VOYAGE SUR LES TRACES D’ALVARO SIZA, DU MÉTRO DO PORTO JUSQU’À LA PISCINE D’EAU DE MER DE MATOSHINOS

« Pendant que Lisbonne se fait belle, Coimbra étudie, Braga prie et Porto travaille ». Cet adage qui évoque le caractère des différentes villes portugaises ne croit pas si bien dire. En effet, Porto est toujours très active et occupe aujourd’hui une place importante sur la scène internationale au regard des productions architecturales contemporaines. Cela a le mérite d’être souligné, Porto, ville d’histoire, a donné naissance à deux lauréats du prix Pritzker : Álvaro Siza Vieira en 1992 et Eduardo Souto de Moura plus récemment en 2011. L’architecture de Siza et de Souto de Moura, maître et disciple, a donné lieu à la célèbre « école de Porto », reconnue dans le monde de l’architecture.

Fondée sur le bord du Douro par les Romains, Porto se situe au nord du Portugal, sur la façade atlantique. Elle est la seconde ville du Portugal après Lisbonne, avec environ 240 000 habitants. L’activité de Porto se concentre autour de la production industrielle, du cuir, de la céramique ainsi que de l’artisanat. Située sur des hauteurs surplombant le Douro, ses monuments, ses ponts ainsi que le vin de Porto lui assurent un succès touristique. Au fil des années, Porto a conservé son caractère pittoresque, son cœur historique est classé au patrimoine de l’UNESCO. Et pourtant, la ville dispose également d’une grande richesse en terme d’architecture contemporaine. En plus des productions des architectes les plus célèbres du Portugal, Siza et Souto de Moura, la ville a su accueillir de grands architectes contemporains tels que Rem Koolhaas par la réalisation de la Casa da Musica à l’occasion de l’événement « Porto, Capitale Européenne de la Culture » en 2001.

Álvaro Siza Vieira ( 1993, Porto )

Porto est LA ville d’Alvaro Siza. Natif de la banlieue de Porto, Alvaro Siza a suivi l’enseignement de l’École des Beaux Arts de Porto puis il est resté, tout au long de sa carrière, attaché à sa ville natale qui accueille un grand nombre de ses réalisations. Dans un premier temps, ses œuvres sont marquées par le contexte historique auquel il se retrouve exposé : la dictature de Salazar puis l’engouement après la révolution des œillets en 1974. Se rattachant à l’École de Porto, il se situe dans un mouvement d’opposition face à la dictature,iIl attache une grande importance à la participation des habitants dans le processus de création. A travers les logements sociaux de Bouça, il tente en quelque sorte de redonner le pouvoir décisionnel aux futurs habitants.

Siza cherche son propre langage architectural en se rattachant génréralement à la tradition portugaise. Il ancre ses bâtiments dans la géographie et la finesse du tissu locale. Il a une réponse particulière à chaque paysage portuan que ce soit en milieu urbain ou dans un cadre naturel. La piscine d’eau de mer à Matosinhos ou encore le projet de la Faculté d’Architecture visités au cours ce voyage confirment ces propos. Voir en vrai permet de confronter les volontés annoncées « sur papier » à l’expérience réelle du bâtiment. Siza allie rationalisme et esthétique au traitement des éléments architectoniques. Il rejette les pensées modernes qui mettent en relation figure et structure. Selon lui, son projet est une image changeante qui évolue en fonction du temps et du site. Ainsi, il accorde une grande importance au respect des matériaux locaux, à la lumière, au cadrage ainsi qu’au parcours. Les visites de la Faculté d’architecture puis de la Fondation Serralves sont sans doute les exemples qui décrivent au mieux l’architecture d’Alvaro Siza.

