À l’autre bout du monde, il y a une université cachée dans les montagnes, sous une mer de fleur. C’est le lieu où j’ai vécu pendant cinq ans :  l’Université de Wuhan. Au moment où j’entre dans cette université, je me sens être renvoyée dans le temps passé et arriver cent ans avant, à la période de la République de Chine. Ici, on assistait à la misère de la guerre, aux sentiments humanistes de grands poètes, au développement de notre pays, avec tous les arbres et les architectures.

Wuhan – Le berceau de la Chine moderne

S’il y a une ville qui précède le cours du développement historique de la Chine, ce doit être Wuhan. Pendant des milliers d’années, Wuhan a toujours été un champ de bataille très disputé. En 1911, la révolution de Xinhai a éclaté à Wuhan, qui renverse la règle de la dynastie Qing, et met fin à la monarchie de deux mille ans de la dynastie Qin. La notion de démocratie a balayé l’ancienne Chine comme un feu dans la prairie. En 1893, le gouverneur de Huguang – ZHANG Zhidong croyait que s’il y a un moyen pour sauver notre nation de la colonisation européenne, c’était l’éducation. Donc il a sollicité l’empereur de la dynastie Qing pour ouvrir une école à Wuhan. L’université de Wuhan est donc née dans ce contexte. À la veille de la Révolution de 1911, l’école a été forcée de suspendre ses enseignements en raison de fonds d’éducation réduits. Depuis lors, la situation dans le Hubei était mouvementée : en octobre de la même année, le soulèvement de Wuchang a éclaté et la dynastie Qing est rapidement morte. L’école ne pouvait pas fonctionner immédiatement. En 1928, l’école a été repris et a changé son attribut de l’école à l’université. Maintenant, l’université de Wuhan devient une des universités les plus concurrentielles en Chine et aussi est considérée comme l’université la plus jolie en Chine.

Un lieu trésor de Fengshui

L’Université de Wuhan se situe au centre de la ville et au sud du lac DonghuI qui est le lac le plus au cœur d’une ville en Chine. Deux collines LUOJIA et SHIZI (Lion) sont dans le territoire d’université. La localisation de l’université de Wuhan a été décidé par le fondateur de la géo-mécanique chinoise « LI Siguang ». En ancienne Chine, les gens pensaient que le développement du lieu correspond à son Fengshui. La localisation d’un bâtiment doit être accompagné d’un élément en mouvement, par exemples, un fleuve ou de l’eau ; et un élément stable, par exemples, une montagne ou des collines. La raison pourquoi cette université est unique, c’est parce qu’il n’y a pas autre l’école en chine qui peut se situer dans l’endroit ainsi merveilleux.

Université de Wuhan au début du XXe siècle . Source : http://www.whu.edu.cn/whsh/zqjzq.htm

Une échelle incroyable

L’échelle de notre université est incroyable. La surface est 262 hectare, qui est beaucoup plus grande que l’île de Nantes. Comme l’université est si grande, parfois c’est difficile de traverser tout le campus à pied. Alors, on a quatre lignes de bus particulièrement pour les étudiants et les enseignants dans le campus. De plus, dans le campus, outre des districts d’études et les dortoirs d’étudiants, il y a également des districts de logements pour les familles d’enseignants et les services publics, comme l’hôpital, des marchés, des banques, etc. Pour les étudiants en architecture, l’université elle-même est déjà une richesse puisque on souvent fait les projets sur le territoire dans le campus (par rapport à l’histoire, les différents types de topologie du terrain et des usagers,etc).

Les patrimoines pendant et après la deuxième guerre mondiale

Aujourd’hui, les étudiants peuvent profiter encore des anciens bâtiments de l’université de Wuhan, puisque le campus a été occupé par le militaire japonais évitant ainsi d’être explosé pendant la guerre, d’autre part, c’est grâce à un architecte – LIANG Sicheng qui enseignait à l’université de Wuhan, a contribué toute sa vie à négocier avec les gouvernements pour conserver le patrimoine. À part l’université de Wuhan, beaucoup de villes antiques en Chine inclus Pékin ont pu sauvegarder leurs anciens bâtiments pendant et après la guerre grâce à lui, même au Japon (il a proposé à l’autorité américaine de ne pas détruire Nara et Kyoto, les patrimoines de ces deux villes antiques ont été donc sauvegardés à la fin de la deuxième guerre mondiale).

