le balcon terrasse, ouvert sur l’étendue de toits en briques rouges sera notre siège. De cet endroit on entendra tous les soirs à partir de 20h une jeune femme qui chantera du fado dans le bar de la rue : Restaurante Adega do Ribatejo, fados.

Toit Lisbonne

Toit Lisbonne

La ville de nuit, du lundi au samedi, est une fourmilière. Parmi les restaurants touristiques il est possible de trouver quelques restaurants typiques où le poisson est servi entièrement et grillé devant nos yeux. Les langues (espagnol, français, italien, portuguais, anglais) se mélangent au rythme de la musique …

A travers la visite du quartier, la galeria de Arte Urbana est un concept alternatif d’espace culturel. Mis en place par le maire Antönio Costa pour sensibiliser la population au patrimoine et au street Art de la ville, elle sert aussi à éviter le vandalisme sur les bâtiments. Ce musée éphémère en plein air permet aux artistes du street art, graffeurs et tagueurs de s’exprimer à des endroits précis dans la ville (façades, voitures, conteneurs de verre). Grace au site (w.museuefemero.com) qui répertorie toutes les œuvres sur un plan de la ville, il est possible de déambuler selon le cheminement proposé par ce plan.

Du Bairro Alto au Baixa

Nous descendons depuis la place Luis de Camoes par une large et longue route très pentue. Il faut retenir son corps à chaque pas pour ne pas glisser sur les pavés. Le long de cette rue, quelques boutiques et quelques bars nous aguichent. Les voitures et la petite navette jaune sont très passantes.

Arrivées en bas, un large croisement s’offre à nous et il faut traverser tout ce trafic pour atteindre les berges du Tage. A cais do Sodre se trouve la gare où l’on peut prendre le train pour aller jusqu’à la côte Ouest de Lisbonne et visiter le port de Cascais où se prélasser sur les plages. On trouve aussi la gare fluviale pour traverser le Tage et se retrouver à Cacilhas.

Cais Do Sodré

Cais Do Sodré

A la pointe de ce boulevard, les berges sont aménagées en une place ornée de fauteuils en plastique, multicolores au design particulier poussant comme des champignons. En forme de demi-sphères ils sont creusés pour accueillir des sièges mais aussi des arbres poussant au centre. De cette petite place, on admire de plein front le paysage. L’impressionnant ponte 25 de abril s’étend sous nos yeux et l’on aperçoit la statue du Christ qui surplomb la rive d’en face. Sur cette rive s’implantaient les anciens chantiers navals de la ville, jusqu’au XVème siècle puis en 1991, une zone verte est aménagée sur le long du Tage entre Cais do Sodre et la place du commerce.

Ponte 25 de Abril

Ponte 25 de Abril

Ici même, à Cais do Sodre commence une longue promenade le long des berges de Ribeira da Naus, récemment aménagées par les architectes, paysagistes João Nunes et João Gomes da Silva. Une plage artificielle en bois descendant vers le fleuve en de larges escaliers, permettant la position assise ou allongée. Pour les promeneurs, le chemin piéton se caractérise par des pavés. Longer le Tage permet de découvrir la ville sous un autre angle. Le point de vue qu’offre cette promenade en contrebat de la ville est privilégié. Cela révèle la diversité de Lisbonne avec ses quartiers urbanisés au fil du temps. Les différentes places, notamment la place du commerce, ponctuent le parcours.

En novembre 1755 un important séisme provoque un incendie sur toute la ville basse « Baixa » de Lisbonne. Il fallut reconstruire la ville, et penser à une organisation urbaine novatrice, impulsée par le marquis de Pombal. Il veut la reconstruction de la ville, en représentant les idées des lumières et la modernité ; plan régulier, avec des rues spacieuses, alignées, ainsi que des places publiques valorisées. C’est à cette même période qu’apparurent les structures en bois des nouvelles maisons, plus souples et résilientes en cas de nouveau séisme. Les plans de la ville (qui sont les plans actuels) sont alors conçus par l’architecte Eugenio Dos Santos qui respectera les envies du marquis de Pombal. Les îlots sont réguliers et rectangulaires avec en leur centre une cour. Les rues sont hiérarchisées en largeur et une artère principale relie désormais la place du commerce avec la place du Rossio. Par la suite de nouvelles réformes eurent lieu, ainsi que de nombreux travaux : éclairage public au gaz, premier tronçon de chemin de fer…

La place du commerce est impressionnante et immense. En son centre surgit une statue équestre du roi Joseph Ier construite en 1975 par un célèbre sculpteur portugais de l’époque : Machado de Castro. Elle est encadrée par des bâtiments de couleurs jaunes qui sont les palais et l’administration royales. Au centre de cette symétrie, règne un arc de triomphe séparant ou joignant la place à la ville basse.