Alvaro Siza Viera

    Porto, le pèlerinage « Siza » : dans le    centre-ville

Rencontre n°1 : Station de métro Sao Bento, 2005, Avenida Vimara Peres, Porto

Une fois arrivé à Porto, pas la peine de chercher très loin. Alvaro Siza est déjà sur notre chemin et ce dès le métro ! Contrairement à d’autres villes européennes, où la plupart des stations de métro sont sombres et accompagnés d’une certaine odeur désagréable, ici, les stations sont modernes, spacieuses et surtout très claires. Cela peut s’expliquer, elles ne sont pas conçues par des ingénieurs « anonymes » mais par Alvaro Siza et Eduardo Souto de Moura. Quatorze des arrêts de métro ont été conçus par Souto de Moura, un seulement par Siza. Chaque station est entièrement différente, mais elles forment un ensemble cohérent. L’utilisation de matériaux de construction similaires à travers tout le réseau de métro crée ce sentiment d’uniformité. Siza a réalisé la station São Bento sur la ligne D. Le plus frappant est le travail de la lumière et de la perspective, il crée ainsi une atmosphère plutôt « sophistiquée » pour un espace dit fonctionnel. Il conçoit un espace élégant et minimalisme avec des matériaux très simples ; des carreaux blancs, du verre, de l’acier, du béton clair, des plaques métalliques plus rugueuses. L’ensemble du réseau est d’une qualité architecturale assez remarquable. La signalétique l’est également. Certaines entrées sont marquées par des stèles d’acier et de verre, marqué du logo Métro do Porto.

Intérieur de la station Sao Bento

Rencontre n°2 : Réaménagement de la Avenida dos Aliados, 2005, Avenida dos Aliados, Co-réalisation : Souto de Moura

Restons dans le métro, direction la station Aliados ! Juste un arrêt plus loin se trouve la place de l’Avenida dos Aliados. C’est l’avenue principale de la ville, ouverte en 1919 par Barry Parker. En 2006, elle est rénovée par Álvaro Siza et Souto de Moura profitant de l’occasion créée par la mise en œuvre du métro de Porto. Le projet pour l’Avenida dos Aliados surgit de la nécessité de construire, dans ce lieu de trois stations de métro pratiquement contiguës: São Bento, Aliados et Trindade.

La place est complètement minérale, à l’exception des arbres bordant les rues. Le sol est libéré de tout parterres de fleurs et autres obstacles qui limitaient l’utilisation de l’avenue pourtant située dans le cœur de la ville. Ainsi cette volonté de libérer visuellement la place permet d’en affirmer son statut de grand espace public urbain. Tout le mobilier urbain a été redessiné, Seul les anciens lampadaires existants ont été réutilisés. En haut de l’avenue, près de l’Hôtel de Ville, un miroir d’eau a été construit, entouré de bancs, chaises et arbres. Cette place est particulière puisqu’elle a été façonnée par beaucoup des grands architectes portuguais. Outre le réaménagement de Siza et de Moura, quelques bâtiments de la place ont été dessinés par Marques da Silva. Le bâtiment de la Compagnie d’assurance A Nacional, l’immeuble Joaquim Emílio Pinto Leite et celui du Jornal de Notícias, réalisés respectivement en 1919, 1922 et 1925. Malgré son histoire et ses importants remaniements architecturaux cette place m’a laissé une drôle d’impression. Son coté très minéral, sa taille absolument démesurée, ses façades très ornementées, particulièrement propres et entretenues ne m’ont pas fait penser au reste de Porto. Le centre-ville est plutôt constitué de petites ruelles et les façades abîmées qui racontent le temps du succès et de la prospérité de la ville. Cette place, bien que grandiose m’a semblé ne pas avoir l’âme de Porto, comme un bout de ville étrangère au reste du cœur historique portuan.

Vue sur l'Avenida dos Aliados

Porto, le pèlerinage « Siza » : dans les quartiers périphériques

Rencontre n°3 : Logements sociaux SAAL, Bouça, 1975-1977, rua das Aguas Ferreas, Porto

Une nouvelle fois, reprenons le métro. (C’est important pour cette visite). Juste un changement au niveau de Trinade pour la ligne A, B, C ou E et un arrêt plus loin se trouve le petit ensemble de logements sociaux dessinés par Alvaro Siza dans le quartier de Bouça à la fin des années 70′. L’ensemble est situé juste en face de l’arrêt de métro Lapa. En réalité, on ne voit pas grand chose depuis la station, juste un mur, quasiment aveugle. Au Nord de la parcelle, un mur a été construit a posteri de la construction afin de protéger les habitations de la nuisance engendrée par le train. Pour permettre aux habitants ainsi qu’aux citadins du quartier d’accéder au métro, quelques percements minimalistes ont été effectués dans celui-ci. La première impression est assez intéressante, l’arrivée en métro, coté nord, nous confronte à ce grand mur gris, opaque et pas franchement attrayant. La réalisation de Siza est totalement cachée, insoupçonnable pour un oeil non averti.

