DU BYZANTIN AU BAROQUE : PARCOURS DES STYLES ARCHITECTURAUX DANS LES EGLISES VENITIENNES

Introduction

Parmi les cités historiques d’Europe, Venise se distingue par sa situation géographique et physique particulière, et par la diversité historique et stylistique de son tissu urbain. Implantée sur d’anciennes formations sédimentaires au nord de la mer adriatique, la ville se présente comme une île aux limites figées. Sur ce territoire aux fortes contraintes physiques et spatiales, les constructions d’époques très différentes se sont accumulées, remplacées, juxtaposées.

Au Moyen-Âge, Venise s’est rapidement enrichie, grâce au développement du commerce. Une architecture très raffinée est alors apparue, notamment dans la construction de palais de riches commerçants, sur les rives du Grand Canal. Au cours des siècles, la cité, au carrefour de l’Europe, a été influencée par plusieurs civilisations : byzantine, romaine, arabe, européenne… Aujourd’hui l’enchevêtrement de ces différentes cultures est visible à travers la complexité du répertoire stylistique des bâtiments historiques de Venise. La superposition des époques byzantine, gothique, et Renaissance au sein de ce territoire restreint crée un riche palimpseste.

Cette diversité architecturale est particulièrement conservée dans les églises catholiques de la ville, très nombreuses. Ces édifices sont des témoins intéressants car ils ont su bénéficier d’une meilleure conservation, ou au contraire, ont traversé les époques et ont été remaniées « au goût du jour » tout en gardant des marqueurs successifs de chaque période.

Ce travail propose de balayer plus d’un millénaire d’architecture religieuse à travers la présentations de six édifices remarquables et représentatifs d’une ou de plusieurs époques données, correspondantes à un style architectural. Plus qu’un simple descriptif, il s’agit davantage d’expliquer le contexte de construction, les styles, la vision de l’architecte de chaque église, mais aussi de témoigner de manière plus sensible des parcours des lieux. Par ordre chronologique :

  • Santa Maria Assunta (à partir de 639)

  • Santa Maria Gloriosa Dei Frari (1340-1443)

  • Santa Maria Dei Miracoli (1481-1489)

  • San Giorgio Maggiore (1566)

  • Santa Maria Della Salute (1631-1687)

  • Santa Maria Assunta / Chiesa Dei Gesuiti (1715-1728)

localisation des 6 églises

 

Santa Maria Assunta, Torcello, à partir de 639

SANTA MARIA ASSUNTA TORCELLOLa cathédrale Santa Maria Assunta est l’édifice religieux le plus ancien de Venise. Elle est située sur Torcello, une petite île à une dizaine de kilomètres au nord de Venise. Le début de sa construction est évaluée à 639 mais l’édifice visible aujourd’hui date des restructurations successives des IX et XIe siècles. La basilique constitue un témoin fort de l’influence du style byzantin qui s’est exercé à Venise. Style qui domine également la célèbre basilique San Marco. Aujourd’hui dépeuplée, Torcello était à l’époque un des berceaux de la ville de Venise, et l’église était alors entourée de bâtiments. En effet, Torcello est considérée comme la « préhistoire » de la cité. Puis les populations ont migré vers Murano puis Venise suite à l’ensablement progressif des îles du nord. Les bâtiments de Torcello ont été soit détruits, soit déconstruits pour en récupérer les matériaux.

SANTA MARIA ASSUNTA EXTMalgré son remaniement l’édifice traduit la simplicité et l’art décoratif de la construction religieuse byzantine, et l’héritage des églises paléo-chrétiennes, en adoptant le plan basilical. De l’extérieur, la cathédrale se caractérise par son campanile et ses façades dépouillées de brique. Le volume traduit le plan intérieur. Aujourd’hui on retrouve les restes de l’ancien baptistère situé devant la façade principale, témoin de la tradition romaine.

