Après Yangon, nous faisons escale à Nyaungshwe, près du lac Inle. Quelques jours de visite dans l’état Shan, et ses superbes paysages et nous reprenons notre route pour la région de Mandalay, avec comme destination : Bagan.

Bagan est un site archéologique unique au monde. On y dénombra à l’heure de son apogée pas moins de 13 000 temples, monastères et stupas. Aujourd’hui, restent 2200 édifices religieux témoins de l’âge d’or de la région sur quelques hectares à peine.

Nous prenons plusieurs jours à découvrir cette plaine infinie. Au cœur de ce site immense, nous sommes souvent seuls. Et lorsque nous montons sur les terrasses des pagodes, nous n’avons à perte de vue que les centaines de stupas qui pointent à travers les arbres. C’est reposant, dépaysant. Ce paysage, tellement riche en histoire et en culture semble alors s’offrir à nous.

1_IMG_6389Les plaines de Bagan : des temples à perte de vue

A Bagan, de nombreux temples anciens en bois ou en grès ont disparu. Restent aujourd’hui une majorité d’édifices en brique, plus ou moins bien conservés. Ces temples possèdent un plan simple, avec généralement une entrée principale et des fenêtres orientées selon les points cardinaux, et aux contours très bien dessinés. Surmontée d’un fronton, l’arche en saillie qui ouvre sur le vestibule donne une impression d’espace afin de souhaiter la bienvenue au visiteur dans le monde spirituel que recèle l’intérieur.

On observe 2 types de temples : d’un côté de petits édifices dotés d’une entrée unique, d’une salle principale ou vestibule et d’un sanctuaire central abritant la représentation du Bouddha, de l’autre des édifices plus imposants pourvus de 4 entrées identiques.

23Détails d’architecture et de sculptures (Dessins personnels)

Les sculptures de Bouddha représentent un être éveillé au visage serein, souvent souriant. On remarque cependant des différences dans les postures représentées, des changements dans la position des mains. La plus courante est le geste de « prise à témoin de la terre ». La main droite est pendante et touche le sol, paume vers l’intérieur, tandis que la main gauche est posée sur les jambes, paume vers le ciel. Dans ce geste, le Bouddha appelle la Terre à témoigner de son absolue impassibilité et de ses mérites. Ensuite, on peut observer d’autres postures comme celle de méditation ou encore de l’enseignement.

 

Mains

Les postures des différents Bouddha (Dessins personnels)

Pour se déplacer à travers ce vaste site, nous louons des vélos ou des scooters. Mais lorsque l’on souhaite s’aventurer loin des pagodes les plus touristiques, gare aux chutes et aux crevaisons ! Nous en faisons les frais, mais lorsque la nuit est tombée mieux vaut le prendre avec le sourire. Cela nous permet de rencontrer un réparateur de vélo. Il se chargera de remettre à neuf notre chambre à air à la lumière d’une lampe « lapin », que l’on voit ici partout.

2_IMG_1913Réparation de fortune à la nuit tombée (Photo © Christophe Nanjo)

Tandis que nous profitons de ces visites déroutantes nous assistons tous les jours en fin d’après-midi à un étrange rituel. Les touristes, appareils photos en main, sortent des cars et se ruent en masse sur les terrasses des pagodes : Il faut être le premier pour avoir sa place !

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En effet, tous les soirs, la brume se lève tandis que le soleil se couche. L’effet sur la plaine est saisissant. De notre côté, nous préférons nous éloigner pour profiter de ce spectacle naturel. Les tons rouges vifs du soleil font briller les stupas dorés, rougeoyer la terre crue des pagodes.

Visite à la tombée du soleil (Photo © Christophe Nanjo)

Lorsque la brume s’étend entre les arbres, les temples semblent sortir de nuages. La vision est onirique, comme issue d’un imaginaire fantastique.3_Anastasia Mills HealyUn spectacle naturel saisissant (Photo © Anastasia Mills Healy)

LE BOUDDHISME, UNE PHILOSOPHIE DE VIE

Durant un séjour en Birmanie, comment ne pas s’intéresser aux préceptes bouddhistes ? Ici, cette religion est omniprésente sous sa forme de Bouddhisme Theravāda (litt : la voie des anciens). Et si on profitait de l’occasion pour en apprendre plus ? Cette façon de penser le monde peut nous sembler étrange par rapport à notre culture occidentale. Un de nos compagnons de route nous explique l’histoire de Bouddha grâce aux fresques des pagodes, ainsi que les bases de la philosophie Bouddhiste :

Le Bouddhisme a la première particularité de pouvoir être considéré comme une religion, ou comme une philosophie. Ses origines remontent au Ve siècle av. J.-C. en Inde. « Bouddha » est un titre honorifique décerné aux « êtres éveillés ». Le premier Bouddha est historiquement Siddharta Gautama Sakyamuni. C’est sa vie et ses préceptes qui sont représentés et enseignés dans le Bouddhisme.

Dans l’enseignement du Bouddha, la perception du moi prime : la notion de permanence est déterminante. C’est ce qui motive chacun à évoluer sans cesse. La notion de renaissance s’avère alors être une question philosophique des plus complexes. Lorsqu’un bouddhiste (ou tout autre individu) se réincarne, ce n’est ni la personne ni son âme qui renaît, mais son karma, à savoir l’ensemble de ses actes, bons et mauvais. Le paradis ou salut (au sens chrétien du terme) n’existe pas. Il s’agit d’aboutir à une qualité d’existence par une sérénité totale et l’assurance de ne plus renaître.

Le Bouddhisme propose une réflexion basée sur le doute et sur l’erreur. Pour s’élever et arriver à la vérité il est nécessaire d’utiliser son intelligence et son bon sens. Les interrogations, questionnements perpétuels, sont donc privilégiés. Il est également nécessaire de douter des traditions avant d’en faire la preuve empirique. Le bonheur ne dépend donc que de soi.

« N’acceptez pas mes enseignements sans les avoir vraiment étudiés. Si l’on vous donne une pépite d’or, vous allez naturellement vérifier de toutes les façons possibles, si c’est vraiment de l’or. De la même façon, agissez ainsi avec mes enseignements pour reconnaître leur validité et les accepter. »

Nous avons été particulièrement intéressés par le rapport entre religion et philosophie, voire même morale. En effet, plus qu’un concept théologique, le Bouddhisme relève avant tout d’une philosophie de vie applicable à tous.

5Une représentation commune de Bouddha (Dessin personnel)

La suite et fin de notre voyage nous mènera au golfe du Bengale, puis de nouveau à Yangon. Un séjour trop rapide à notre goût. Nous regrettons de n’avoir pu aller à Sittwe et Mrauk-U, notamment à cause des difficultés pour circuler dans le pays. Les 28 jours de visa sont bien trop peu pour avoir le temps d’appréhender un pays aussi vaste et riche que la Birmanie. Mais nous revenons avec de très belles images en tête, que j’espère avoir pu vous faire partager ici.

IMG_6362Rêver le Myanmar

Camille TOULLEC _ Voyage janvier-février 2015

camille.toullec@gmail.com

Références :

http://www.bouddhisme-universite.org/

http://www.dhammadana.org/

Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme, Le Seuil, 2001

 Myanmar – Guide Gallimard 2014