L’Ancien dortoir d‘étudiant

Le dortoir d’étudiant construit sur la colline SHIZI en 1931 qui abrite encore de nombreux étudiants est aujourd’hui une partie très remarquable dans l’ancien groupe d’architecture de l’université de Wuhan. Il consiste en quatre unités de dortoir qui sont reliés par trois arcs romans. La couleur principale de mur est gris avec des toitures bleu en tuiles vernissées. Chaque unité de dortoir présente deux grandes cours au milieu qui séparent le bâtiment en trois rangs de barre. La chose la plus intéressante de ce dortoir est qu’il suit très strictement la topologie(on peut le constater sur le schéma de coupe ci-dessous). Les rangées sont divisées en un à quatre étages selon la hauteur de la colline, chaque étage porte le nom des « Mille Personnages » et forme les cieux (le ciel, la terre, la silence, l’univers, le fleuve, le désert, le soleil, la lune, l’étoile, l’ordre). Dans la conception de l’architecture traditionnelle chinoise ce qu’on ne peut sûrement pas négliger est la sémiologie, c’est à dire, toutes les conceptions du projet doivent avoir certain sens. Par exemple, la localisation, l’orientation, la forme, la couleur de façade, et même les noms de chaque salle. Pour le cas de ce dortoir, ses noms présentent notre philosophie traditionnelle de Taoïsme dont on cherche l’harmonie dans la nature. Pendant la deuxième guerre mondiale, ce lieu était occupé par les militaires japonaises pour installer l’unité de commandement et la prévention des blessures. Les arbres de Sakura au pied du dortoir ont été cultivées pendant cette période pour soulager la nostalgie des soldats japonais. La guerre nous laissait une grande souffrance. Mais les jolies fleurs sont sauvegardées après la guerre. Maintenant, le boulevard de Sakura et l’ancien dortoir deviennent un site touristique très populaire en Chine fin de mars et début avril chaque année.

L’ancien dortoir d’étudiants (Droits réservés)

Axonométrie du dortoir d’étudiants / Coupe du dortoir d’étudiants (Dessins de l’auteur)

La Bibliothèque

Montant les gradins du dortoir d’étudiants, on arrive à la bibliothèque la plus ancienne dans l’université. À l’université, il existe une superstition parmi les étudiants « Si on voudrait réussir un examen très important, il faut le réviser au moins une fois dans cette bibliothèque où les grands chercheurs travaillaient dans le temps passé. » Cette bibliothèque un symbole de l’esprit de notre université. Le bâtiment a été construit selon la tradition chinoise. Comme les cathédrales en Europe, la tour et ses ogives suivent certaines modèles. La tour qui mesure de dix-nuit mètres de large (la partie la plus haute du bâtiment) a une forme octogonale comme une couronne. Sur le faîtage, il y a des statues en forme des animaux mystiques. Si on les compare avec les éléments avec les cathédrales, ce sont des gargouilles. Ces statues servent à éviter et transmettre les foudres. Au sommet de la tour, il y a une décoration verticale en forme de pagode qui sert aussi à la ventilation naturelle.

La bibliothèque (Droits réservés)

Le Stade de SONGQING

Au pied de la colline de LUOJIA se situe le stade de SONGQING (le nom du président de la république de Chine dans les premières années). Le stade mesure trente-cinq mètres de long et vingt et une mètres de large, c’était le plus grand stade contemporain. Le style et la couleur de la structure restent cohérents avec les autres architectures originales d’université de Wuhan. À l’intérieur, les terrains sportifs sont entourés par un couloir avec les colonnes en béton armée. Afin d’avoir une grande envergure dans le stade, des techniques occidentales ont été utilisées pour le soutien de la toiture – le structure en acier à trois articulations. Si on le regarde depuis l’extérieur, on peut constater trois parties de toitures superposées en formant un pignon baroque avec un triple pic. Il montre non seulement la structure moderne et de grande envergure de la technologie du bâtiment, mais maintient et exerce également les caractéristiques de l’architecture traditionnelle chinoise.