SANTA MARIA ASSUNTA INTLe volume intérieur est donc composé d’une nef centrale et de deux collatéraux de plus petite dimension, le tout est couvert par une charpente. La nef est délimitée par des arcs en plein cintre reposant sur des colonnes de marbres à chapiteaux corinthiens et des baies hautes situées sur la façade sud apportent une lumière vive en partie supérieure. Un iconoclaste sépare le chœur du reste de l’église. Sur l’abside semi-circulaire, une mosaïque du XIIIe représente la « Madonna Teotoca ». Face à celle-ci, sur le mur intérieur de la façade principale, la mosaïque du « Jugement Dernier » contrebalance le tout. Dans l’abside latérale gauche, une mosaïque du VIIe siècle a été conservée. Un soin est tout particulièrement apporté au sol de la cathédrale, pavé de mosaïques de marbres de différentes couleurs

Ce qui marque en premier lieu lorsque l’on pénètre dans l’édifice, sont la sobriété et la simplicité de l’édifice. Le volume très proportionné et orienté amène le regard vers l’abside, à travers l’iconoclaste décoré. Les reflets et la brillances des mosaïques d’or quant à elles, subliment la lumière. Les baies situées au sud ont la capacité d’apporter des rayons de lumière crue sur les murs de brique.

Santa Maria Gloriosa Dei Frari, Scipione Bon, 1340-1443

SANTA MARIA GLORIOSA DEI FRARISituée dans le sestiere de San Polo, Santa Maria Gloriosa Dei Frari est une des plus grandes églises vénitienne. Avec San Giovanni e Paolo, elle est significative du gothique religieux qui s’est mis en place à Venise. Dans la cité, l’apparition du style gothique (un gothique flamboyant) s’est d’abord opérée sur les façades des plus prestigieux palais de marchands dès le XIVe, comme le Ca’ Pesaro, ou le plus célèbre Ca’ d’Oro. La finesse du travail des ogives, arcades et rosaces, a donné l’expression de « dentelle de pierre ». Dans l’architecture religieuse, l’expression du gothique est bien loin des constructions visibles en France à la même époque. Celui-ci est davantage apparue sous la forme d’ornements, de motifs nouveaux, de formes affinées, appliqués au plan basilical qui reste en place. Santa Maria Gloriosa Dei Frari représente typiquement la mise en place du gothique dans l’architecture religieuse. Deux églises ont précédé la construction de l’église actuelle (1340-1443), mais par manque de place elles ont été remplacées successivement pour l’accueil des fidèles.

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Sur la façade principale de l’église, on retrouve la récurrence basilicale avec la lecture claire de la nef principale et des bas-côtés. Cependant, la façade de brique se voit ornementée de nouveaux motifs gothiques. Le caractère tripartite de l’ensemble est marqué par d’imposants pilastres, dont les deux centraux sont surmontés de pinacles décorés. Le portail de taille modeste présente lui un arc ogival et plusieurs voussures sculptées ainsi que trois statues. Les bas côtés sont éclairés par deux occuli cerclés d’une pierre blanche d’Istri, tandis qu’une grande rosace et un plus petit occulus surplombent la nef principale. L’ensemble est couronné d’une corniche portée par des bandes lombardes, que l’on retrouve régulièrement dans les constructions civiles ornementées.

I FRARI INTSanta Maria Gloriosa Dei Frari est construite selon un plan en croix latine, attribué à Scipione Bon. La particularité qui rompt avec un plan « traditionnel » de ce type vient de l’unique orientation de l’abside principale et des six autres absidioles. L’ensemble, vu de l’extérieur crée un effet particulier depuis l’entrée de la Scuola Grande de San Marco. L’immense volume intérieur se développe sur 90m de long sur près de 30m de large. La nef centrale et les collatéraux sont voûtés en croisées d’ogives très dilatées. Les arches limitant la nef, contrairement au gothique plus nordique, sont très évasées. De cette manière seules douze imposantes colonnes cylindriques (six de part et d’autre) portent l’entière longueur de l’édifice. Tiré de la tradition vénitienne, le système est stabilisé par des éléments de bois richement décorés, formant des tirants, et qui accentuent le rythme donné par les travées.

L’immensité du volume et les grandes portées déployées dans l’église Santa Maria Gloriosa Dei Frari impressionne, dès le franchissement du portail. L’époque de construction et le style du bâtiment est assez difficile à évaluer au premier coup d’oeil, au vu des grandes disparités vis-à-vis du gothique français, allemand ou anglais. Les collatéraux sont des merveilleux exemples de l’accumulation des époques et des tendances architecturales au sein de l’église et de Venise. En effet, à partir du XVIe siècle, de nombreux doges et autres personnalités de la ville ont été inhumés dans l’église. On y retrouve donc des monuments funéraire le long des murs latéraux, comme plaqués sur la briques. Ces chapelles, de styles et ornements très différents viennent rompre avec l’originelle sobriété de l’architecture des frères mineurs, les « Frari ».