Vue depuis la station de métro Lapa

Les logements sociaux de Bouça ont été conçus dans un contexte particulier : le SAAL. En 1974, à la fin de la Révolution des œillets, le SAAL (Service mobile d’appui local) se met en place afin d’améliorer les conditions de logements sociaux en favorisant la participation des habitants, des architectes et urbanistes. Alvaro Siza a travaillé pour le SAAL de 1973 à 1976 sur deux projets : Bouça et Sao Victor. Les logements de Bouça répondent donc à deux grands critères : restructurer un site dégradé, difficile à aménager et correspondre aux normes des logements sociaux (bas coûts, économie des matériaux). Le site de Bouça se situe au Nord de Porto, dans un espace qui tombait à l’abandon à côté d’une zone résidentielle délabrée. Aujourd’hui, le centre ville s’est étalé et le quartier de Bouça fait désormais partie de la banlieue proche de Porto.

Après avoir passé cet impressionnant mur aveugle, on rentre dans une composition très ordonnancée : quatre rangées de logements, toutes alignées et orientées Nord-Ouest. Ces logements sociaux sont en fait composés de petites maisonnettes à quatre niveaux contenant deux logements. Elles sont disposées dos à dos. La qualité des logements de Siza provient notamment de leur aspect individuel. En effet, l’accès au logement inférieur est privatif. Chaque logement possède son propre escalier qui mène à l’entrée située au second niveau de l’appartement. L’entrée des logements supérieurs s’opère quant à elle par le biais d’une galerie de distribution accessible par un escalier commun. Entre chaque rangée, des cours et jardins y sont aménagés. Le rapport entre la hauteur des rangées de logements et la largeur laissée pour les cours m’a semblé vraiment maîtrisé et juste. L’espace extérieur n’était ni étriqué entre les rangées longitudinales, ni un énorme no-man’s land. Le soleil n’étant pas au rendez-vous, aucuns habitants ne pratiquaient l’espace extérieur collectif. Cependant, les balcons fleuris, un peu encombrés par l’étendage du linge laissent à penser que l’été, les cours-jardins sont probablement des endroits de réunion des habitants et très certainement un espace de jeux pour les enfants, comme conçus pour les parties de foot entre voisins.

Avec peu de coûts, des matériaux simples, l’emploi de couleurs, Alvaro Siza a livré 130 logements sociaux de bonne qualité. Il rompt avec les modèles classiques en créant des logements à deux niveaux et en permettant un accès individuel aux logements inférieurs. Ces logements sont à l’image des aspirations de l’architecte. Leurs volumes simples, épurés, blancs, se lient à la culture traditionnelle locale, volonté récurrente de Siza. Avec un agencement de blocs rectangulaires simples, Siza réussi à créer une volumétrie intéressante. Il opère un retrait dans la façade du dernier niveau afin de casser avec le volume parallélépipédique. Cet effet est renforcé par le changement de couleur des murs. Il accorde une grande importance aux différents espaces en les différenciant par des jeux de lumière, des resserrements De plus, malgré des formes géométriques simples et une composition répétitive des logements, les façades sont hiérarchisées. Avec seulement deux modèles basiques de fenêtres, Siza les assemble de façon à obtenir une composition vivante. La conception de Siza s’insère dans les méthodes de constructions locales : géométrie simple, murs de plâtre blanc, décoration réduite au minimum.

Vue d'une cours et des logements en bande

Rencontre n°4 : Faculté d’architecture, Université de Porto, 1986-1989, via Panoramica, Porto

La découverte de Porto sur les traces d’Alvaro Siza ne peut s’envisager sans la visite de la Faculté d’architecture. Comme tout bon étudiant en architecture qui se respecte, il nous doit d’aller visiter les écoles d’architecture étrangères, d’aller à la rencontre de nos homologues portugais, futurs associés qui sait.

Le projet de Faculté d’architecture émerge dans les années 1980. L’évolution de la pratique du métier d’architecte questionne toute l’Europe et la formation des architectes jusque là dispensée par l’école des Beaux-Arts est remise en cause. L’architecture se sépare de la formation Beaux-Arts pour rejoindre celle de l’Université. C’est dans ce contexte que le projet de nouveaux bâtiments pour la toute récente Faculté d’architecture voit le jour. Le projet est confié à Alvaro Siza, à l’unanimité.