Le stade de SONGQING (Droits réservés)

Le Bâtiment administratif

Le bâtiment administratif est aussi un des anciens édifices de l’université de Wuhan qui avait été transforme en l’hôpital militaire japonais pendant la guerre. Le bâtiment a été construit sur un terrain concave entre deux volcans éteints. L’architecte a profité la topologie des roches et construit un sous-sol creusé caché derrière les gradins dans les roches. Devant, il y a un grand terrain où tous les étudiants participent aux cérémonies de diplôme. La terrasse des gradins sert donc comme un comptoir de cérémonie. Comme on peut constater sur la photo, les façades du bâtiment sont briques. C’est parce que les murs des remparts traditionnel chinois sont en briques, et le bâtiment administratif a hérité de cette tradition. Au milieu du bâtiment, une voûte en verre est suspendue grâce à laquelle la cour intérieure est suffisamment lumineuse pendant la journée sans éclairage électrique. Dans cette cour, on sent les différentes ambiances selon le changement du soleil et de la saison. Le bâtiment administratif d’université de Wuhan est un des bâtiments les plus anciens qui possède un dôme en verre en Chine. En ce moment-là, il est sûrement un bâtiment très avant-garde en Chine.

Le bâtiment administratif (Droits réservés)

Réflexion sur la protection du patrimoine en Chine

La notion de la protection du patrimoine chez nous est dans les deux extrêmes : soit ça devient des lieux très touristiques, qui causent des dommages secondaires sur les patrimoines et de plus, ces architectures gardent rarement l’ancienne utilisation mais plutôt une valeur touristique et commerciale. À mon avis, cette transformation faire perdre dans certaine sens de la signification historique. Parce que quand le patrimoine perd sa fonction, il devient un contenant sans esprit mais pas une architecture. Soit ils sont considérés comme un obstacle pour le développement de la fabrication de la ville, surtout pour ceux qui se situent au centre-ville. Par exemple, au début du XXIe siècle, les nombreux habitats traditionnels Pékinois au centre-ville – les HUTONG ont été démolis pour laisser plus d’espace pour construire des grands-ensembles de haut niveau, des commerces, des bureaux,etc. À mon avis c’est vraiment dommage parce que le HUTONG est comme une fresque de Pékin qui montre la vie quotidienne et les coutumes locales. Le vrai patrimoine pour moi n’est pas que du bâtiment mais aussi le mode de vie traditionnel, et les qualités supplémentaires du bâtiment.

Il existe des contraintes pour sauvegarder les patrimoines en Chine. D’un part, les édifices traditionnels sont construits en bois qui se décomposent au fur et à mesure du temps. D’autre part, la loi établie pour les patrimoines n’est pas encore assez développée par rapport celles en Europe. Mais l’université de Wuhan est un très bon exemple sur la protection du patrimoine en Chine. Dès qu’aujourd’hui les étudiants étudient dans la même salle de classe, jouent sur le même terrain de sport que cent ans d’avant. Avec ces anciens bâtiments, un esprit d’étude est aussi sauvegardé. Ils nous rappellent pourquoi on travaille assez fort ici. C’est comme cent ans avant, pour la nouvelle génération en Chine devenir plus en plus autonome et solidaire comme la devise de notre université.

L’université de Wuhan constitue une richesse pour toute ma vie. Pour moi, rien n’est comparable à mon université qui m’a rendu fière. Si vous avez la chance de voyager en Chine à Wuhan, vous ne pouvez pas la manquer!

 

An Shi

Études de 2010 à 2015

Bibliographie

吴贻谷 (Yigu WU), 武汉大学校史 1893-1993 (L’histoire de l’université de Wuhan: 1893 – 1993), 武汉大学出版社 (Wuhan University Press), 10-1993, p503

涂上飚 (Shangbiao TU), A Brief History of Wuhan University, 社会科学文献出版社 (Presse de documentation en sciences sociales), 8-2016, p171

James R. Pusey , Wu Han: Attacking the Present through the Past, Harvard University Asia Center, 1-1-1969, p94

http://www.guandian.cn/article/20090316/80398.html

http://news.whu.edu.cn/info/1002/41342.html