Santa Maria Dei Miracoli, Pietro Lombardo, 1481-1489

SANTA MARIA DEI MIRACOLILa petite église Santa Maria dei Miracoli prend place dans un tissu urbain très dense, dans le sestiere de Cannaregio, et représente un joyau du début de l’architecture Renaissance italienne. L’édifice est attribué à Pietro Lombardo, architecte, qui, aidé de ses fils aurait érigé ce petit temple en l’honneur d’une peinture miraculeuse de la vierge apparue, puis vénérée, sur le mur d’une maison voisine. À l’heure où les constructions de Venise font encore l’éloge du gothique flamboyant, l’architecte propose une toute nouvelle écriture Renaissance très raffinée, reprenant superposition des ordres, arc plein cintre, coupole, voûte en berceau, etc. La construction de l’église s’étale entre 1481 et 1489.

SANTA MARIA DEI MIRACOLI EXTLe bâtiment de plan rectangulaire est construit devant un étroit parvis : le Campo Dei Miracoli, et le long du rio Cannaregio. La façade principale, à l’image de l’église dans son ensemble présente une composition et une géométrie simple mais aux matériaux et ornements très raffinés. Elle est composée de trois niveaux et cinq travées dont une centrale plus large. Au niveau le plus bas des pilastres corinthiens soutiennent un architrave. Au dessus, cinq arc posés sur des pilastres ioniques, adoptant deux baies cintrées également, rythment la façade. Le dernier niveau est composé d’un imposant fronton en arc de cercle, percé d’une grande rosace et de trois occuli. La totalité de la façade a la particularité d’être recouverte de marbres polychromes (vert serpentine, jaune, blanc, rouge porphyre). L’extérieur de Santa Maria Dei Miracoli présente une autre caractéristique peu commune : ses quatre façades sont décorées avec presque le même soin.

SANTA MARIA DEI MIRACOLI INTLe volume intérieur de l’église est donné par sa façade : il se compose d’une unique nef voûtée en berceau par un plafond de bois à caissons. L’autel est très surélevé et mis en avant par un escalier imposant. Le chœur est surmonté d’une petite coupole à lanterneau. À l’image de l’extérieur, la nef s’appuie et démontre une grande rigueur géométrique. Les travées fines sont reprises par un motif d’étroits arcs en plein cintres qui présentent des baies de même forme. De plus, les fins tirants visibles de la charpente viennent renforcer ce rythme. De la même manière, l’intérieur des murs est revêtu par les même panneaux de marbres polychromes.

Santa Maria Dei Miracoli étonne et émeut par la finesse de son dessin et de ses ornements, alliée à sa simplicité de composition. L’extérieur très raffiné, restauré en 1997, en font un écrin Renaissance, qu’on se surprend à découvrir après avoir parcouru un petit dédale sinueux de rues. Ce caractère presque caché de l’église contraste avec une mise en scène urbaine qui est souvent travaillée. Quant à l’intérieur c’est encore cette délicatesse alliée à la lecture simple du volume qui provoque une certaine émotion. La qualité de Santa Maria Dei Miracoli, et qu’il la rend d’autant plus facile de lecture, réside dans le fait qu’elle a su conserver son dessin et son ornement d’origine.

San Giorgio Maggiore, Andrea Palladio, 1566

SANTA MARIA MAGGIOREAprès avoir travaillé près de Vicence, Palladio s’établit à Venise en 1561. Il construit assez peu, mais ses écrits ont au moins eu autant d’importance que ses bâtiments. Dès 1559, il travaille sur le couvent San Giorgio Maggiore à Venise, situé sur la petite île éponyme. Le premier monastère est implanté en 968 par les Bénédictins, et aux XV et XVIe siècles, sa composition s’agrandit, faisant notamment intervenir Baldassare Longhena et Simone Sorella. C’est ainsi qu’en 1566, Palladio intervient sur une église déjà mise en place qu’il modifie entièrement. D’un point de vue urbanistique, il retourne par exemple la façade pour faire face au quartier Saint Marc. Une dizaine d’année après, il construit l’église Del Redentore sur l’île voisine, présentant les mêmes principes de composition, plus poussés mais avec une taille plus réduite. Les deux édifices sont deux témoins d’une architecture Renaissance tendant vers le maniérisme.