L’école s’installe sur les berges du Douro, en périphérie de Porto. Elle se situe dans une zone dédiée au développement du nouveau campus universitaire, à proximité du dernier pont avant l’estuaire. Il s’agit d’un ensemble d’une dizaine de bâtiments distincts. L’architecte affirme et marque les différences en terme de typologie et d’écriture architecturale. L’implantation des bâtiments suit la forme triangulaire du terrain, prend en compte le dénivelé et la présence des voies d’accès à l’autoroute au Nord de la parcelle. Coté Sud, quatre petites tours sont alignées vers le fleuve. L’espacement est régulier sauf entre la tour n°3 et la tour n°4. L’espace entre les deux tours est plus important, on ne sait pas si il s’agit d’un espace prévu pour la construction d’une dernière tour encore manquante ou si il s’agit d’une ouverture volontaire vers le fleuve. Au Nord, c’est la fermeture qui prévaut. Deux grandes barres reliées par un demi cercle forme un « mur » continu qui protège le complexe des nuisances de l’autoroute. Entre cet ensemble continu et l’alignement des tours se trouve le patio. Cet espace est vaste et irrégulier, il s’adapte au vide laissé par les constructions. Au moment d’entrer dans l’école, on se rend compte que l’on ne sait pas tellement si l’on arrive du bon coté de la dalle minérale. Je garde comme impression cette sensation d ‘être un peu perdue, de ne pas savoir vers où me diriger, en effet, il n’y pas de grande entrée ni de façade principale.

L’école se compose de salles de cours réparties dans les quatre tours au Sud, de locaux administratifs, d’un auditorium, d’une salle d’expo et d’une bibliothèque dans les bâtiments Nord. Le morcellement du projet est en résonance avec le programme pédagogique. Les volumes dédiés au salles de cours sont simples et sans fioritures. Le seul élément qui les distingue est la composition en façade de fenêtres « meurtrières ». L’irrégularité maîtrisée permet de casser les volumes de base ainsi que la présence de dispositifs techniques : la découpe de la tour n°1 n’est qu’en fait une toiture en shed, les branchies de la tour n°2 qu’un pare-soleil disposé à la verticale.

Rampe du bâtiment Nord

Les bâtiments au Nord sont la résultante de l’articulation des programmes auditorium, salle d’exposition et bibliothèque. La distribution est claire mais l’architecture proposée par Siza ne s’arrête pas là. L’idée de parcours est belle et bien présente au sein de son bâtiment. Il ne s’agit pas de juxtaposer les espaces un à un mais de les liaisonner. Ainsi l’école peut sembler labyrinthique lorsqu’on la découvre pour la première fois, Siza préfère parler de chemins de traverse pour qualifier les parcours. Le bâtiment Nord présente une rampe inclinée, c’est évidemment un élément de distribution mais sa fonction est aussi de dégager l’espace, d’ouvrir la vue en proposant une belle perspective depuis l’entrée. Cette rampe nous mène vers l’espace circulaire qui abrite la salle d’exposition. Cette pièce est éclairée en second jour, Siza est particulièrement attentif au contrôle de la lumière, d’autant plus dans un pays méditerranéen. C’est également le cas dans la bibliothèque. Il y met en œuvre un système de verrière inversée ainsi l’espace est baigné dans une lumière zénithale franche.

 Siza exploite le dénivelé du terrain pour y placer une longue rue souterraine qui relie les petites quatre tours. La topographie lui permet de créer une seconde place plus ombragée qui double le grand patio. Cette place, bien plus petite que la cour centrale, est un espace de vie sociale. Le sentiment de désorientation s’est envolé. Ici, on s’y sent bien, c’est là que les étudiants s’assoient, discutent, déjeunent ; c’est l’endroit idéal pour se mêler à nos camarades portugais en profitant d’un bon café.

Rencontre n°5 : Musée d’art contemporain, Fondation Serralves, 1991-1999? rua Dom Joao Castro, 210, Porto

Cette quatrième étape est incontournable autant pour les étudiants en architecture que pour les touristes non aguerris. Ce lieu est à visiter pour l’exposition elle-même ainsi que pour l’architecture du musée et pour le magnifique parc de 18 ha dans lequel il est installé.

Outre la villa, siège de la fondation, le Parc Serralves abrite depuis 1999 le musée d’art moderne de Porto. Conçu par l’architecte portugais Álvaro Siza, ce musée a été aménagé dans le but d’aider Porto à obtenir le titre de capitale européenne de la culture, finalement décerné à la ville en 2001. La Casa Serralves (1925-1943) a été conçue par Marques da Silva en collaboration avec Jacques Émile Ruhlmann, Charles Siclis et Alfred Porteneuve. Cette partie du complexe muséal accueille des expositions temporaires avant-gardistes. Le musée d’art moderne de Siza est quant à lui consacré à la mise en valeur d’une collection permanente.