Place du Commerce

Place du Commerce

Une fois l’arc de triomphe franchi, la linéarité et la régularité des îlots sont palpables et visibles. Les perspectives sont très droites. Ce quartier est un heureux mélange de bureaux, d’appartements, de petits commerces (touristiques) et de vie locale. L’avenue principale de cette ville basse est marquée par les nombreux restaurants touristiques et leurs rabatteurs. A chaque angle de rue on retrouve un petit magasin typique des grandes villes, remplis de gadgets symbolisant la ville. Les longues rues pavées et rectilignes nous indiquent le chemin, intuitivement vers le Nord de la ville, vers l’avenida da liberdade en passant par la place Rossio.

Du Baixa au nord de Lisbonne

A la fin du XIXème siècle, le centre de la ville est déplacé, et une nouvelle avenue structurante, l’Avenida da liberdade fût aménagée en 1886. A partir de là se construisit la Nouvelle Lisbonne, de ses récents bâtiments. Au bout de ce long boulevard bordé de part et d’autre par des promenades piétonnes se dresse l’immense statue de 30 mètres de haut. Elle rend hommage au Marquis de Pombal, tourné vers la ville basse qu’il a voulu moderne après l’incendie. En remontant les hauteurs de Lisbonne, on passe à travers le parc Edouardo VII, presque trop rigide et trop dessiné. De la pointe du parc, une vue privilégiée s’offre à nous, les tuiles oranges au lointain se mélangent aux bâtiments récents, avec en arrière plan l’immense Tage.

Place Marquis de Pombal - Parc Edouardo VII

Place Marquis de Pombal – Parc Edouardo VII

Palais de la Pena

Impensable de venir à Lisbonne sans visiter Sintra, ville classée à l’UNESCO en tant que Patrimoine mondial et ville de l’Humanité. A trois quart d’heure en train de Lisbonne, cette ville est marquée par sa construction sur les hauteurs des collines boisées et ses paysages incontournables. Devenue assez touristique, il est encore possible de se perdre dans les rues à la recherche de petits restaurants peu chers. Souvent les touristes ne s’aventurent pas dans les rues montantes et c’est pourtant vers celles-ci qu’on retrouve le coté pittoresque et authentique de Lisbonne. Apres une interminable montée dans le bus où tous les touristes s’attroupent, nous parvenons au Palacio de la Pena, construit sur les ruines d’un ancien monastère, sous les ordres du roi Ferdinand II. Ce palace datant du 19eme siècle, est bordé de jardins resplendissants du parc naturel régional et d’une vallée de cinq lacs très travaillés. Le Palace est caractérisé par ses divers styles architecturaux (manuélin par exemple), et à son air féerique. Ses couleurs jaune et rouge vif détonnent dans le paysage verdoyant et les contrastes entre l’intérieur du palais aux influences arabes et l’extérieur aux airs féeriques sont flagrants. Dans le palais on peut déambuler dans des pièces en enfilades, anciennement chambres, salon, salle de bain, fumoir, salle d’art des anciens rois et reines du palais.

Palais de la Pena

Palais de la Pena

De Cacilhas au Cristo Rei

De l’autre côté du Tage, la ville de Cacilhas est facilement joignable de Lisbonne par ferry. Tous les jours de nombreuses personnes viennent travailler à Lisbonne et font les allers retours grâce à ces bateaux jaune vif. De ce côté du Tage, le tourisme est moins développé même si de nombreux restaurants touristiques se font concurrence sur le port. Les monuments historiques et touristiques laissent place à un vieux quartier d’habitations modestes, entre grands ensembles et appartements typiques lisboètes. Après une marche de trois quarts d’heure, nous arrivons au « Cristo Rei ». Cette statue de 110m de hauteur est d’autant plus impressionnante qu’elle se trouve elle-même sur une colline à 133m au-dessus du niveau de la mer. Arrivées sur le portique qui mesure à lui seul 82m de hauteur, la vue est impressionnante. D’ici nous pouvons observer tout Lisbonne et ses monuments historiques : le château, la place du commerce etc… La vue sur le Tage nous fait prendre conscience de la largeur de celui-ci et de l’immensité du Pont inauguré en 1966 sous le nom de Pont Salazar. Il est rebaptisé Ponte 25 de abril d’après la date du déclenchement de la révolution des œillets en 1974. Il est aussi couramment appelé le pont de San Fransisco de part sa ressemblance avec l’emblème de la Californie.

Margaux Cadiot

Voyage du 25/08/15 au 01/09/15

Bibliographie :

Carnet de voyage – Voyage d’étude Master MOUI – ENSAB – Cidade Europeia Lisboa