SAN GIORGIO MAGGIORE EXTLa façade principale, mise en scène au nord et bordée d’un quai, présente une composition très travaillée, où se superposent plusieurs « épaisseurs » créant un effet de volumétrie accentuée, principe propre au travail de Palladio. L’ensemble est régi par deux immenses frontons triangulaires imbriqués, recréant la forme des basiliques paléo-chrétiennes. Le fronton central correspondant à la nef de l’édifice est porté par quatre monumentales colonnes engagées d’ordre composite romain. L’ensemble est bâti selon une extrême rigueur et l’entière blancheur contraste avec la brique de construction visible en second plan.

SAN GIORGIO MAGGIORE INTLe volume intérieur San Giorgio Maggiore est composé d’une grande nef centrale à trois travées flanquée de deux collatéraux presque aussi imposants. Le transept est monumental et terminé par des exèdres. Il croise la nef sous une grande coupole sur pendentifs. Derrière l’autel, le chœur a la particularité d’être très profond et d’adopter une grande abside semi-circulaire. Le long de toutes les parois et sur les imposants piliers file un architrave à ressauts très marqué qui dessine une ligne constante horizontale. Seul l’ordre corinthien est utilisé, sur les colonne engagées ou sur les pilastres. Le volume intérieur est très lumineux grâce à l’extrême blancheur des éléments verticaux, un sol de pavement brillant, et les nombreuses baies, notamment les fenêtres thermales utilisées sur les bas-côtés, dans la nef, et dans le transept.

Tout comme Santa Maria Dei Miracoli, l’église n’a pas été dénaturée, conservant sa clarté et son dessin très réglé. Le volume intérieur vaste, dégagé, non sans une certaine puissance du bâtiment, impressionne. Malgré la théâtralité assez froide mise en place, les quelques courbes maniéristes que l’on découvre par exemple dans le chœur apportent une certaine délicatesse et rompt la rigidité classique.

Santa Maria Della Salute, Baldassare Longhena, 1631-1687

SANTA MARIA DELLA SALUTEL’église Santa Maria Della Salute prend place au sud du Grand Canal, à la pointe de la Doghena. Figure célèbre à Venise, elle marque la fin du maniérisme et les débuts du baroque vénitien. Sa construction fait suite à l’apparition d’une grande épidémie de peste, décimant un tiers de la population en deux ans. L’architecture inédite, expressive et monumentale de Longhena pour Santa Maria Della Salute en fait une figure du paysage urbain de l’île. Le bâtiment fait aussi témoin de la complexité des moyens mis en œuvre pour construire sur le remblai meuble de la lagune : plus d’un million de pieux bois auraient été utilisés pour constituer un plancher de fondations stable.

DELLA SALUTE EXTL’édifice est construit sur un plan centré octogonal auquel s’ajoute une partie plus petite constituant un chœur et un transept. Le portique d’entrée est orienté au nord sur un parvis donnant directement sur l’extrémité du Grand Canal. L’ensemble est disposé au sommet d’un escalier monumental de 16 marches. Le portique tripartite est composé d’un ordre colossal et est surmonté d’un fronton triangulaire. Une immense ouverture en plein cintre, très verticale s’élève en son milieu. L’extérieur de l’édifice est aussi marqué par les extrémités des chapelles périphériques présentant frontons et fenêtres thermales empruntées au maniérisme de Palladio. La partie centrale est surmontée d’une immense coupole sur tambour donnant une silhouette imposante à l’église. Silhouette d’autant plus accentuée par les seize spectaculaires volutes ou orechionni en italien (« les grandes oreilles ») qui font le lien entre le tambour et la partie inférieure de l’édifice. L’ensemble est surmonté par de grandes statues.

