Traverser l’Argentine, c’est être émerveillé devant une multitude de paysages. Ce territoire gigantesque offre de grands horizons de toutes les couleurs, et des expériences magiques gravées dans la mémoire. A la sortie de Buenos Aires, de grandes étendues vides prennent place très rapidement. Les déplacements s’effectuent en avion pour les très grandes distances et les plus riches, mais surtout en bus sur des routes nationales en asphaltes.

     Les voyages en bus c’est tout une histoire. Il suffit d’aller à la gare routière pour partir à travers tout le continent. Le prix dépend de la destination et de l’inclinaison du siège. Il y a le choix entre: semi-cama (lit), cama ou première classe. Certes il est intéressant de prendre des trajets de nuit pour éviter de payer une nuit d’auberge mais il ne faut pas s’attendre à y dormir comme dans un lit. Les néons blancs ne s’éteignent pas toujours et la climatisation est très forte. Un repas rapide est souvent compris, un ou deux film passent, et parfois il est proposé de jouer au Bingo avec à la clé une bouteille de vin. Les bus prennent alors la route pour des trajets de 1h ou 2, et pouvant aller jusqu’à 24h. Les chauffeurs sont toujours deux mais je ne suis pas bien sûre qu’ils changent entre eux sur les longs trajets. Etant donné qu’ils conduisent 12h en alternance sur des routes souvent en mauvais état, cela peut être dangereux. Il ne faut pas avoir peur.

     Voici un avant gout des paysages marquant du Sud au Nord que j’ai eu la chance de découvrir :

Glacier El Perito Moreno :

    Pour moi, ce glacier est le souvenir le plus marquant de mon premier voyage. Un paysage époustouflant par sa grandeur et sa couleur d’un bleu magique.

   Départ 9h, dans la pénombre des matins d’hiver du Sud de l’Argentine. Un froid glacial se fait ressentir surtout lorsque j’enlève mes gants afin de prendre des photos. Je me trouve au milieu des montagnes sur ce lac au couleur bleu-clair / blanc. Des icebergs sont visibles de plus en plus régulièrement. Surprise, je prends au départ de nombreuses photographies. J’apprécie aussi profiter du calme sur le pont à observer ce nouveau paysage. La plupart des gens sont calfeutrés à l’intérieur du bateau avec le chauffage. En hiver, il n’y a pas beaucoup de touriste. Le bateau trace son chemin lentement, quand soudainement, entre deux montagnes, le glacier se montre. Cette paroi glacière de 60m de haut (170m de hauteur de glace dont 74m émergés) et 5km de front est impressionnante. Se retrouver face à cet élément bougeant, craquant et vibrant donne l’impression d’être devant un être vivant. Des icebergs de la taille d’un immeuble se détachent. Je n’ai vu que quelques morceaux chuter avec fracas dans le Lago Argentino mais cela était déjà surprenant.

    Le lendemain, lors d’une deuxième balade sur un maillage de passerelles et plateformes métalliques, j’ai pu assister à ce spectacle depuis le dessus. Le glacier de 250km² s’étend sur 30km et progresse de 2 m par jour (700m par an). Aujourd’hui, il est l’un des seuls à ne pas régresser. El Perito Moreno étant facile d’accès, il est l’un des sites touristiques majeurs de Patagonie et d’Argentine. Ce paysage fascine et est inoubliable tout autant visuellement qu’auditivement.

San Carlos de Bariloche

    Un point de chute idéal pour découvrir la région des lacs : la petite suisse, ville aux chalets en bois, capitale du chocolat. Quelques jours ici pour se balader, été comme hiver, sont très agréables. Etant au mois de juillet (hiver), nous avons pu skier une journée dans une des plus grandes stations du continent. Ici, on peut louer le matériel mais aussi les combinaisons pour la journée.

     Cette région est assez touristique pour les argentins. Les étudiants viennent aussi y fêter leurs fins d’examens. Le plus magique reste la succession de ces lacs qu’on peut observer en hauteur. La ville se localise dans le Parque Nacional Nahuek Huapi. Il faut savoir que l’Argentine est un pays précurseur des parcs protégés dans le continent. Il possède 34 aires protégées sur près de 3,6 millions d’hectares. L’état s’est fixé pour devoir de « garantir la préservation de ce patrimoine par l’utilisation durable des ressources, pour que les activités du présent ne compromettent par le futur ni les intérêts de la collectivité ».