Vue du dispositf d'entrée

L’entrée est signalée par un porche suivit d’une longue allée couverte. Une magnifique perspective se dresse, accompagnant ainsi le visiteur jusqu’à la porte d’entrée. La magie Siza opère. Tout y est, l’effet de perspective marqué par la galerie rectiligne, les murs blancs immaculés recouverts de pierre, le parcours déjà suggéré par cette allée qui « met en condition » avant d’acceder au musée. Une fois ce porche passé, il donne accès à un patio où convergent les chemins des différents jardins et l’accès au parking souterrain. Il faut ensuite longer l’allée couverte, passer le petit pavillon de billetterie et le jardin clos, pour finalement arriver à l’entrée principale du musée.

Plan du musée Serralves

Le premier espace est celui du bureau d’accueil et d’information, logiquement placé à côté de l’entrée du musée. Il mène à un double atrium de forme carré, éclairé par une ouverture zénithale. Cet atrium est centré sur les axes longitudinaux et transversaux qui définissent le bâtiment. Le musée est implanté selon un axe longitudinal Nord / Sud. Du corps principal se développent deux ailes asymétriques au sud ; formant ainsi un couloir en U et créant une cour entre elles deux. L’atrium est le centre du bâtiment, il constitue un espace de distribution à partir duquel le public peut avoir accès aux différentes installations du musée. Au cours de la visite, Siza joue toujours avec les codes qui lui sont propres : création de cours intérieures, mise en œuvre de fenêtres permettant au visiteur de rester en contact avec le parc paysager environnant. Son travail sur les ouvertures est subtil, les fenêtres deviennent des cadres qui découpent des vues sur le paysage. L’éclairage est contrôlé par des plafonds suspendus, la lumière naturelle rayonne sur les côtés, créant un effet « lèche » mur. Un éclairage artificiel d’appoint est dissimulé sous le plafond suspendu ainsi que le matériel de climatisation. Le passage à l’étage supérieur se fait par des escaliers et des ascenseurs, donnant accès à une galerie haute dans l’atrium principal. De là, le public peut rejoindre la cafétéria et sa terrasse donnant sur le parc. L’atrium central donne également accès au foyer Bibliothèque. Cette pièce se trouve au niveau du terrain naturel, sous les espaces d’exposition. Divisé en deux étages, la Bibliothèque est spécialisée dans les sujets liés à l’art. Elle comprend une salle de lecture, une salle de dépôt, des ordinateurs et écrans vidéo. L’auditorium peut fonctionner de manière autonome. Il dispose d’une entrée indépendante et des équipements publics nécessaires. C’est une salle polyvalente, conçue pour accueillir des spectacles de musique, danse, théâtre, des conférences, des projections vidéo. Il peut accueillir environ 290 spectateurs. La Boutique se situe au niveau d’entrée et peut également être indépendante. De même que l’auditorium, elle communique avec le patio d’entée, patio dont le rôle est de séparer l’auditorium de l’espace d’exposition proprement dit et sert de point de raccord entre les deux entrées.

Porto, le pèlerinage « Siza » : dans les environs de la ville

Rencontre n°6 : Aménagement de la zone riveraine Leça da Palmeira, 2002-2007, Avenida da Libertade, Matosinhos

A peine 20 minutes de métro suffisent pour rejoindre Matosinhos. Il s’agit de la ville natale d’Alvaro Siza. Du centre-ville de Porto à la plage de Matosinhos, nous avons en quelques sorte remonter l’historique des travaux de Siza, ansi les dernières visites correspondent aux premières réalisations de l’architecte.

Rencontre n°7 : Piscine Leça da Palmeira, 1961-1966, Avenida da Libertade, Matosinhos

Ouverte en 1966, cette piscine d’eau de mer s’intègre de façon particulièrement harmonieuse dans le paysage naturel de roche et de sable de la cote atlantique. L’architecture de Siza s’immisce entre les rochers et n’impacte pas la beauté naturelle du site, au contraire, elle la révèle. Au mois d’avril, la piscine n’est pas encore en fonctionnement, les vannes qui retiennent l’eau de la dernière marée sont encore ouvertes. Qu’a cela ne tienne, même si la piscine n’est pas remplie, la visite vaut le détour puisque l’abri côtier qui accueille les vestiaires et le bar reste ouvert.

