Dans le cadre d’une compétition allemande IGA Wohnen 2000, de nombreux architectes européens ont été chargés de concevoir de nouveaux types de logements. Le thème des projets était « Ecologie et changement dans les styles de vie modernes ». Le site choisi, sur les bords de la « l’Exposition internationale d’horticulture » (IGA -Internationale GartenbauAusstellung) de 1993 à Stuttgart, se situe au Nord de la Gare.

Plan masse

Plan masse

L’habitat individuel

Hausgruppe 5

Hausgruppe 5

C’est par le pont suspendu au dessus de la Heilbronner strasse et réalisé par Luz, Sclaich largermann et associés que nous pénétrons sur le site de l’exposition. Il nous apparaît alors comme une sorte de clairière coincée entre des lignes de chemins de fer au Nord et Sud et deux axes routiers principaux dans les deux autres directions cardinales, à deux pas du jardin de Leibfriedscher et du Rosensteinpark. Nous découvrons alors 6 îlots de 3 maisons groupées chacun, disposée selon une orientation Nord-Sud. Si l’écriture architecturale de ces dernières diffèrent d’un îlot à l’autre, prenant référence tantôt dans le traditionalisme, tantôt le structuralisme ou bien encore le High-tech, chacune d’entre-elles disposent de manière visible voire exacerbée de nombreux dispositif que l’on qualifierait aujourd’hui « d’écologique » : pans vitrés toute hauteur, jardins d’hiver, panneaux photovoltaïques, casquettes et brise-soleil… C’est, en ce début de siècle, l’émerge des problématiques environnementales et du développement durable en architecture et en urbanisme, abordant l’inscription dans un site, cycle de vie du bâti, autonomie en énergie et optimisation de la construction.

Hausgruppe 6

Hausgruppe 6

Pour n’aborder qu’un seul des 6 habitats groupés, nous avons choisi de prendre pour illustration la Haus 6 réalisée par Jourda Perraudin architectes. Ces trois maisons expérimentales, dessinées pour des familles avec quatre enfants, ont été imaginées pour évoluer dans son organisation comme dans sa surface pour répondre à la variation des besoins familiaux. Leur emprise au forme un rectangle simple alignant recul d’entrée, espace bâti et jardin dans un prolongement Nord-Sud. Vue en élévation, la partie haute se termine en une partie cylindrique largement vitrée et ouverte vers le ciel. Une coque métallique en toiture, portée comme un exosquelette par deux structures en arbre, protège au Sud la terrasse et l’habitation. « La maison de pierre », maison minimum, espace refuge de vie et « la maison de verre » ouverte sur le jardin, comme les nomment les architectes, forment ensemble l’habitation. Les occupants peuvent ainsi investir les espaces selon les saisons, expérimentant un certain « nomadisme » dans la maison. C’est le dispositif de jardin d’hiver, comme zone tampon et espace « plus », pour reprendre le titre de l’ouvrage de Lacaton Vassal et visible dans leur réhabilitation de la tour Bois le prêtre, et que bon nombre d’autre architecte on mis en œuvre par la suite. Si cet espace possède malgré un chauffage, il joue principalement un rôle d’antigel en hiver.

Coupe haus 6

Coupe haus 6

Le jeu des ouvertures, fermetures des panneaux de façades complétés des stores de contrôle lumineux ainsi que le cycle de la végétation intérieure et extérieure à la maison contribuent à créer une certaine “respiration”. La façade sud est constituée de panneaux coulissants, amovibles avec simple vitrage mettant en continuité physique et visuelle l’ensemble de l’habitation avec le jardin au sud. Cette continuité est renforcée par le prolongement extérieur de larges terrasses abritées par la toiture et qui sont de véritables séjours ou salles de jeux extérieurs.

                  Un peu plus au sud, d’autres architectes ont relevés le défi d’aborder ces questions d’habitat bioclimatique, entendu au sens vivre avec et dans un environnement nature, avec le changement des saisons, mais à l’échelle de logement collectif, et intégrant donc un dimension supplémentaire, celle du social et du vivre ensemble.

