Mostar est une ville de Bosnie-Herzégovine située dans le canton d’Herzégovine-Neretva. Située aux rives du fleuve Neretva, elle est la cinquième ville plus grande du pays. Mostar se caractérise par ses anciennes maisons turques et par le Stari Most, auquel elle doit son nom. C’est une ville où l’on retrouve le nord, le sud, l’est et l’ouest, une ville dans laquelle le fleuve Neretva a séparé pendant des siècles différentes cultures et religions, une ville dans laquelle les différences et les contrastes se sentent à chaque pas.
Nous allons nous centrer dans cet article dans l’élément le plus représentatif de la ville : son vieux pont. Il représente, comme nous le verrons, non seulement un symbole architectural mais aussi un symbole culturel. Malgré sa destruction pendant la Guerre des Balkans il continue à être l’image de la ville.
HISTOIRE DE LA VILLE DE MOSTAR ET SON PONT
Mostar est une ville qui est probablement née la première moitié du XVème siècle comme avant-poste défensif dans la voie qui unissait la ville marchande de Duborvnik avec l’intérieur des Balkans y qui put être construite sur les ruines d’une place romaine. Au XVème siècle, Mostar s’est rapidement étendue par sa position dans la route principale vers la Mer Adriatique et, dans la deuxième moitié du siècle, le gouverneur ottoman construit des mosquées, une bibliothèque, des caravansérails, des ponts…
Le Pont de Mostar a été construit entre juillet 1566 et juillet 1567 d’après une inscription qu’on trouvait dans le pont original. D’après d’anciens documents c’était le sultan Soleiman le Magnifique qui a ordonné sa construction qui a été faite par l’architecte ottoman Mimar Hayruddin. Hayruddin choisit pour son œuvre le point le plus étroit du fleuve Neretva où les roches étaient plus firmes dans les deux rives. Il prit aussi en compte le niveau de montée des eaux, ce qui explique pourquoi le niveau de l’arc du pont est plus élevé que les rues adjacentes.
Le vieux pont en pierre avait une seule portée de presque 28 mètres, sa largeur était d’approximativement quatre mètres et avait une courbature proche à un demi-cercle avec un centre plus bas qu’habituellement. L’arc du pont était formé par des blocs de pierre tenelia blanche. Il était flanqué par deux tours fortifiées : la Tour de Halebiya, dans la rive droite et celle de Tara dans la rive gauche. La beauté de ce pont se trouvait dans son apparente simplicité structurelle qui s’intégrait de façon harmonieuse avec le fleuve.
Les habitants de Mostar était connus comme les « gardiens du pont » qui a survécu pendant 427 ans aux catastrophes naturelles, aux tremblements de terre et aux guerres jusqu’à celle des Balkans. Le pont représentait non seulement la traversée de la rivière mais aussi le mélange culturel et ethnique de bosniens, croates, serbes et musulmans, chrétiens, orthodoxes et juifs de Mostar.
DESTRUCTION DU PONT PENDANT LA GUERRE ET ORGANISATION DE SA RECONSTRUCTION
Sa destruction absurde pendant la guerre des Balkans le 9 novembre 1993 a marqué l’apex de l’intolérance entre tous les voisins que nous avons nommé. Il fut détruit exprès par son importance symbolique et pas par sa valeur militaire. Mostar se définissait par son pont, et sa destruction détruit aussi l’identité de la ville.
La reconstruction du pont a été envisagée dès 1994. Elle est devenue un élément majeur dans les accords de paix. On a considéré que la réhabilitation de symboles du patrimoine culturel, surtout à Mostar, était une mesure obligée pour réunifier la ville et le pays. La reconstruction du pont et des deux tours a donné naissance à de nombreuses organisations et à la coopération de différents organismes dont la priorité était de redonner à la ville de Mostar son symbole principal. On espérait une réconciliation des peuples. On a pensé même que cette reconstruction était l’avant-place indispensable pour la revitalisation économique et sociale du pays. La Banque mondiale et la Mairie de Mostar ont pris en compte la charge financière du projet alors que l’UNESCO a traité tous les affaires techniques et scientifiques.
Le nouveau pont est le fruit d’une alliance entre les habitants de Mostar, les autorités locales et nationales et la communauté internationale. La reconstruction du Stari Most et ses alentours a reflété les efforts communs pour un nouveau départ suite aux pertes de la guerre.
LES ENJEUX TECHNIQUES DE SA RECONSTRUCTION
L’ingénieur Rüzmir Cisic et l’architecte Tihomir Rozic, tous de Mostar sont chargés de la direction de l’Unité de Coordination grâce à laquelle le projet a pu avancer. Ils se sont chargés du recrutement des entreprises qui allaient être responsables de la reconstruction.
Le premier enjeu de la reconstruction était de savoir comment on voulait la réaliser : maintenir une structure similaire à celle du pont détruit, insérer un pont contemporain dans la proximité des ruines, où même construire un monument au lieu d’un pont. Les habitants de Mostar ont décidé qu’ils voulaient un nouveau pont identique à celui qui avait disparu, en utilisant la technologie et les matériaux utilisés à l’origine pour la première construction. Ceci a été possible par l’existence de plans, photographies, et études qui ont permis d’avoir toutes les informations nécessaires pour une reconstruction fidèle du pont. Il a été construit avec le même type de pierre blanche (on n’a pu utiliser que très peu les pierres originelles car elles ont été abîmées lors de sa destruction, où plus tard à cause de l’effet de l’eau dans la pierre) coupé en blocs renforcés en fer.
Une fois que le pont et ses tours ont été reconstruits un nouvel objectif apparaît : protéger le nouveau pont et lui rendre son atmosphère en développant les commerces en respectant la trame historique du centre-ville.
Bibliographie :
–Reconstrucción de Mostar por la Unión Europea, Conférence de Manuel Lara Cimadevilla
–El Stari Most: La reconstrucción en Mostar de algo más que un puente histórico, Maha Armaly, Carlo Blasi y Lawrence Hannah
Auteur: Alicia Vicente – aliciavicentegil@gmail.com
Voyage effectué en Juillet 2011