Vue d'ensemble sur la piscine

La construction de la piscine se développe parallèlement à la promenade piétonne. La toiture est au niveau de la rue, passant ainsi pratiquement inaperçue aux yeux des passants. Dans un premier temps, la structure dirige un parcours parallèle à la côte, on descend la rampe d’accès comme pour marquer le changement d’environnement. Ensuite un principe de séquences vient révéler ce parcours, une succession de longs trajets où il faut traverser la zone des vestiaires, puis, il suffit de se laisser guider par les lignes des murs de béton, pour ressurgir face aux éléments : la lumière éblouissante de la plage, le vent chargé d’iode, le bruit des vagues qui se cassent sur les affleurements rocheux.

Cadrage

Ce projet révèle déjà les concepts clés qu’Alvaro Siza continuera à réemployer par la suite, à savoir, le travail avec le contexte (l’élément construit se fond dans l’élément naturel), la notion de parcours (on descend / l’espace se ressert / on zigue zague puis on débouche sur l’immensité de l’océan), l’attention particulière aux cadrages (intégré au jeu de séquences au long du parcours) et la maîtrise de la lumière (la toiture s’abaisse créant un environnement plus sombre). Le choix des matériaux prend en compte l’identité des lieux. Ainsi, le matériau noir du toit dialogue avec la route et le béton granuleux fait face à la roche.

Rencontre n°8 : Restaurant – Salon de thé Boa Nova, 1958-1963, Avenida da Libertade, Matosinhos

Le salon de thé “Boa Nova” a été conçu suite à un concours organisé en 1956 par le conseil de la ville et remporté par l’architecte portugais Fernando Tavora. Après avoir choisi un site sur les falaises de la mer Matosinhos, Tavora a confié le projet à son collaborateur, Alvaro Siza. Il s’agit d’un de ses premiers projets en relation si étroite avec le site. Situé à plus de 300 mètres de la route principale, ce bâtiment isolé reste accessible par voiture et bénéficie d’une zone de stationnement. Ensuite un système de plates-formes et escaliers permet d’accéder à l’entrée. L’entrée abritée se caractérise par un toit très bas et d’énormes rochers caractéristique du site. Siza propose une promenade architecturale, un trajet sinueux bordé par des murs de béton peints présente plusieurs points de vue spectaculaires sur le paysage à mesure que l’on se rapproche de l’entrée.

Vue d'ensemble

Le restaurant – salon de thé est en surplomb juste au-dessus des rochers, face à un superbe panorama. Le salon de thé possède de grandes fenêtres au-dessus d’une base en béton apparent, tandis que la salle à manger entièrement vitrée, conduit à une terrasse extérieure. Dans les deux pièces, les fenêtres peuvent glisser afin de s’encastrer sous le plancher. L’effet depuis l’intérieur doit être magnifique. Nous n’avons malheureusement pas pu entrer visiter l’intérieur, fermé à cette période.

Vue de la terrasse

A l’image des projets réalisés dans sa jeunesse, l’architecture de Siza est composée d’une diversité de matériaux : des murs blancs en crépis, des piliers béton sur la façade ouest, du bois rouge africaine à l’intérieur. A l’extérieur le parement de l’avant-toit en saillie est fait avec des planches de bois. Le toit est constitué d’une dalle de béton recouverte de tuiles en terre cuite rouge romaines et d’un plafond suspendu en bois. Le bâtiment a déjà subi la foudre des éléments. Suite à une forte tempête, le Boa Nova a été entièrement restauré en 1991, toutes ses caractéristiques conservées comme le projet d’origine.

Anne-Cécile Péchard / annececile.pechard@gmail.com / Voyage effectué en avril 2015

Sources & Références

http://porto.use-it.travel/

« L’école de Siza » film de Richard Copans et Stan Neumann. Coproduction : ARTE France / Les Films d’ici / Le centre Pompidou / La direction de l’Architecture et du Patrimoine (1999)

http://www.visitporto.travel/Visitar/Paginas/default.aspx

Porto – Patrimoine mondial

http://fr.wikipedia.org/wiki/Porto

http://laboratoiredelhydre.fr/crbst_60.html

http://www.arcspace.com/features/alvaro-siza/serralves-foundation-museum-of-contemporary-art