Le logement collectif

Wohnhaus der Ausstellung (Haus 7)

Wohnhaus der Ausstellung (Haus 7)

                  Nous continuons donc à descendre la route en cul de sac, en contrebas de la Störzbachstrasse, où sont alignés des réalisations d’immeubles d’habitat collectif réalisés dans le cadre ce même concours. Ils ouvrent ainsi tous, côté jardin, sur un large espace vert mutualisé à l’ensemble du quartier, dans lequel quelques tables en bois et jeux pour enfants témoignent d’une appropriation certaine. Dans ce qui est des réalisations bâties, des motifs récurrents nous apparaissent avec des distributions intérieures ou extérieures en coursives, des hall d’entrée vitrée toute hauteur et orientés sur Sud- Sud Ouest créant là encore une espace tampon d’un point de vue thermique avec les logements. Enfin la végétalisation de tous ces espaces également très marquantes, leur donnant parfois un aspect de véritable serre.

coursives - hausgruppe 13 - mecanoo

coursives – hausgruppe 13 – mecanoo

Pour mieux parler de ces aspects, nous nous attardons sur le Haus 13 dessiné par l’agence d’architecture Mecanoo. Le premier défi ici est d’abord urbain, en ce sens que cet immeuble se situe en bout de rue. Les architectes ont donc souhaité une composition d’ensemble qui ne soit pas en un seul élément bâti mais a contrario aérée et aminée, pour ne pas avoir de rapport trop frontal et laisser passer le regard. Cette disposition en trois plots de huit niveaux a pour avantage second de permettre au soleil de pénétrer la jardin au Nord.

Plan haus 13

Plan haus 13

Les appartements sont accessibles soit par les escaliers dans les tours ou par les ascenseurs de verre fermés qui sont reliés par de petits ponts de l’immeuble. Si nécessaire, les trois maisonnettes peuvent être convertis en six les studios distincts. Chaque appartement a sa propre zone servante, zone de vie, et grenier. Par rapport à un appartement standard, le “loft” est plus spacieuse que d’habitude et fournit un degré plus élevé de flexibilité dans la disposition interieure, avec la possibilité de diviser l’espace en deux. La zone de service est conçue comme un élément standard qui peut être adapté aux besoins de chacun des appartements. C’est là l’un des points forts de la construction car si des espaces comme les espaces extérieurs ou bien les circulations verticales sont mutualisé, ils répondent du reste à l’évolution probable des modes de vies futures des habitants, vers une forme d’habiter plus individualiste. La conception répond aux conditions du site paysager, préférant la densité à l’étalement, une emprise au sol réduite, une orientation adaptée à l’ensoleillement, plutôt que l’usage de technologies dîtes de constructions écologiques.

hausgruppe 13 - mecanoo

hausgruppe 13 – mecanoo

Weissenhof nouveau ?

La réalisation d’habitats expérimentaux, par des architectes venus de toute l’Europe, pour une exposition dans un site présentant une certaine aménité sont autant de similitudes avec le lotissement du Weissenhof que nous avons abordé. Si les travaux des modernistes pour concevoir une nouvelle architecture plus fonctionnaliste ont été remarquable et ont influencés les générations suivantes, on peut dire avec le peu de recul que nous possédons aujourd’hui que nombre des dispositifs techniques et architecturaux ont marqué un changement de paradigme dans notre façon de concevoir la ville. La multiplication des réglementations et des projets urbains tels que les éco-quartiers en sont aussi l’illustration. Mais plus que des réponses technologiques que l’on trouve de plus en plus dans les nouveaux logements, c’est la dimension bioclimitique tel que l’entend Nicolas Michelin qui prédomine dans les projets que nous venons de voir :

“Je privilégie à l’expression « architecture écologique », celle d’« architecture bioclimatique », qu’utilisent également des ingénieurs et architectes, qui travaillent à une architecture conçue et élaborée en fonction du climat. Il s’agit de produire, autant que possible, des bâtiments « naturels », peu motorisés, c’est-à-dire auxquels on n’aurait pas ajouté des panneaux, des capteurs, etc., mais qui sont conçus en fonction du vent, de la pluie et du soleil. Il me semble que l’architecture bioclimatique, en ce sens, est une bonne manière de préciser la notion d’architecture écologique, ou du moins, constitue une piste de travail intéressante.” Nicolas Michelin

Edouard Eriaud

Voyage à Stuttgart  du 14 au 19 octobre 2014.

Médiagraphie:

– http://ecorev.org/spip.php?article41

– http://www.cairn.info/revue-traces-2012-1-page-207.htm

– http://www.jourda-architectes.com/test/testPage.php?langue=fr&section=CV&etat=none&categorie=none&code=none&page=1