L’Aconcagua :

L'Aconcagua

L’Aconcagua

    Au cours de mon premier voyage, j’ai effectué une partie en voiture : de Mendoza à Salta. Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés au fameux sommet l’Aconcagua. C’est le plus haut de la cordières des Andes et le deuxième derrière l’Himalaya : 6 960 m. Il se situe au cœur d’une importante réserve naturelle le Parque Provincial Aconcagua.

    Ce sommet est surnommé « Toit des Amériques ». L’origine de son nom est incertain entre ackin-cahuac (« sentinelle de pierre ») ou l’expression mapuche aconhue (« qui vient d’à côté »).

    Si depuis les points de vue touristiques, l’Aconcagua parait proche, cette montagne est en fait à 45 km de la route. Ce sommet volcanique est toujours enneigé. Sa face Sud est assez effrayante par sa raideur (3000 m) et ses rochers. Pour l’atteindre il faut compter entre 10 et 15 jours en prenant en compte l’acclimatation à l’altitude. Ces périples ont lieu l’été en partant souvent de la face Nord.

Parc national Talampaya et Ichigualasto

    Ces deux parcs peuvent se visiter uniquement accompagné d’un guide. Des excursions sont donc proposées entre 2h et 4h de marche. Etant dans des zones arides ou le soleil est fort, il ne faut pas oublier l’eau et les casquettes. Les températures peuvent varier de -9° l’hiver à 50° l’été.

Talampaya

    Ce site a une importance mondiale dû à l’art rupestre et les fossiles de dinosaures retrouvés. Certains de ces derniers datent de la période du triasique (245 à 208 millions d’années).

  J’ai ressenti l’impression d’être toute petite lorsque je me suis retrouvée au fond de ce majestueux canyon profond de 160m. La démesure de ces parois rocheuses rouges est extraordinaire. Il est dur d’y croire mais il fut un temps, le lit du Rio Talampaya. Ce désert poussiéreux est ainsi le témoin de l’action érosive de l’eau. Ici, le temps s’arrête. La balade consiste à observer ces formations rocheuses et falaises de grès prenant parfois des formes particulières dû au vent (hiboux, galerie, gorge du diable …)

   En marchant silencieusement, il n’est pas rare de croiser des animaux tels que le renard gris, chichilla, pichi et mara (gros lièvre) ainsi que des oiseaux (condor andin, aigle et faucon pèlerin).

Ichigualasto
Ichigualasto    De la même façon, ce deuxième parc est aussi un témoin naturel de l’évolution de la vie sur terre. Il est surtout connu pour son paysage fantasmagorique, surnommé l’« endroit où se pose la lune ». Les 63 000 hectares abritent des formations géologiques incroyables où la couleur grise domine. Ici, la zone est très aride, et la végétation y est encore plus rare.

Les Quilmes :

  Quelques kilomètres plus loin, nous nous sommes arrêtés découvrir l’un des sites archéologiques indigènes le plus importants du pays. Jadis 5 000 habitants vivaient dans cette vallée. Le point stratégique pour mieux observer ce labyrinthe de ruines est le plus haut possible. Le site se trouve à 1855m d’altitude. Dû à sa position géographique et une communauté structurée en étages, les indigènes ont pu résister 130 ans aux conquistadors espagnols. En 1667, c’est l’un des derniers villages à s’être rendus. Ici, le paysage est parsemé de cactus géants.

Vallee Calchaqui

     L’Argentine est un pays à traverser en long et en large. Si le bus est facile, la voiture permet de se perdre dans le pays et découvrir des paysages particuliers tout en traversant de petits villages. Au cours de mon premier voyage, nous avons traversé en voiture cette vallée de roche érodée offrant une succession d’évènements grandioses. Des formes insolites et étonnantes tel qu’El sapo (crapaud) et El Garganta del Diablo (gorge du diable) se dévoilent tout au long du trajet. Des espaces creusés dans la roche permettent de pénétrer et admirer la pierre déformée par les mouvements tectoniques. Les strates rocheuses tortueuses du canyon se dévoilent en une palette de couleurs minérales passant du blanc crème au vert vaporeux jusqu’au rouge profond. Les rayons bas du soleil illuminant cette vallée étendue sur 520 km offrent une atmosphère singulière.