DELLA SALUTE INTÀ l’intérieur de Santa Maria Della Salute, la lumière apportée par les nombreuses baies de la coupole est impressionnante, et sublime l’immense hauteur déployée. Le déambulatoire donnant accès aux six chapelles périphériques est séparé du centre par d’imposants piliers. Le petit transept qui se dégage au sud adopte des extrémités en exèdre et le chœur une forme rectangulaire.

La prolifération du décor baroque offre un caractère particulier à l’église. L’intérieur cependant, bien que très richement décoré, a su garder une certaine sobriété. En effet, l’ornement et la modénature de la partie centrale en particulier reste presque « sage ». De plus la bichromie d’une pierre très blanche constituante des parties en second plan, et d’une autre plus sombre utilisée pour les éléments d’ornement (architrave, pilastre, encadrements, balustrade…) accentue le relief et la structuration du décor.

Santa Maria Assunta / Chiesa Dei Gesuiti, Domenico Rossi, 1715-1728

SANTA MARIA ASSUNTA GESUITILa construction de l’église Santa Maria Assunta est la conséquence du retour des jésuites à Venise, au milieu du XVIIe siècle. Un ancien couvent de l’ordre des Crociferi au nord de Venise, dans le sestiere de Cannaregio, est racheté par les religieux . L’église, trop petite est alors détruite et reconstruite entre 1715 et 1728 selon les principes de l’ordre jésuite. Santa Maria Assunta, plus communément appelée la Chiesa Dei Gesuiti présente donc un style baroque tardif peu présent à Venise, mais importé directement de Rome. Rome où l’on trouve les deux églises primitives de l’ordre : l’église du Gesu (1568-1584) et Sant’ Ignacio (1626-1660 ; en l’honneur de Saint Ignace, créateur de la confrérie).

SANTA MARIA ASSUNTA GESUITI EXTL’église Dei Gesuiti s’implante dans un tissu urbain déjà dense au XVIIIe siècle, sa façade a donc la particularité de se présenter non pas sur un parvis mais le long d’une rue, tout comme les bâtiments adjacents. Latéralement, l’église présente une grande avancée sur la rue, due à la profondeur développée par la façade baroque, qui contraste avec la linéarité des mitoyens. La façade est constituée de deux niveaux, le premier rythmé par six colonnes, le second par quatre groupes de pilastres, le tout est surmonté d’un fronton triangulaire. Les deux niveaux sont séparés par une spectaculaire architrave à ressauts. De nombreuses statues et sculptures enrichissent le décor.

SANTA MARIA ASSUNTA GESUITI INTSanta Maria Assunta adopte le plan jésuite classique : le vaisseau principal est composé d’une unique nef centrale flanquée de six chapelles latérales. Le chœur est plat, le transept est large et ses extrémités accueillent deux spectaculaires monuments funéraires. L’ensemble du volume est couvert par des coupoles sur pendentifs richement décorées. À la croisée du transept et de la nef, la coupole n’est pas surélevée ni munie d’un lanterneau, ce qui doit rendre l’église assez sombre (la visite a été faite vers 17h : la nuit est déjà presque tombée en décembre). D’une manière générale, et comme les églises de la contre-réforme, le décor est abondant : stucs, marbres de couleurs, peintures, dorures, pierres semi-précieuses, sculptures… L’impressionnant autel, par exemple, dessiné par Fra Giuseppe Pozzo, présente dix colonnes torsadées de marbre vert, surmontées d’une coupole ajourée.

Après avoir visité les églises jésuites romaine, Santa Maria Assunta apparaît comme une copie parachutée à Venise. Le langage puissant de la façade, ajoutée à sa position surprenante sur rue, interpelle. Quant à l’intérieur, la prolifération et la richesse du décor impressionne tout en étouffant le regard. On est ici loin de l’écriture baroque sobre de Longhena, que l’on retrouve dans le reste de la ville.

Ludovic Bauchet  (26-31/12/2014)

Sources

ROMANELLI Giandomenico et al., Venise au fil des pierres, éd. Liana Levi, 1996

SALVADORI Antonio, Venise : guide de l’architecture, Paris : Canal, 1996

MASSIERO Franco, Venise vue du ciel, Paris : Gallimard, 1988

RUSKIN John, Les Pierres de Venise : avec l’index vénitien, Paris : Hermann, 1983