Salinas Grandes
Les salines    Si certains paysages d’Argentine sont connus dans le monde entier certains sont plus répandus dans d’autres pays voisins. En effet, les grandes étendues de sel offrant une vision d’infini où la ligne d’horizon se perd sont très connues au Pérou et en Bolivie. Cela reste quand même un espace époustouflant. Lors de belles journées le contraste est aveuglant entre le bleu du ciel et le blanc craquelé du sel. N’oubliez pas vos lunettes de soleil ! A 3 350m aux dessus du niveau de la mer, le moindre effort se ressent.

Les ruines jésuites

    Au Nord du pays, à la frontière avec le Paraguay, ces ruines sont l’attrait touristique de la région. Depuis de nombreux villages, il est possible d’aller visiter ces lieux souvent protégés. Le bus nous a laissé au milieu de nulle part dans la campagne. Sur un plan en grille, un paysage rural se déploie. Des maisons construites avec divers matériaux offrent un toit aux habitants. Après 15/20 minutes de marche, nous traversons une rue qu’on pourrait décrire comme le centre du village. En croisant une première personne, nous demandons notre chemin. Le site des ruines se trouve au fond d’une impasse. Les touristes ne sont pas nombreux. La balade à travers ces ruines aux couleurs ocres offre une ambiance onirique. Je reste impressionnée par la présence de ces pierres depuis si longtemps, et du contexte historique présent sous mes yeux.

[http://www.moimessouliers.org/10-plats-argentins-qui-vous-feront-saliver/]

[http://www.moimessouliers.org/10-plats-argentins-qui-vous-feront-saliver/]

  Ici, le temps est différent. Au cours de la journée dans le village de San Ignacio Mini, nous avons testé la boisson traditionnelle du pays : le Maté. Les argentins en boivent à longueur de journée malgré la chaleur. Nous achetons alors ce qu’il faut  pour la préparation. Premièrement, acheter le yerba maté, une feuille d’Ilex paraguayensis, proche du houx, séchée et hachée. L’Argentine en est le premier producteur mondial et premier consommateur de cette feuille. En moyenne, un argentin consomme 5kg par an. Ensuite le récipient, une gourde d’eau chaude et un petit récipient en calebasse. Afin de boire, il faut ajouter une bombilla (paille en argent doté d’un filtre bulbeux à son extrémité). Cette boisson très amère est un rituel élaboré qui se vit en famille, entre amis ou entre collègues. L’apprécier requiert une certaine habitude. Les novices le trouveront chaud et amer (mais il est possible d’y ajouter du sucre)

Iguaçu 
Panorama chute d'Iguaçu
   Pour finir mon voyage, j’ai découvert le site le plus touristique du pays. Il se situe à la frontière entre le Brésil, le Paraguay et l’Argentine. Le fleuve d’Iguaçu coule tranquillement avant de plonger brusquement le long d’une falaise en basalte offrant un grondement incessant. Ces 275 chutes de 60m de haut dans la forêt subtropicale luxuriante sont magiques. La vue, l’expérience sensorielle, les embruns et le débit de l’eau restent gravés dans ma mémoire. Malgré de nombreux touristes, je suis restée contempler ce paysage pendant des heures. Cela est apaisant.

   Au-delà des chutes, les deux parcs nationaux côté Brésilien et Argentin offrent des balades dans la forêt tropicale. Il est possible de les effectuer à vélo, à pied, en kayak ou en bateaux. Chaque activité est à payer en plus du prix d’entrée dans le parc. Les deux pays présentent différents points de vue sur les chutes. Il est intéressant d’effectuer les deux même si principalement les touristes vont du côté Argentin ou il y a plus d’activités telles que la balade en bateau au plus proche des chutes. Des sensations garanties.

   Mon regard s’est baladé de chute en chute durant nos deux jours de visite. De multiples panoramas magiques se sont dévoilés sous mes yeux. Des arcs en ciels de partout dûs au reflet du soleil.

Visiter l’argentine, c’est savoir apprécier ces paysages sensationnels que le pays offre.

GAUTIER Léa _ Voyage Janvier – Février 2015 et Juillet 2009

gautierlea@hotmail.com

BIBLIOGRAPHIE

Argentine, Traduction Irène Barki ; Sophie Brun ; Bruno Krebs ; Sophie Paris, Guides Gallimard, Octobre 2009, 382p.

Argentine Lonely Planet, Sandra Bao ; Grecor Clark ; Carolyn Mc Carthy ; Andy Symington ; Lucas Vidgen, En Voyage edition, 2014, 638p.